« C’est un truc de malade ! »

Après un exploit hors-normes réussi par nos strasbourgeois face aux vainqueurs de l’EuroCup en titre, retour sur cette soirée spéciale avec notre capitaine, Hugo Fontani. L’exploit face à Jug Dubrovnik, mais aussi les ambitions futures déjà dans toutes les têtes, avec un premier rendez-vous dès mardi à Sète en championnat.

Jeudi 17 octobre – 22h30 – Piscine de la Kibitzenau

Hugo, on sort d’un très gros match, d’un exploit ce soir. Honnêtement, est-ce que tu pensais que l’équipe d’aujourd’hui, avec les absences, était capable de ce match-là et de cette victoire ?

« Honnêtement, non, je pensais qu’on allait jouer notre jeu. Être sérieux. Tout donner comme d’habitude, mais je pensais que quand même, Jug allait gagner à la fin. Ce n’est pas une mentalité de perdant, mais c’est le fait de justement perdre deux joueurs qui sont quand même importants dans la rotation, Lorris et Aubin, les deux sont très importants. Aubin encore un peu plus, parce que deux pointes, c’est quand même quasiment obligatoire pour jouer surtout à très haut niveau. Là, on n’avait que Sasa dans cette position. Évidemment, Lorris nous manquait aussi beaucoup sur les postes 4-5.

Donc, je pense que tout le monde était parti avec un état d’esprit un peu en mode : on va tout donner et on verra bien ce qu’il va se passer.

Moi, ce que j’ai dit aux gars, c’est surtout de jouer ce match avec l’envie de gagner chez nous, devant nos supporters. Si on avait pris une caisse, 24-3 ou quelque chose comme ça, ça aurait vraiment été retomber dans nos travers des années passées. J’ai vraiment mis l’accent sur ça.

Olivier, lui, a fait son travail, je n’ai pas envie de dire à la perfection, mais presque, il a mis en place des tactiques qui ont marché, donc le tout à fait qu’au final, on s’en sort avec une belle victoire chez nous.

Et on avait vraiment un état d’esprit conquérant du début à la fin, et je pense que c’est ce qui a perturbé Jug. Et qui a fait que, mentalement en tout cas, on était au-dessus d’eux. »

J’ai envie de parler d’abord de notre défense, où Jug s’est cassé les dents période après période malgré les cinq buts en première période. Il y a tes arrêts à toi, il y a les interceptions, il y a le pressing. C’est la force du Team, encore cette saison ?

« Ah oui ! La défense a toujours été notre priorité ici. Olivier, lui, il a un jeu très offensif. Donc, on a essayé de s’adapter un petit peu à ce qu’il voulait, lui aussi s’est adapté à nos qualités. Donc, on a une défense qui est la M-Zone que tout le monde sait, tout le monde sait qu’Olivier est un féru de cette défense, donc tout le monde s’attend à ce qu’on ce qu’on joue comme ça. Mais on arrive toujours à trouver des petits subterfuges, un peu pour les faire entrer dans notre jeu et réussir à en tirer profit.

On arrive toujours à avoir, en tout cas jusqu’à présent, un coup d’avance. Et ce soir ça s’est vu, on savait qu’ils allaient toujours finir avec un shoot du poste quatre ou du poste cinq. Donc moi, j’avais juste à attendre, on va dire, que la balle arrive là pour pouvoir après fermer mon secteur. Donc ça a bien marché. Ils ont marqué beaucoup sur nos erreurs. Des erreurs un peu d’inattention et je pense qu’avec la fraîcheur physique et mentale, un peu amoindri par le fait qu’on manquait de rotation, ils ont profité un peu de ça.

Mais au final, on a trois buts d’avance et c’est un truc de malade ! »

Offensivement, toi tu es derrière donc tu vois le jeu aussi très bien, j’ai envie de parler de ces joueurs qu’on attendait aujourd’hui, parce qu’il y avait beaucoup de jeunes dans l’eau, ces joueurs d’expérience qui devaient prendre leurs responsabilités et qui l’ont bien fait. Je pense à Vlado qui met 8 buts, je pense à Martin qui en met 4 et qui a été dingue en défense, je pense à Sasa qui marque un but et provoque 3 penaltys, comment toi de derrière tu as vu l’équipe travailler ce soir ?

