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Октябрь
2024

"Qu’a-t-on raté collectivement ?" : un an après la mort de son mari, la veuve de Dominique Bernard témoigne

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Ce dimanche, cela fera un an que Dominique Bernard a été tué par un ancien élève radicalisé à la cité scolaire Gambetta-Carnot d'Arras, dans le Pas-de-Calais. À cette occasion, son épouse Isabelle prend la parole, ce samedi, dans les colonnes du Monde. "Il a été assassiné parce qu’il était enseignant et qu’il incarnait la République", lance-t-elle. 

Avant de poursuivre : "Je ne suis pas quelqu’un qui s’est effondré et je ne veux pas m’effondrer. Je suis portée par l’action, j’ai besoin d’avancer en menant des projets."

"Transmettre les valeurs humanistes de Dominique"

Dans ce long entretien, Isabelle prend soin de remercier les "plusieurs milliers" de personnes qui lui ont adressé des lettres, ainsi que "le soutien massif général" reçu de la part de ses proches, l'administration, la mairie d'Arras et même "d'anonymes", assure-t-elle. 

La veuve du professeur de lettres fait également part de la "charge" qui lui incombe depuis la mort de son mari : "Défendre et transmettre les valeurs humanistes de Dominique."

Dominique prônait le respect de l’autre et de l’environnement, mais aussi la liberté de penser, l’esprit critique, la tolérance, le savoir et l’émancipation par la culture.

Isabelle confie à nos confrères avoir livré ses inquiétudes à une amie quelques jours avant l'assassinat de son époux. "Quinze jours avant son assassinat, j’avais d’ailleurs dit à une amie qui m’accompagnait pour promener le chien : 'L’Éducation nationale sous-estime le risque lié au terrorisme, Dominique pourrait très bien se faire tuer.' C’est ce qu’on appelle l’ironie tragique".

Dominique Bernard : "Je dois faire attention"

"Quand il a eu ce garçon en classe, Dominique m’a dit : "Je ne peux pas dire tout ce que je veux, je dois faire attention"", ajoute-t-elle. 

Pour autant, elle assure "ne pas remettre en cause l'Éducation nationale". Selon elle, "tous les services ont fait tout ce qu’il fallait, mais quelqu’un qui est déterminé à tuer va tuer". 

Enfin, Isabelle Bernard explique "mesurer dans [sa] chair à quel point la laïcité est un cadre pour bien vivre ensemble". Elle craint désormais que les professeurs devienne "une cible du terrorisme islamiste". 

"Qu’a-t-on raté collectivement ?, demande la veuve, avant d'enchaîner : "Nous devons mettre en lumière la laïcité comme une valeur positive. Nous avons parfois oublié de le dire aux élèves".

À noter qu'une cérémonie en hommage à Dominique Bernard se tiendra à Arras, ce dimanche. Quatre ministres, dont Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, et Anne Genetet, y prendront part.