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En Creuse, l'Arboretum de la Sédelle subit les effets du changement climatique

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«Vous avez tous déjà entendu parler du changement climatique ? » Dès les premières minutes de la visite guidée, le ton est donné. Face à une dizaine de visiteurs venue découvrir l’Arboretum de la Sédelle à Crozant, à l’occasion de la 31e édition des Journées des plantes ce week-end, Philippe Wanty, propriétaire des lieux, dresse un triste constat : « C’est une période difficile pour les arbres ».

Philippe Wanty et sa compagne, Nell Wanty, sont les propriétaires de l'Arboretum de la Sédelle depuis 1987.Dans ce parc paysager de près de six hectares, les chênes pédonculés (typique de la Creuse) et les hêtres sont en première ligne du changement climatique. « En l’espace de dix ans, les sécheresses à répétition ont accéléré le processus naturel de la mort des arbres. La forêt primaire [présente avant l’intervention de l’homme N.D.L.R] arrive en bout de course. »

Un hêtre sur dix abattu

Au milieu d’une nature luxuriante rouge, jaune, verte, « les arbres tombent comme des dominos ». Philippe Wanty pointe du doigt un hêtre qui menace de s’effondrer sur un châtaignier. « Cette essence a besoin d’énormément d’eau pour survivre… » Résultat, dans cet immense jardin, un hêtre sur dix a été abattu.

Les chênes pédonculés, pourtant plus résilients, sont aussi durement touchés par le manque d’eau. « La sève ne monte plus jusqu’à la cime, donc les branches du haut meurent progressivement. » Sur le chemin, un chêne vieux de 200 ans se trouve dégarni. « C’est triste », murmure une visiteuse à son amie.Autre effet du changement climatique, la présence presque permanente d’insectes et champignons qui « profitent de la faiblesse des arbres pour les parasiter ».

Ces conséquences funèbres pour la forêt, Philippe Wanty, les a « subi » un temps avant d’importer des essences de l’étranger. Le chêne rysophylla du Mexique, par exemple.

« C’est un arbre persistant qui pousse dans des aires désertiques. Il résiste à des températures inférieures à -20 °C mais aussi à la chaleur. Il présente par ailleurs l’avantage de grandir très vite. »

À côté du petit groupe de visiteurs, un jeune chêne « qui n’a pas 15 ans » mais s’élève déjà à plusieurs mètres de haut. D’autres essences iraniennes, canariennes ou encore algériennes fleurissent les six hectares de l’Arboretum. « Elles sont adaptées au manque d’eau et aux fortes chaleurs, explique le guide. C’est l’avenir de nos forêts. »

Le jardin paysager s'étend sur près de six hectares.Une affirmation qui interroge Dominique, venue d’Indre spécialement pour les Journées des plantes. « Je suis étonnée de voir autant d’arbres de l’étranger mais j’imagine que le propriétaire sait ce qu’il fait… » Plus ou moins. « Ça pose un gros problème d’importer des essences car on n’importe pas l’écosystème dans lequel elles ont l’habitude d’évoluer, répond Philippe Wanty après la visite guidée. On ne sait donc pas du tout comment elles vont se comporter chez nous dans le temps. C’est un risque mais on n’a pas le choix… »

Pour le moment, ces nouveaux arbres se portent à merveille car ils sont encore jeunes. Il faudra attendre quarante de plus - l’âge de maturité d’un chêne - pour savoir si la solution pour préserver les forêts françaises face au changement climatique est l’importation d’espèces étrangères résilientes, ou non.

Texte et photos : Camille Moreau