En Limousin, les personnes âgées et isolées n'osent pas exprimer leur détresse
Les personnes âgées seules et précaires ont parfois du mal à reconnaître leur isolement. Joël, accompagné depuis 2013 par Anne-Laure Mourier, son assistante sociale, a accepté il y a seulement deux mois d’être accompagné par l’association les Petits frères des Pauvres de Limoges.
« Nous ne pouvons pas intervenir si la personne ne le souhaite pas. Pendant longtemps, Joël ne voulait voir personne chez lui, jusqu’au jour où il a manifesté de grands signes de détresse », explique Anne-Laure Mourier. Dans le cas de Joël, les visites d’Éric à son domicile une fois tous les quinze jours ont pourtant « changé sa vie ».
Invisibles aux yeux de la sociétéPas suffisamment suivies, certaines personnes âgées en situation de pauvreté restent souvent murées dans le silence et dans leurs difficultés financières.
Plus d’une personne âgée pauvre sur deux ne bénéficie d’aucune aide et s’estime mal informée, mais seulement 31 % d’entre elles souhaitent être accompagnées pour connaître leurs droits.
En Nouvelle-Aquitaine, 64 % des personnes pauvres ne reçoivent pas d’aides contre 58 % en moyenne nationale. Le taux de connaissance sur l’allocation personnalisée d’autonomie est plus faible que la moyenne nationale (-6 points), idem pour l’allocation de solidarité aux personnes âgées (-5 points). En revanche, la Complémentaire santé solidaire est mieux connue (+9 points). En France, une personne âgée pauvre sur dix indique ne pas avoir de complémentaire santé. Cette part double auprès de ceux qui touchent moins de 750 euros par mois.
Les préconisations des Petits frères des Pauvres. Augmenter le pouvoir d’achat face à l’inflation est la priorité de l'association.
Les Petits frères des Pauvres demandent une revalorisation du minimum vieillesse (1.012 euros) au niveau du seuil de pauvreté (1.216 euros) pour une personne seule.
Pour renforcer l’accès aux droits, elle demande de rendre effective la solidarité à la source en élargissant les prestations éligibles. Pour mieux informer les personnes âgées en situation de pauvreté sur leurs aides et droits, l’association souhaite une amélioration de la formation des agents France services et des secrétaires de mairie à l’accueil des seniors, la mise en place d’un numéro vert « Allo mes droits sociaux », un rendez-vous « retraite et accès aux droits » pour les assurés de 55 ans dont les estimations de retraite seraient inférieures au seuil de pauvreté.
L’association demande d’instaurer, d’ici un an, un Pass activités sous conditions de ressources et d’inclure le droit aux vacances dans les politiques d’accompagnement du plan Bien vieillir.
La pauvreté est particulièrement mal vécue par les moins de 65 ans. En Nouvelle-Aquitaine, les premières privations concernent les vacances et les déplacements (+ 11 points par rapport à la moyenne nationale), les cadeaux aux proches (+ 7 points) et les sorties au restaurant (+ 5 points).
Aline Combrouze