La résidence La Praderie, à Tulle, sera-t-elle rénovée ou démolie et reconstruite ?
« De tels problèmes d’étanchéité structurels, c’est la seule résidence de notre parc où nous connaissons ça. » La résidence de La Praderie, sur les hauteurs de Tulle, ressemble à un caillou dans la chaussure de l’office public Corrèze Habitat. Construite en 1980 par feu l’Office HLM de Tulle, elle souffre de son système de toits-terrasses qui prend l’eau depuis des années. « Régulièrement, il y a des infiltrations qui pourrissent tout » selon le directeur Jean-Christophe Attard.
« Ça fait des années qu’on dépense de l’argent public pour faire des réparations dans cette résidence. » Entre 2008 et 2023, 1,25 million d’euros, dont près d’un million pour une réhabilitation totale de la résidence. Sauf qu’« à chaque réparation, il y a d’autres problèmes d’étanchéité qui se posent », constate-t-il. « Parfois, il faut admettre qu’un bâtiment a fait son temps. »
Une étude approfondie lancéeCorrèze Habitat a donc mandaté un cabinet d’architecte pour réaliser une étude approfondie de la résidence. « Fondations, murs porteurs, état des planchers… On a besoin de savoir de façon objective quel est l’état des bâtiments. » Le cabinet devra aussi creuser, en termes techniques, juridiques et financiers, les deux hypothèses possibles pour remettre la résidence au sec.
« Soit on rénove la résidence, en refaisant toute l’étanchéité des toits-terrasses et on fait des travaux de confort, d’isolation, de production d’eau et de chauffage. Et après, on est reparti pour 20 ans. Soit on démolit et on reconstruit. Mais faire du neuf avec du vieux revient souvent plus cher et demande plus de temps, note Jean-Christophe Attard. À l’échelle du site, agréable et offrant une belle vue, on peut envisager de construire des ensembles plus petits, avec des liaisons plus harmonieuses avec les pavillons juste derrière. »
Au final, c’est le propriétaire qui décide, pas les locataires. Il y a des bâtiments qui ne sont pas sauvables. Dans ces cas-là, il faudra démolir et reconstruire.
Sachant, précise-t-il, que « le cabinet peut revenir vers nous avec une solution intermédiaire, avec certaines tranches d’immeubles rénovés, d’autres démolies. On ne s’interdit aucune hypothèse. » Mais, avertit le directeur de Corrèze Habitat, « au final, c’est le propriétaire qui décide, pas les locataires. Il y a des bâtiments qui ne sont pas sauvables. Dans ces cas-là, il faudra démolir et reconstruire. »Une partie ou la totalité des bâtiments pourraient être détruits et reconstruits. Pour « prendre une décision éclairée », Corrèze Habitat attendra les conclusions du cabinet d’architecte, attendue en mars prochain. Dans un courrier (*), il a averti tous les locataires des problèmes rencontrés, des options envisagées, des études lancées. Et des changements que ce chantier pourrait engendrer dans leur quotidien.
Travaux en site occupé, déménagement des locataires, temporaire ou définitif, à La Praderie ou ailleurs. « Il va falloir qu’on étudie chaque cas individuel, pour prendre en compte les demandes et les moyens financiers de chacun », assure le directeur.
Chantier à long termeQuoi qu’il en soit, il n’y a pas urgence. Rien pour les études et le montage du dossier, 2 à 3 ans devraient être nécessaires. Pour le chantier, davantage peut-être. D’autant que Corrèze Habitat a, dans les prochaines années, des logements « à éradiquer en priorité » pour se mettre en conformité avec la réglementation, énergétique particulièrement.
« Mais, rassure Jean-Christophe Attard, en cas d’urgence ou si de nouveaux problèmes apparaissent, on interviendra à La Praderie ou on proposera un déménagement dans un autre logement de la résidence. »
(*) Un premier courrier, daté du 2 octobre, avait inquiété certains locataires, faisant état de « la démolition de l’ensemble des cages d’escalier […] à partir de 2030 et jusqu’en 2033 ». Un courrier « maladroit, qui n’aurait jamais dû sortir », reconnaît le directeur de Corrèze Habitat. Le 15 octobre, un nouveau courrier a été distribué aux locataires, « signé par moi cette fois », qui précise exactement les études et les perspectives.
80 logements composent la résidence La Praderie, dont 30 sont vacants « parce qu’ils ne sont pas louables en l’état ». 50 familles habitent actuellement à La Praderie, dans des logements du T2 au T4.
Blandine Hutin-Mercier