Charlemagne, le garde-champêtre nivezétois
Prix reçu par Charlemagne Gernay à l’école communale de Nivezé à la fin de l’année scolaire 1883-1884
Aérodrome de Bellefagne situé sur la fagne de Malchamps.
Grande Quinzaine de l’Aviation du 20 septembre au 5 octobre 1909.
Devant l’avion, à droite avec son chien, le garde-champêtre nivezétois.
Dans la société du 19ème siècle, le prénom usuel est fréquemment, mais pas automatiquement, le dernier prénom de l’acte de naissance.
Charlemagne a fréquenté l’école communale de Nivezé, puis l’Ecole Moyenne de l’Etat à Spa située dans l’actuel hôtel de Ville. L’école communale nivezétoise était dirigée à cette époque par l’instituteur Jean-Baptiste Romain qui laissera son nom à l’avenue où est situé l’établissement scolaire (voir Réalités n°330). L’instituteur Romain est un progressiste, un novateur, il va se battre pour améliorer l’enseignement et l’infrastructure dans son école, ainsi que pour le développement et la prospérité du village.
En cette fin de 19ème siècle, des sociétés se forment dans la région : « Le Cercle du Vieux Chêne » à Sart-lez-Spa en 1885, « La Fraternelle » à Spa en 1892, … Ces sociétés, par leurs conférences et leurs réunions, relèvent le niveau intellectuel et moral de la jeunesse locale et lui font prendre conscience des avantages de l’association. C’est ainsi que certains Nivezétois, dont fait partie Charlemagne Gernay, constitueront plusieurs coopératives.
Devant la façade principale du château du Haut-Neubois.
Le garde-chasse Charlemagne Gernay avec des enfants de la famille Peltzer.
Le 18 septembre 1896, il épouse à Sart-lez-Spa, Joséphine Antoinette Pironet. Ils auront trois fils : Georges (né en 1897, soldat volontaire au 2ème régiment des Lanciers, décédé à l’hôpital militaire de Beverloo, en février 1919, suite à la grippe espagnole), René (né en 1898, qui a succédé à son père à la tête des coopératives nivezétoises mentionnées ci-dessous) et Yvan (né en 1900, mort en captivité au camp de Sennelager en Allemagne, en mars 1918).
Charlemagne Gernay a exercé plusieurs activités. Le 27 septembre 1899, un arrêté du Gouverneur de la Province de Liège le nomme garde-champêtre au village de Nivezé. En tant que tel, il participe avec la police spadoise à l’enquête sur la tuerie de la Sauvenière du lundi 27 décembre 1909. Il fait d’ailleurs partie des témoins convoqués, fin octobre 1911, au tribunal d’Amiens pour assister au procès des quatre truands français coupables du terrible massacre (voir Réalités n°414).
Dans un local de l’hôpital de la Croix-Rouge belge, ouvert à Spa entre le 6 août et le 10 novembre 1914
Un soldat du 29ème régiment de ligne vient d’être soigné.
Le 29ème de ligne faisait partie en 1914 de la 3ème division chargée de défendre la position fortifiée de Liège.
A gauche, Charlemagne Gernay
En février 1904, il fait partie des treize associés fondateurs de la « Caisse Rurale de Nivezé », à l’époque société coopérative de crédit agricole à responsabilité solidaire et illimitée. Il en sera d’ailleurs le premier directeur gérant (de 1904 à 1937). Cette coopérative a été fondée pour aider la classe agricole locale très démunie en ce début de 20ème siècle. En novembre 1917, il fait également partie des trente-sept personnes qui prennent l’initiative de s’associer et de constituer une coopérative d’assurances dénommée « Nivezé Prévoyance ». Il en sera également le premier directeur-gérant (de 1917 à 1937). Le but poursuivi par cette coopérative était de conserver au profit des assurés les gros dividendes distribués aux actionnaires des puissantes sociétés tout en réduisant les primes au strict minimum. A cette époque, le bureau des deux coopératives était accessible quelques après-midi par semaine.
Enveloppe de la coopérative Nivezé Prévoyance en 1930, avec l’horaire d’accès au bureau.
A cette époque, le volume des affaires ne nécessitait pas une ouverture journalière.
Fin des années trente, il devient garde-chasse au domaine du Haut-Neubois, propriété et lieu de villégiature de l’industriel verviétois René Peltzer – de Rasse.
Il fut aussi membre actif de la section spadoise de la Croix-Rouge et cela durant plusieurs décennies. Charlemagne Gernay décède à Nivezé-Spa le 1er septembre 1955.
Jean Lecampinaire
Sources :
Le drame de la Sauvenière (P. Den Dooven – H.A.S. – Spa – 1988 et 1989)
La petite histoire du village de Nivezé (André Hans – C.C.de Sart Jalhay et Réalités – 2011)
Guerre et Paix (David Houbrechts – Edition du musée de la Ville d’eaux – 2018)
R.C. de Spa année 1899 (Fonds Body)
Château du haut-Neubois – 100 ans d’histoires (Fabienne Carmanne – CERAN)