Nos bagnoles adorées ?
Qu’est devenue la voiture de Pompidou ? Elle était alors une affirmation fière, symbole de « la libération de l’individu », à la fois outil et désir, machine et affect. Est-il encore permis de la regarder comme Sagan l’aimait, follement, rapidement, dangereusement ? À l’approche du Mondial de l’automobile, qui n’est plus que l’ombre de lui-même, les immatriculations dévissent, le marché déprime. Le patron de Renault, Luca De Meo, plaide depuis plusieurs années la valeur plus que le volume. Les constructeurs n’ont de toute façon guère le choix alors que même l’électrique affiche des chiffres en berne. On peut et on doit débattre longtemps de l’énergie qui sauvera le modèle, mais on voit bien que l’histoire n’est plus seulement celle d’une mutation industrielle. Une question posée à nous-mêmes. La résurrection de la R5, dont la bouille adorable vient remonter nos horloges familiales, est le symbole de cet entre-deux, voiture sentimentale, miroir d’une époque, mais maintenant en version électrique. Preuve qu’il n’est pas si simple de trancher entre le sensible et le raisonnable, entre l’image de la bagnole hier adorée et des usages à repenser. Reste à savoir si le secteur a encore le temps de l’hésitation.
l’éditorial
Stéphane Vergeade