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Ноябрь
2024

Aux Etats-Unis, des candidats trans entrent dans une arène politique explosive

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Aux Etats-Unis, les droits des personnes transgenres sont un sujet brûlant dans la campagne pour les élections présidentielle et législatives du 5 novembre, dernier volet en date des guerres culturelles qui secouent le pays.

Mel Manuel est une personne transgenre non-binaire, c'est-à-dire qui ne s'identifie ni comme homme ni comme femme, et qui utilise en anglais les pronoms neutres "they/them".

Responsable d'une association d'aide à l'accès à l'avortement en Louisiane, dans le sud des Etats-Unis, Mel Manuel a choisi à 40 ans de se lancer dans l'arène politique, malgré son aversion initiale à dévoiler sa vie privée.

Le candidat démocrate est allé jusqu'à publier récemment une vidéo de campagne sur Instagram dans laquelle on le voit s'injecter de la testostérone.

"Je voulais montrer quelque chose de brut et personnel", explique Mel Manuel, dont l'un des buts de campagne affiché est de "normaliser le fait d'être +queer+ et trans".

Confronté à Steve Scalise - un ténor républicain du Congrès, Mel Manuel sait que ses chances de victoires sont "super minces", mais sa candidature a été motivée en partie par les "plus de 1.000 propositions de loi anti-LGBT+" soumises à travers le pays ces quatre dernières années.
"Accusations farfelues"
La présence même des personnes transgenres dans la sphère publique, leur participation à des compétitions sportives, et l'accès aux soins de transition avant la majorité provoquent des débats houleux au sein de la société américaine.

Quand les démocrates appellent à des protections sans équivoque des personnes transgenres, les républicains dénoncent eux un diktat de la bienpensance.

Et le débat s'est invité jusque dans le duel pour la Maison Blanche, Donald Trump accusant sa rivale Kamala Harris de prendre le parti des personnes transgenres au détriment de l'Américain moyen.

L'ex-président répète à l'envi que les élèves américains subissent des opérations de changement de sexe à l'école, une affirmation sans fondement.

"Ils peuvent lancer n'importe quelle accusation farfelue et les gens vont les croire", se désole Mel Manuel, estimant que de telles affirmations mensongères "blessent notre communauté".

Au cours de sa campagne, Mel Manuel a ainsi été confronté à de nombreux messages de haine sur les réseaux sociaux, et principalement sur X (ex-Twitter).

Illustration du poids du sujet, le camp républicain a déjà dépensé plus de 82 millions de dollars pour diffuser des publicités "antitrans" ces derniers mois, selon le média Axios.

"Ces publicités sont une ultime tentative d'agiter la base conservatrice avec une rhétorique de division", estime Sean Meloy, vice-président des programmes politiques au LGBTQ+ Victory Fund, une organisation de soutien aux candidats s'identifiant notamment comme gay, lesbienne ou transgenre.
"Antidote à la haine"
Selon lui, ces spots sont cependant loin d'avoir prouvé leur efficacité: "Les données montrent que cette attaque sur les droits LGBT+ et les jeunes trans repousse les électeurs, elle ne les attire pas".

Et "les personnes LGBT+ qui se présentent à une élection à travers le pays sont l'antidote à cette rhétorique de haine", estime Sean Meloy.

Le LGBTQ+ Victory Fund a recensé plus de 62 candidats transgenres à travers le pays cette année, soit près du double des 34 candidats de 2020.

Parmi eux, Sarah McBride, candidate dans le Delaware et quasiment assurée de devenir la première personne transgenre à être élue au Congrès américain.

Si elle dit avoir conscience de son image de pionnière, la candidate a récemment affirmé à la chaîne CBS que ses priorités au Congrès seraient principalement les sujets du coût de la garde d'enfants, du logement, de la santé ou encore du droit à l'avortement.

Un sentiment dont se fait l'écho Mel Manuel, qui dit notamment avoir inclus les droits des travailleurs parmi ses sujets de campagne les plus importants.

"J'aime à imaginer qu'un jour, j'espère, le fait que je sois trans sera aussi notable que le fait que je suis gaucher", lance Mel Manuel. "Mais pour le moment, on n'y est pas."