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Seulement 7 femmes sont au Panthéon : pourquoi ? Une conférence à Thiers pour tout comprendre

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Sur plus de 80 grands Hommes, sept femmes. La première date de la nouvelle saison du Kiosque, l’université populaire de Thiers et sa région, est une conférence sur les femmes au Panthéon. L’historienne puydômoise Françoise Fernandez est attendue à la mairie de Thiers le 17 octobre.

Au cours de sa carrière, celle qui a été faite chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur s’est particulièrement intéressée à l’histoire des femmes au XXe siècle et à la Seconde Guerre mondiale. Elle est d’ailleurs responsable de la collection du musée de la Résistance du Mont-Mouchet.

Qui sont ces sept femmes présentes au Panthéon ? Dans sa conférence, Françoise Fernandez va dresser leur portrait. De Sophie Berthelot, la première femme à être entrée dans ce temple, à Mélinée Manouchian, la dernière en date. Mais à travers chacune d’elles, l’historienne va expliquer les circonstances de leur panthéonisation et ce que cela dit de la personne qui la décide et de la position de la femme dans la société.

Absence

"Les femmes au Panthéon, c’est non seulement un problème féminin mais c’est éminemment un problème politique", commence-t-elle d’emblée. Déjà, pour expliquer leur absence, pendant plus d’un siècle. Ouvert à la fin du XVIIIe, il est "devenu en quelque sorte le temple des héros de la Révolution. Les femmes en ont été absentes comme elles l’ont été de la représentation politique à cette époque. Pour être reconnu citoyen, ce qui était imposé à ce moment-là, c’était la capacité à défendre la patrie, à porter les armes. S’il y avait des femmes qui portaient les armes, déjà dans les armées de la Révolution, Napoléon Bonaparte et tout le XIXe siècle se sont employés à définir les femmes dans des espaces séparés des hommes. Aux hommes la guerre, les affaires, le commerce, les finances. Aux femmes la maison, les enfants, à quelques exceptions près, bien entendu."

Dans cette lignée, la première femme entre au Panthéon au début du XXe. Mais Sophie Berthelot a simplement suivi son mari Marcellin, savant et homme politique. "Ils sont décédés le même jour et la famille n’a pas voulu qu’ils soient séparés, donc Mme Berthelot est entrée au Panthéon uniquement parce qu’elle était la femme de", explique l’historienne.

Il faudra attendre presque un siècle supplémentaire, en 1994, pour qu’une femme soit honorée dans ce monument pour ses propres prouesses : Marie Curie.

Un choix du président

Depuis, cinq autres femmes ont été panthéonisées. Des choix qui sont le fait du président, sous la Ve République (sur une liste de propositions), alors que sous les deux républiques précédentes, ils étaient votés par le parlement. Françoise Fernandez lit dans ces sélections le message politique que les présidents ont voulu faire passer. "Quand François Hollande en 2014, pour marquer le 70e anniversaire des combats de la Libération, panthéonise deux hommes et deux femmes, il est dans une approche paritaire puisqu’il a introduit la parité au sein de son gouvernement", illustre-t-elle.

C’est pour toutes ces problématiques sous-jacentes que Françoise Fernandez s’est intéressée aux femmes au Panthéon. Mais aussi parce que cela répond à cette question : "Comment les femmes ont conquis petit à petit leur place dans l’espace politique." Autre intérêt : "Cela a mis en lumière des personnages connus qui sont le symbole d’autres, qui le sont moins mais qu’on peut évoquer à l’occasion de cette conférence." C’est le cas par exemple de Mélinée Manouchian. "On a affaire à une femme qui n’a pas eu un rôle dans la Résistance peut-être aussi décisif que les précédentes (Geneviève De Gaulle, Germaine Tillion, Joséphine Baker…) mais une femme tout à la fois persécutée, réfugiée, qui avait choisi la France. Elle est représentative de toutes les femmes immigrées qui s’étaient engagées au sein du mouvement de la Main-d’œuvre immigrée, et qui ont fait d’énormes sacrifices."

Françoise Fernandez est aussi très engagée dans la lutte contre le cancer du sein. Sa conférence entre dans le cadre des actions liées à Octobre rose. Si la participation à l’événement est libre, les fonds seront récoltés pour la cause.

Conférence le 17 octobre à 20 heures à la mairie de Thiers. Participation libre.

Alice Chevrier