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Cet artiste de Haute-Loire vient d'être distingué par l'académie Arts-Sciences-Lettres

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Sa modestie n’a d’égal que son talent. L’artiste peintre espaviot Alain Richard n’en revient toujours pas d’avoir été distingué par la société parisienne Arts-Sciences-Lettres. Là où généralement on entre dans cette vénérable académie par la petite porte, gravissant les marches une à une, obtenant progressivement le bronze, l’argent, l’étain et le vermeil, lui s’est vu directement décerner une médaille d’or et le diplôme correspondant.

Plus à l’aise sur le foirail aux chevaux de Fay-sur-Lignon

La société fondée en 1915 a pour vocation de reconnaître et promouvoir les femmes et les hommes qui, par leur talent et leur travail, participent au rayonnement de la culture dans les domaines artistiques littéraires et scientifiques. Par le passé furent reconnues des personnalités comme le professeur Paul Langevin, Paul Claudel, Jules Romains, Frédéric et Irène Joliot-Curie ou la grande Colette. Plusieurs peintres de renom, compositeurs, écrivains font encore partie de la promotion 2024. Les prix ont été récemment octroyés au cours d’une cérémonie prestigieuse dans le salon Opéra de l’hôtel Intercontinental à Paris. L’association dispose d’un réseau important de délégués tant en France qu’à l’étranger.Les œuvres d’Alain Richard sont inspirées de ses rencontres.

Les rencontres font bien les choses. Un des représentants de l’association, croisé au salon artistique du Puy-en-Velay, où Alain Richard avait décroché le prix de l’aquarelle, l’invitait à participer au salon d’automne Arts Ripageriens de Rive-de-Gier, il y a de cela un an. Salon où Alain Richard décrochait une médaille d’or pour son travail sur les voyages himalayens. Son thuriféraire s’efforçait alors de le persuader, et ce ne fût pas sans doute démarche facile, d’adresser un dossier de candidature à l’académie. D’ailleurs, les semaines passant, les représentants de l’institution ont été contraints de relancer l’artiste si discret, bien plus à l’aise à parcourir, appareil photo en bandoulière, la foire de la Saint-Michel au Puy ou le foirail aux chevaux de Fay-sur-Lignon en quête d’instants à saisir ou de « gueules » à croquer.

Curieux de tout

Alain Richard, ancien gendarme au Puy et à Yssingeaux, est un artiste autodidacte complet, curieux de tout. Il aime la photo, en plus de l’aquarelle, l’acrylique, l’huile, la littérature, la poésie japonaise et la philosophie. Il est vice-président de Présence philosophique au Puy avec laquelle il anime des conférences. Alain Richard est membre du conseil d’administration des Amis du musée Crozatier. Il est « cette goutte d’eau traversée des formes et des couleurs du monde », comme on a dit de lui parfois.Une femme rencontrée par l’artiste au Népal.

De ses voyages à la rencontre des populations, à bivouaquer aux quatre coins du monde en Mongolie, Népal, Tibet, Ladakh ou Zanskar, à préférer au confort d’un hôtel, le modeste gîte proposé par l’autochtone, il a ramené quantité de souvenirs. Et des dessins à foison. De ces ébauches, ces traits ténus jetés sur le papier naissent les contours d’un visage. Puis vient la peau parcheminée du personnage, ses mains noueuses. Et pour finir, un regard qu’on n’oubliera pas de sitôt.

Ces regards, d’hommes et de femmes, tantôt sévères, interrogateurs, inquiets ou rieurs, ne pouvaient laisser indifférents les membres de la commission d’attribution des prix. Une fois décrochés des cimaises des expositions, comme localement à Brives-Charensac où on les avait découverts dernièrement, les tableaux replongent dans l’anonymat, l’ombre d’une cave ou d’un garage car Alain Richard admet ne pas parvenir à s’en séparer. « Ces œuvres sont faites avec les tripes avant de parler d’une technique. J’ai peur que la séparation soit douloureuse. Il faudrait y songer mais je ne sais pas comment », confie l’ancien militaire athlétique aux yeux couleur de source et à la barbe blanche.

Pierre Guillemin, l’étincelle

Quelle belle reconnaissance pour celui qui est venu tardivement à la peinture. Alain Richard explique : « Si j’en suis arrivé là, c’est à Pierre Guillemin que je le dois. Il exposait tous les ans à la Cadrerie boulevard de la République. Il m’a encouragé, au fil des ans, nous sommes devenus amis, jusqu’au jour où il m’a dit : “Alain, ce que tu fais, je ne sais pas le faire” ». L’aquarelliste voulait bien sûr parler du portrait. L’artiste vit ses passions. Intensément. En nomade des arts, il passe de l’une à l’autre. Les frontières sont définitivement abolies, comme au temps des voyages lointains et des années d’amitié avec les gens du voyage sur le bassin ponot. Dans son appartement de l’Ermitage, les tableaux garnissent les murs, les livres de philo et les essais en tous genres s’amoncellent sur les tables, faute de trouver encore place sur les étagères et dans les bibliothèques. Alain Richard s’en amuse : « Je n’habite pas chez moi, je vis chez mes livres ».Alain Richard est un artiste autodidacte.

Philippe Suc