« Comme dit, on s’est donné les moyens avec le peu de moyens qu’on avait ce soir. Les gars ont vraiment fait une prestation XXL, alors évidemment, on a des choses à corriger, comme toujours, mais tout le monde était au diapason. Mentalement et physiquement, t’as envie de te dépasser pour ton coéquipier. C’est ce qui s’est un peu passé. Vlado a mis 8 buts, je n’avais même pas calculé, je pense que c’est une performance XXL. Martin a été incroyable en défense, comme tu l’as dit tout ça mélangé, en fait, ça donne des ailes un peu à tout le monde. Malgré tout, Jug arrive à revenir à 14-13. À la fin, on sentait qu’ils allaient tout donner pour réussir à égaliser. Et là, Sasa qui sort un penalty de je ne sais où, Vlado qui le marque. Le match était déjà plié à ce moment-là, mais on arrive quand même à défendre encore. Maintenant, quand tout le monde donne 100% pour lui, et pour les autres, ça crée une alchimie et cette alchimie, là, c’est très dur pour les adversaires de passer outre. »

Ce qu’on a vu ce soir, le fait de battre le champion d’Europe en titre, ce qu’on a vu à Brescia de passer tellement près, avec tous les éléments qu’on a eu contre nous là-bas, est-ce que ça met le Team au niveau de ces équipes-là et ça augmente vos ambitions et tes ambitions en tant que capitaine dans cette Eurocup, avec l’envie de se dire : on n’est pas le petit du groupe et on a envie d’aller plus loin ? 

« Moi, je pense qu’il faut qu’on reste nous-mêmes. C’est-à-dire qu’il faut qu’on reste sérieux à l’entraînement, comme on est depuis le début de l’année. Faut qu’on reste avec notre projet. Chacun, individuellement ou collectivement, et je n’ai pas envie de dire qu’on est au même niveau que les autres, mais on montre, match après match, qu’on a les qualités et les moyens de battre tout le monde. Donc, je ne dirais pas qu’on est des prétendants à la première, ou à la deuxième place. Ça serait être un peu trop optimiste et voir un peu trop beau les choses pour le futur, mais on sait déjà, avec le match à Brescia, encore plus aujourd’hui qu’on est capable d’embêter tout le monde et de gagner des matchs importants. On n’est pas favoris, on n’est pas égal à ces clubs-là qui ont plus d’expérience que nous sur l’échelle européenne. Mais on sait qu’on est capable de bouger tout le monde. »

Un petit mot sur les jeunes, parce qu’on sait que cette année il y a une grosse place pour les jeunes au Team. Je pense à Adam et Aaron qui ont pris une vraie place dans l’effectif. Je pense également à Marko Jovanovic, à Luka Rubashvili qui n’a pas joué aujourd’hui et les autres qui sont à l’entraînement. Comment toi en tant que capitaine, tu juges ces petits jeunes de Strasbourg qui, petit à petit, montent et viennent aider l’équipe même sur ces matchs-là ?

« Dans les jeunes, moi maintenant, j’enlèverais Adam et Aaron parce qu’ils ont montré qu’ils avaient les qualités et l’envie pour être vraiment dans le groupe à 100%. Donc, même s’ils sont jeunes en âge, ils ont acquis assez de maturité dans l’eau pour sortir de cette catégorie de jeunes, à mon humble avis. Si je dois parler des autres, ils sont là l’entraînement avec nous, ils écoutent, ils apprennent, ils font beaucoup d’erreurs, ce qui est normal, nous, on est dur avec eux parce que s’ils veulent un jour être à la hauteur de l’événement comme celui de ce soir, il faut passer par là.

Il faut qu’on soit dur avec eux. Donc, je pense que leur quotidien aux entraînements n’est pas forcément tout rose, parce que nous, on fait ça pas pour les tuer, mais pour, justement, qui comprennent que pour progresser, il faut être sérieux. Ils s’accrochent à l’entraînement et donnent tout ce qu’ils ont et c’est le principal, ils vont progresser avec nous, il faut qu’ils soient encore plus sérieux que nous, il faut qu’ils soient encore plus demandeurs, il faut qu’ils soient toujours avec l’envie d’être meilleurs que nous pour pouvoir progresser. Ce soir, Marko est rentré et je crois que c’est tout, si je ne dis pas de bêtises. Mais voilà les autres, ils savaient que s’ils devaient rentrer, ils savaient ce qu’ils avaient à faire et je pense qu’ils étaient prêts. Donc, ce n’est pas une force pour nous d’avoir des jeunes sur le banc, pour être honnête, mais si, quand ils rentrent, ils donnent le maximum de ce qu’ils ont et qu’ils arrivent à être entre guillemets, au niveau des autres, nous, on a tout gagné. Moi, je les encourage là-dedans, à rester concentrés. On est dur avec eux, mais c’est pour qu’ils progressent et pour que l’équipe progresse aussi. »

