Transe Express à Aurillac : amateurs de grands formats de théâtre de rue, vous allez adorer leur nouveau spectacle
La trace que laissera le spectacle dans l’esprit, la traînée de fumée après le show, sera un goût persistant, celui de l’humilité. L’humain reste une toute petite chose dans cet espace qu’il occupe provisoirement. C’est ce qu’explore Transe Express. Ces détails singuliers, logés en chacun, qui révèlent son amour, ses contrastes, ses failles. Et les autres détails. Ceux qui plongent l’humanité dans le chaos, la guerre, la paix intranquille. Il y a là, les luttes traversées, les combats individuels, les choix égoïstes. Il y a là, la beauté des chefs-d’œuvre, les virtuoses et les prouesses. Il y a là, le sel du défi, le vertige d’un avenir incertain, le vent qui gifle.
« Nous aimons le fait que chacun y mette sa propre interprétation, que le spectacle ait autant d’échos différents qu’il aura de spectateurs », assure Éléonore Guillemaud, codirectrice artistique de la compagnie avec Rémi Allaigre.Ce soir, quand les derniers rayons de soleil brûleront les angles de la structure hélicoïdale de Transe Express, la machinerie se mettra en branle. « Ce qui nous a tenu à cœur, c’est de montrer la vicissitude de l’organisation humaine, comment on se débrouille entre nous », poursuit-elle.Cette tour de Babel illustre cette humanité qui a pris trop confiance en elle, dans cette échelle entre ciel et terre. « Au 7e étage, un musicien va jouer, écouter les autres, renforcer son jeu. Ça fait toujours partie de la magie de ces spectacles, le côté grandiose et à la fois, la fragilité de l’humain qu’il est », souligne Rémi Allaigre. Une grande forme pour montrer la petitesse d’une espèce autoproclamée supérieure aux autres.
On joue sur deux tableaux. L’humain touche le ciel à la taille de Dieu et la conséquence cataclysmique, cette diversité de cultures et de langues, aboutit à une société cosmopolite plutôt qu’uniforme. Nous, aussi, nous sommes un tout petit élément dans cet élément commun qu’est la vie.
Et l’ADN, ce point commun à l’ensemble du vivant, en est le support.
Entrelacs de prouesses techniques et acrobatiques
Odyssée verticale se déplie dans une structure de 40 mètres de haut, la plus grande jamais construite par Transe Express.En résidence au Parapluie, la vingtaine d’artistes a travaillé sous des rafales allant jusqu’à 45 km/h, qui l’ont tordue, révélant sa forme hélicoïdale. Éléonore Guillemaud et Rémi Allaigre, directeurs artistiques, y travaillent depuis trois ans.Trois ans passés à réfléchir, à concevoir l’expression artistique répartie sur cette hauteur. « La surface de voilure nous a contraints. Sur les premières maquettes, le sommet était plus large et une personne était dans chaque cercle, détaille Rémi Allaigre. Mais la surface de prise au vent était trop importante, on a revu les mesures. Tout l’enjeu est d’arriver à leur donner de la place au milieu des cordages et des cerceaux. »
Le travail sur la verticalité, sur le vertige en restant au niveau du plancher des vaches, nous tient à cœur. Cette notion de vertige avec laquelle on aime travailler renforce le lien avec le sol.
La structure, suspendue pendant le spectacle, atteindra 50 mètres d’altitude, limitée par la flèche de la grue (de 60 mètres). « Contrairement à nos autres spectacles où l’on déplaçait un objet au cœur des immeubles et des rues, là, la structure investit l’espace. Elle a un côté totémique. Dressée dans une ville, on la voit de loin, comme un édifice », complète-t-elle.Des duos de circassiens et de danseurs verticaux s’équilibreront dans cet ADN aérien. « La notion d’art céleste renvoie à l’invention de structures et de machineries plus ou moins sophistiquées et sculpturales, avec de nouvelles façons de sécuriser l’expression, adaptée à la grande hauteur. »Anna Modolo
Gratuit. Réservation obligatoire sur le site d'Éclat.