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Aux confins du Bourbonnais, à Saint-Didier-en-Donjon, une pépite à sauvergarder

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Entre la Montagne bourbonnaise et la Loire, aux confins du Bourbonnais, se niche un charmant domaine habité par un couple de passionnés. Las, il y a tant de travail pour que le site retrouve son entière magie ! Tout seuls, ils n’arriveront pas à restaurer le parc de 25 hectares conçu par le paysagiste Lacarelle de Paray-le-Monial, en 1934. Une partie est devenue une jungle emplie de renouées du Japon ou de pterocaryas colonisateurs, qui encerclent de grands tulipiers de Virginie, vaillants malgré tout.Hélène et Hubert Coppin, propriétaires du parc des Millets à Saint-Didier-en-Donjon, lauréats 2024 pour l’Allier de la Mission Bern, attendent beaucoup de cette marque de soutien.

La vie de château en toute discrétion dans ces demeures historiques méconnues de l'Allier

Car ils aiment les lieux, ont envie de lui rendre sa beauté et de continuer de la faire découvrir à tous les curieux. D’autant plus qu’il n’y a pas que le parc. Les Millets, c’est une « maison-forte » (un petit château), dont le toit a été restauré aux petits oignons par des compagnons consciencieux, avec les anciennes et toujours belles tuiles, datées pour certaines des années 1620 (ce seul travail vaut le détour).

Un ensemble unique

C’est aussi un ensemble patrimonial qui est toujours présent, qui témoigne d’une autre époque : où l’on pouvait vivre en autarcie et en faisant travailler toute une communauté autour de nombreuses sources d’eau pure et fraîche. Four à pain, laiterie, écurie, étable, chenil, pressoir, fruitier, laiterie, cressonnières, sellerie, garage, établis, box pour chevaux, bassins pour poissons, grenier, verger, potager, ainsi qu’un jardin à la française à restaurer et ce fameux jardin à l’anglaise qu’il faut dégager et retravailler.Un ensemble unique qui lui vaut une inscription au titre des monuments historiques.« Il faut du beau », sourient les Coppin.

Nous pensons que dans cette vie à cent à l’heure, reprendre goût à la contemplation est nécessaire ; on passe beaucoup trop de temps à passer à côté de tant de beautés, qu’on ne soupçonne pas. Et le patrimoine, ce ne sont pas que des bâtiments, c’est aussi la nature ! Nous sommes heureux qu’un parc ait été choisi. 

Un coup de cœur… malgré un trou dans le toit

Le couple a eu le « coup de cœur » pour le domaine il y a vingt-cinq ans. Expatriés en Afrique pour le boulot, ils avaient souhaité se « réenraciner dans la région familiale ». Ça aurait pu être « n’importe où dans le Bourbonnais ». Sauf que leurs pas les ont conduits, non pas au milieu de nulle part… mais dans un village qui connaissait déjà leurs familles. Un trou dans le toit, des ronces partout et un boulot de Titan à prévoir n’ont pas entamé leur envie d’y élever une ribambelle d’enfants… et de faire des litres et des litres de confiture de mûre. Ils étaient alors « jeunes et plein d’énergie » et se sont enthousiasmés pour le défi.

Hélène et Hubert sont aujourd’hui des quinquas, pas moins dynamiques, mais conscients que deux petits Poucets, même bien entourés par leurs six enfants, ne viendront pas à bout du chantier. « Pendant des années, j’ai débroussaillé avec mon tracteur et mon gyrobroyeur, mais la tâche est immense, car il faut y revenir sans cesse », soupire Hubert Coppin.Car, s’il faut commencer par « dézinguer » les plantes invasives, puis les surveiller comme le lait sur le feu, ce n’est qu’un petit début (qui n’est déjà pas une mince affaire). Il va falloir ensuite employer les grands moyens, creuser des tranchées partout pour retrouver les sources, multiples et repérées par un sourcier, les canaliser et les emmener vers la rocaille et ses petites cascades, comme cela devait être conçu en 1934. Il faudra aussi faire appel à un « rustiqueur » pour restaurer le joli pont très années 1930 : en béton, il imite le bois, les écrous, les clous.

Aussi beau qu’aux Buttes-Chaumont

Du bel ouvrage, leur a confié Marc Colson, artisan fontainier rocailleur réputé, croisé lors d’un salon du patrimoine à Vichy. Un travail « aussi beau que les ponts des Buttes-Chaumont à Paris », excusez du peu. Mais un arbre est tombé dessus et a abîmé tout un côté, mettant à nu la structure métallique qui structure ce faux-bois.Le projet paysager intègre aussi la circulation assez dense de camions sur la D994 en contrebas : pour cacher leur vue et tenter de détourner l’oreille du bruit des moteurs.Par ailleurs, au sein du jardin à la française, des essences, ifs, et buis, ont souffert du dérèglement climatique. Lors d’une tempête en juillet, des trombes d’eau et de forts coups de vent ont fait tomber un pylône, fait dévaler du gravier…

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D’ici la fin du mois, sous la supervision de la direction régionale des Affaires culturelles et d’un maître d’œuvre, les premiers travaux débuteront. Comme il s’agit de patrimoine naturel, il ne faut pas rater les occasions saisonnières. À l’approche de la Toussaint, nettoyage : haro sur la renouée ! Puis mise en sécurité. Tranche 2 : « restauration des systèmes hydrauliques et de gestion des eaux pluviales et de la fontainerie. Tranche 3 : « restauration du massif de la cour des communs et des jardins ornementaux ». Tranche 4 : « restauration du parc paysager, pont et cascatelles ».Fin des travaux estimée : été 2027

 

Mathilde Duchatelle