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Où trouve-t-on le plus de perturbateurs endocriniens ? Une conférence à Clermont-Ferrand pour tout savoir

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Du mercredi 16 au vendredi 18 octobre, 1.500 experts cliniciens et chercheurs en endocrinologie de France vont échanger à Clermont-Ferrand lors du 40e congrès de la Société française d’endocrinologie.

"Perturbateurs endocriniens : coup de pub ou réelle inquiétude ?", tel sera le thème d’une conférence grand public proposée, en accès libre, dans l’amphithéâtre de Polydome, mercredi 16, à 19 h 30. Elle sera donnée par le professeur Nicolas Chevalier, chef du service endocrinologie au CHU de Nice qui travaille sur les perturbateurs endocriniens depuis 2009.

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?

"C’est une molécule qui n’est pas présente dans notre organisme de manière naturelle. Le plus souvent, ce sont des produits issus de l’industrie chimique. Il existe plus 1.000 perturbateurs endocriniens."

Comment agissent-ils ?

"On est exposé de manière quotidienne à ces molécules, par différents modes de contamination. Notre plus grand réservoir de contamination reste notre alimentation. L’ingestion d’aliments, d’eau peut nous contaminer, car ils peuvent contenir des pesticides, des produits de conservation, des colorants et du plastique (emballages). Les perturbateurs pénètrent aussi dans nos organismes par l’air que nous respirons. Et à travers notre peau. Lors de la grossesse, le fœtus est contaminé par le biais du placenta. Une majorité de ces molécules ne sont pas métabolisées par nos organismes et peuvent être stockées dans le tissu adipeux".

On a l’impression qu’ils sont partout… Le sont-ils réellement ?

"C’est exactement le cas et ils vont interférer avec notre propre système endocrinien et induire potentiellement des pathologies à court moyen et long termes."

Quelles sont-elles ?

"Les principales pathologies avérées sont les troubles de la fertilité (infertilité masculine et féminine). On parle aussi de malformations de l’appareil génital : chez les garçons, non-descente des testicules et chez les filles, puberté précoce, syndrome des ovaires polykystiques, et insuffisance ovarienne précoce (ménopause précoce, NDLR) ; des cancers principalement hormonaux dépendants (sein, testicule, prostate…) ; le diabète, notamment de type 2 ; l’obésité… Un autre signal d’alarme concerne les anomalies thyroïdiennes qui peuvent être responsables de troubles du développement neurologique de l’enfant pendant la grossesse et jusqu’à 2 ou 3 ans, avec une responsabilité probable dans la survenue de l’autisme."

Des études de bio surveillance ont montré une imprégnation généralisée de la population. Est-ce le cas ?

"On est tous imprégnés à des degrés très variables en fonction de notre alimentation et des sources de contamination qui nous entourent. Cette imprégnation varie dans le temps. Certaines diminuent, car les industriels ont pris des mesures en ce sens pour certains produits. Mais on peut être exposé à des molécules de substitution pour lesquelles nous n’avons pas de recul… C’est le cas du bisphénol A : on est toujours exposé, mais moins qu’il y a cinq ans, depuis son interdiction, avec une exposition aux autres bisphénols encore non régulés."

Ces molécules sont-elles surveillées ?

"Oui, mais toutes les molécules ne peuvent pas l’être, car trop nombreuses. Seules les plus dangereuses sont soumises à une biosurveillance et, en fonction des niveaux d’alerte, des décisions par les tutelles peuvent être prises. Mais souvent, ces mesures tardent à être activées. Par exemple, il y a deux ans, le scandale de la vallée de la chimie, à Lyon, avec la problématique de la contamination aux perfluorés. L’alerte a été lancée par la presse, mais les mesures ont tardé, car difficilement acceptables à mettre en place (interdire de boire l’eau du robinet et de consommer les légumes du jardin)."

Peut-on s’en prémunir ? Ou à défaut les limiter ?

"Les faire disparaître de notre quotidien, c’est quasiment impossible. Il faudrait changer de manière plus globale les modes de fabrication. On peut néanmoins agir rapidement en éliminant l’utilisation du plastique dans notre quotidien : supprimer les emballages, ne pas faire chauffer les aliments dans du plastique… Manger bio si on peut. Quant aux produits cosmétiques et de soins, il faut être attentif aux labels environnementaux même s’ils ne constituent pas une garantie totale. On peut être également vigilant aux polluants qui ont des durées de vies très longues (comme les perfluorés) : on les trouve dans les vêtements imperméables, antitranspirants, en Gore-Tex, les ustensiles anti-adhésifs… Ces déchets nécessitent des circuits de traitements particuliers afin de ne pas contaminer les sols sur du long terme. Aujourd’hui, on reste quand même moins exposés à certains perturbateurs. Pour continuer, il faut qu’il y ait un véritable engagement citoyen et collectif pour les éliminer. Ce n’est pas qu’un engagement médical."

Michèle Gardettemichele.gardette@centrefrance.com