ru24.pro
World News
Октябрь
2024

Les livreurs Uber et Deliveroo exclus du centre-ville de Limoges

0

Assis rue Jean-Jaurès, sur l’une des jardinières en briques nouvellement créées par la municipalité de Limoges, Rahimi attend que son application Uber Eats ou Deliveroo retentisse pour partir livrer un client. Mais ce jeune Afghan ne pourra bientôt plus s’installer dans cette rue piétonne en espérant des commandes. Le ballet incessant auquel les habitants de la rue Jean-Jaurès se sont habitués depuis le Covid n’est plus du goût de la municipalité.

Le maire Émile Roger Lombertie vient de prendre un arrêté empêchant les regroupements de ces livreurs Uber et Deliveroo en différents endroits de la ville. L’arrêté municipal, publié le 15 octobre, évoque « les regroupements de personnes […] portant atteinte à la sécurité et à la tranquillité publiques en raison du bruit, des stationnements gênants, de la gêne à l’accessibilité des voies ».

Un “climat d’insécurité” selon l’arrêté

La municipalité affirme avoir été informée par plusieurs riverains et commerçants des « nuisances, du tapage nocturne, de la souillure des zones de stationnement et des trottoirs. »

Selon elle, ces regroupements favorisent des altercations et génèrent un climat d’insécurité.

L’arrêté, qui se veut être une expérimentation, concerne le secteur de l’hypercentre de 11 heures à 15 heures et de 16h30 à 1 heure. Les livreurs coursiers ne sont autorisés qu’à s’arrêter momentanément, le temps de venir chercher les commandes. Un changement de politique qui va certainement ravir les riverains agacés par les nuisances… mais qui étonne certains commerçants du centre-ville, tout comme les principaux concernés.

« Si on est là, c’est pour être au plus proche des restaurants, pour livrer plus rapidement. Cet arrêté va nous empêcher de travailler, je ne comprends pas », avoue Lansana, Guinéen de 32 ans. D’autant que des armes juridiques existent pour sanctionner les nuisances, éviter le bruit et assurer la sécurité des passants. Elles sont même régulièrement utilisées par la police municipale. « J’ai été déjà verbalisé car j’utilisais mon scooter dans cette rue piétonne. Maintenant, je le pousse dans la rue Jean-Jaurès et je le démarre plus loin », assure Lansana. Des agents de la police municipale, croisés la semaine dernière rue Jean-Jaurès, le confirment. « Dès qu’une infraction est commise, on leur met des amendes. »

« Si on ne peut plus venir ici, c’est une sanction lourde », regrette Amadou, autre Guinéen de 45 ans.

« Nous empêcher de travailler, je ne comprends pas. C’est mieux d’être livreur que de rester chez moi à rien faire non? »

Chez Paul, on évoque une bonne cohabitation entre commerçants et livreurs, du moins en journée.

« Les gens qui ne veulent plus de livreurs Uber, ils feraient bien de ne plus commander… »

« On ferme à 19h30, note Corinne Mournetas, de Chez Paul. Que se passe-t-il le soir? On n’en sait rien. Mais pour ce qui concerne l’activité le jour, les livreurs consomment chez nous, viennent prendre un café et prennent des commandes à livrer. Ils ne nous gênent pas, ils sont calmes. C’est vrai que parfois, ils sont nombreux à stationner, mais je ne vois pas où est le souci. Les gens qui ne veulent plus de livreurs Uber, ils feraient bien de ne plus commander… »

Le son de cloche est identique avec un riverain croisé peu avant 11 heures mercredi, rue Jean-Jaurès, et domicilié rue Fitz-James. « Si tout le monde est intolérant, on ne s’en sortira pas », lâche Georges Rebière. « En quoi gênent-ils? Ils sont calmes, ne m’ont jamais embêté. »

Place Denis-Dussoubs, Domingo, gérant du salon de coiffure Galateau, faisait partie des gens qui, jusqu’à présent, râlaient sur la présence de ces coursiers. « Il est arrivé, certains étés, d’avoir des dizaines de livreurs devant notre salon. Il faisait chaud, on avait les portes ouvertes, ils étaient devant le salon, braillaient à longueur de journée. C’était honnêtement un bordel monstre. On ne s’entendait pas dans le salon. »

Mais du jour au lendemain, tout a changé. « Une épicerie s’est installée dans une rue derrière ainsi qu’un salon de thé. Désormais, ils peuvent attendre les commandes tranquillement dans ce salon de thé et jouent aux cartes pour tuer le temps. Tout ceci a apaisé la situation. L’hiver, ils sont au chaud, l’été, ils peuvent attendre à la fraîche, dans un coin plutôt ombragé. Leur présence ne nous embête plus. »

La "problématique" de ces livreurs s’est ainsi déplacée… Reste à savoir si le nouvel arrêté produira les mêmes effets, décalant les regroupements et les nuisances dénoncées par certains riverains en d’autres endroits de la ville.

Ce que dit l'arrêté

A partir du 4 novembre L’arrêté sera effectif à minuit, jusqu’au 1 er avril 2025.

Stop and go...Les livreurs de vente à emporter pourront marquer un arrêt momentané le temps strictement nécessaireàla prise en charge de la commande dans le périmètre défini. 

Le périmètreQu’ils soient motorisés ou non, les livreurs ne pourront donc plus stationner dans le périmètre délimité par les voies suivantes : boulevard Louis-Blanc, place haute-Vienne, rue haute-Vienne, place des Bancs, rue des halles, place de la Motte, rue du clocher, place Saint-Michel, place etienne-Pinchaud, place du Présidial, rue du Portail imbert, rue turgot, square giraudoux, square Jean-MarieMace, rue Fitz-James, place de la république, rue Porte tourny, rue Saint-Pierre, rue du collège et place Wilson.Les horaires Les livreurs ne pourront pas stationner de 11 heures à 15 heures et de 16h30 à 01 heure.

 

 

 

Franck Lagier