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Октябрь
2024

"C’est un caveau" : cette Montluçonnaise vit dans un sous-sol inadapté à son handicap

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« C’est un caveau », tranche Charlène Pastorek. L’ancienne auxiliaire de vie de Marie (le prénom a été modifié) se bat depuis des années pour sortir celle qu’elle considère comme sa maman d’adoption, de l’appartement dans lequel elle vit depuis trois ans.

C’est un sous-sol d’une cinquantaine de mètres carrés, à Montluçon, non adapté à son handicap. « Avant, j’ai vécu deux ans à Néris-les-Bains dans un appartement au second étage, sans ascenseur. Et le propriétaire a voulu récupérer son bien, ce qui est normal », raconte Marie, 66 ans, paraplégique depuis ses 17 ans, et hémiplégique du côté droit depuis 2006.Photo Florian Salesse

Elle est depuis hébergée dans cet ancien débarras. Là encore, le provisoire est devenu son quotidien. Pour accéder à l’endroit, l’auxiliaire de vie qui vient trois fois par jour et l’infirmier qui se déplace matin et soir, doivent emprunter des marches.

Isolement, insalubrité, moisissures

Un escalier que Marie ne peut pas contourner. Elle reste donc la plupart du temps à l’intérieur. « L’été, quand mon fils peut, je sors », sourit-elle. « Mais je n’ai plus envie de sortir », s’empresse-t-elle d’ajouter, comme pour s’excuser. Et de glisser, quelques minutes plus tard : 

Je vais à la fenêtre pour prendre l’air, mais ce n’est pas la même chose… Cela fait des années que je n’ai pas vu le boulevard de Courtais…

La situation devient intenable, rendue critique par l’insalubrité du logement. Une inondation il y a quelques mois a rendu l’air irrespirable. Marie s’est habituée aux moisissures qui s’insinuent partout et surtout dans ses poumons. Charlène, qui remue ciel et terre pour trouver autre chose, est inquiète : 

Avec sa pathologie, sa santé est très fragile et cela fait un an qu’elle tousse de plus en plus.

Des recherches infructueuses jusqu'à présent

Las et exaspérée, celle-ci lance un appel officiel à la solidarité. Car la quête d’un autre appartement est infructueuse jusqu’à maintenant. « Je ne cherche pas quelque chose de plain-pied forcément, mais avec un ascenseur. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas », se désole Marie, dont les finances sont serrées.Photo Florian Salesse

« Il ne faudrait pas que ça dépasse 300/400 € », ajoute celle qui perçoit la pension pour adulte handicapé et est admissible aux allocations logement.Un temps, celle-ci avait fondé ses espoirs dans le lotissement intergénérationnel du Vernet, à Lavault-Sainte-Anne. Là, la mairie a construit onze pavillons adaptés aux personnes à mobilité réduite.

Non retenue pour le lotissement du Vernet : coup dur

Avec l’aide de sa fille d’adoption, Charlène, Marie avait manifesté son intérêt dès mai 2019. L’opération s’est achevée fin 2020 et les premiers locataires ont pris possession des lieux en février 2021. Pas elle.

Suite à une relance du 31 mars 2021, Marie reçoit un courrier de l’agence immobilière en charge du dossier, datant du 1er avril 2021, l’informant que son dossier n’a pas été retenu et qu’elle se trouve sur liste d’attente. Le motif : 

L’obligation pour la mairie de varier les tranches de revenus afin de respecter le projet municipal, or (ses) revenus rentrent dans une catégorie dont le quota a déjà été atteint par les dossiers déjà attribués.

Le maire de la commune, Samir Triki, se souvient de Marie :

Avant même que le lotissement ne soit sorti de terre, il y avait une liste de demandes, justifie l’élu. C’est une commission indépendante qui a statué. Il faut qu’elle renouvelle sa demande auprès de l’agence immobilière.

Charlène, qui n’a pas fini de pester, prend acte pour Marie. C’est son meilleur avocat. 

Seher Turkmen