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« Je les mets où mes assistants parlementaires ? Dans une cahute ? » : Marine Le Pen s'agace face aux juges

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Le tribunal correctionnel de Paris interroge Marine Le Pen au procès pour soupçons d'emplois fictifs d'assistants de députés européens qui la vise, avec 24 autres personnes et le Rassemblement national. Le procès s'est ouvert le 30 septembre et se terminera le 27 novembre 2024.

« Je n'ai jamais pensé faire quelque chose d'irrégulier. » À la barre du tribunal correctionnel de Paris, Guillaume L'Huillier s'agace. L'homme est soupçonné d'avoir été payé par le Parlement européen en tant qu'attaché parlementaire de Marine Le Pen entre 2009 et 2011, alors qu'il aurait en réalité occupé le poste de directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen.

En début d'audience, mercredi 16 octobre, la présidente Bénédicte de Perthuis s'est d'abord étonnée du lieu de travail de Guillaume L'Huillier. Alors que son contrat précisait qu'il devait se trouver au siège du Front national à Nanterre, il travaillait en fait depuis le château de Montretout, fief de Jean-Marie Le Pen à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). « J'habitais à Saint-Cloud, Marine Le Pen m'a proposé un bureau, ça ne m'a pas choqué », répond l'intéressé, avant de hausser le ton. « Si on nous avait dit qu'on serait là, quinze ans plus tard, parce que l'adresse n'était pas la bonne, on aurait mis la bonne adresse. »

« Je me suis trompé »

Une mauvaise adresse, et surtout aucune preuve de son travail d'attaché parlementaire. « Je ne conserve rien », assure-t-il, indiquant néanmoins qu'il aurait écrit des notes, des propositions d'amendements ou encore des explications de vote. « Et vous n'avez rien gardé ? Même pas une demi-page, même pas un post-it ? », relance Me Patrick Maisonneuve, avocat du Parlement européen. « Non, rien », répète Guillaume L'Huillier.

Aussi, lors de l'enquête, Guillaume L'Huillier a affirmé avoir été nommé directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen en 2009, soit la même année que le début de son contrat d'assistant parlementaire. Une « erreur matérielle », clame-t-il aujourd'hui. « Le poste de directeur de cabinet, c'était en 2011, lorsqu'il n'était plus président du parti, mais président d'honneur. Je me suis trompé », avance-t-il.

L'homme maintient que ce titre était « honorifique », « pour légitimer les contacts avec la presse ». « Vous admettez que c'est un peu particulier, on ne comprend pas tout », réagit la présidente du tribunal. « Ça ne change pas grand-chose, 2009 ou 2011 », souffle Guillaume L'Huillier. « Si, ça change, l'indemnité d'assistant parlementaire a pu servir à vous salarier comme directeur de cabinet », insiste Me Maisonneuve. « Ce n'est pas le cas, je n'ai jamais eu la fonction de directeur de cabinet, j'avais le titre. On aurait dû constituer des preuves, on n'avait pas pensé à ça », se défend le prévenu.

« Une présomption de culpabilité »

Après ces fragiles explications, Marine Le Pen est appelée à la barre. Le ton est assuré, la posture victimaire. « Guillaume L'Huillier a fait un travail d'assistant parlementaire. On m'a reproché que Catherine Griset (une autre assistante mise en examen, NDLR) ait été employée au siège du parti.  Guillaume L'Huillier est à mon domicile, à Montretout, on me le reproche. Je voudrais savoir, je les mets où mes assistants parlementaires ? Dans le jardin ? Dans une cahute ? », s'emporte la cheffe de file du parti.

Visiblement irritée en ce troisième jour d'interrogatoire, Marine Le Pen a évoqué un « problème de renversement de la charge de la preuve », estimant que l'accusation n'a apporté « aucun élément permettant de démontrer qu'il n'était pas assistant parlementaire ». « Nous sommes sommés de prouver que nous sommes innocents. Il y a zéro élément », a-t-elle poursuivi, expliquant qu'elle avait recruté Guillaume L'Huillier après avoir été « très contente de son travail » d'assistant de groupe au conseil régional d'Ile-de-France. Et que leur collaboration avait pris fin en 2011, lorsqu'il avait préféré soutenir Bruno Gollnisch à elle lors de l'élection à la présidence du parti.

À l'issue de l'audience, face aux journalistes, Marine Le Pen a à nouveau soutenu qu'il « y a une présomption de culpabilité » et que ce procès « est un procès de la liberté parlementaire ».

À Paris, Sophie Bardin