Un petit mot sur l’ambiance ce soir et ce qui entoure ce match, on voit déjà sur les réseaux tous les retours positifs, parce que c’est un exploit au niveau européen. Je pense que personne en France ni en Europe ne s’attendait ce soir à ce que Jug perde ici. Comment toi en tant que capitaine, tu ressens ça, le fait de remettre Strasbourg à ce niveau en Europe ? Ça fait deux ans qu’on n’y était plus, c’est beau de refaire vivre ça à ce public, ces soirées de Coupe d’Europe qui sont vraiment spéciales. Et pourquoi pas ramener ce club plus loin sur la saison ?

« Je sais que l’année dernière, le fait de ne pas y participer à cette Coupe d’Europe, ça avait mis un coup à l’équipe, au moral. Alors les raisons sont compréhensibles. Il n’y avait pas de problèmes avec le fait qu’on n’y participe pas parce qu’on est quand même intelligents. On a compris que voilà, il fallait se résigner sur la Coupe d’Europe pour pouvoir prévenir l’avenir, le préparer du mieux possible. Cette année, le fait d’y participer, ça donne envie de se surpasser encore plus, même à l’entraînement. C’est une carotte qu’on nous met devant le visage, et que t’as envie d’aller à choper. Donc, ça a décuplé, je pense, l’envie de tout le monde de travailler encore plus qu’avant, le mental de chacun aussi a évolué, parce que voilà, les matchs de Coupe d’Europe, on l’a vu. Tu prends des rouges, tu perds un peu la tête, tu perds un match que tu pouvais gagner, même que tu devais gagner, parce qu’on était, à mon humble avis, meilleur que Brescia la semaine dernière. Donc, tous ces éléments font qu’on a une équipe qui est, sans manquer de respect à tous ceux qui sont partis et qui étaient là l’année dernière, meilleure que celle de l’année dernière parce qu’on a plus envie, on a plus cette grinta d’aller gagner tout le monde. On sait que voilà, les matchs de Coupe d’Europe, c’est des matchs contre des équipes de très haut niveau. Donc, si on veut se mettre à ce niveau-là, il faut bosser. C’est un espèce d’escalier, où tout s’enchaîne, tout fait en sorte que tout le monde soit dans les meilleures conditions possibles à l’entraînement et quand on arrive en match. »

Avec cette Coupe d’Europe le calendrier est XXL sur cette phase aller. Il y a un match qui arrive très vite à Sète déjà ce mardi soir. Comment l’équipe va descendre tout doucement de son petit nuage pour reprendre très sérieusement le chemin de l’entraînement ?

« À Sète, ça va être un match tendu, on va être favori là-bas, mais ils ont de très bons joueurs, ils ont une très bonne équipe. Donc il va falloir y aller avec sérieux et avec détermination. Ce soir, on va savourer et dès demain, j’espère que tout le monde sera déjà passé à autre chose. J’espère que ce soir sera encore la fête pour tout le monde et que dès demain, on sera déjà penchés sur Sète, sur la récupération, sur les soins. L’entraînement, on y retourne samedi il faudra être frais mentalement et physiquement, pour préparer Sète et arriver là-bas avec un état d’esprit de conquérant. Avec l’enchaînement, on sait qu’on va voyager dans la journée pour optimiser la récup à la maison, chose qui n’est jamais très évidente, mais il va falloir arriver là-bas avec les crocs, faudra pas tomber dans le piège de Sète avec leur piscine un peu atypique, leur bonne équipe et nous avec le voyage dans les jambes. Donc, je pense que voilà, on a de quoi être confiants mais il ne faudra pas arriver en dilettante, va falloir être sérieux, et si on est sérieux, normalement ça devrait bien se passer ! »

Interview Léo Dub / Transcription Noa Cramatte (Team Strasbourg)

Cet article « C’est un truc de malade ! » est apparu en premier sur TEAM STRASBOURG.