Nombre de demandeurs d'emploi en hausse : quelle est la situation des trois bassins de l'Allier ?
Comment se porte le marché du travail dans l’Allier ?À la fin du deuxième trimestre 2024, la demande d’emploi confirme son retour à la hausse, dans l’Allier, comme en région Auvergne-Rhône-Alpes.En juin 2024, dans l’Allier, le nombre de demandeurs d’emploi, toutes catégories confondues (A, B, C), a progressé de +0,8 %, en un an, pour s’établir à 25.143. « C’est un peu moins qu’au niveau régional, qui connaît une progression d’1,2 % », souligne Anne Plisson, directrice départementale de l’Allier de France Travail. En France, dans le même temps, le nombre de demandeurs d’emploi a progressé d’1,4 % sur un an.
Retournement de situation à MoulinsLa situation des trois bassins d’emploi est disparate, et celle de la ville préfecture se distingue :
Ce chiffre est tourné vers le haut par Moulins. Le nombre de demandeurs d’emploi dans le bassin du nord de l'Allier a progressé de +1,9 % en un an. Un vrai retournement de situation. Car ce nombre baissait de mois en mois depuis plusieurs années.
« En revanche, la situation est stable sur le bassin d’emploi de Montluçon. Les demandeurs d’emploi sont un peu plus nombreux dans le bassin de Vichy, mais la hausse y est plus modérée, de 0,8 % ».
Moins de recrutementsPar ailleurs, les déclarations préalables à l’embauche ont régressé de 8,6 % en un an dans l’Allier, le double de la tendance régionale (-4 %). « Une tendance qui se confirme, trimestre après trimestre, la situation se dégrade vraiment en termes de recrutements ».
Les offres d’emploi connaissent une baisse de 11,4 %, plus forte que la moyenne régionale, de 8 %. Conséquence, une légère baisse du nombre de salariés, constatée par l’Urssaf.
Les crises successives commencent à se faire sentir, analyse la directrice départementale. Il y a un effet postCovid. Tant qu’on avait mis l’économie sous perfusion, tout allait bien, mais les entreprises doivent maintenant rembourser leurs emprunts. L’inflation, la crise énergétique qui a impacté les investissements, joue sur la production, le transport. La construction souffre de la hausse des taux, on construit moins, on rénove. L’intérim, d’abord, en fait les frais.
Moulins, là encore, se distingue avec une baisse de -11,4 % des déclarations préalables à l’embauche. « Et carrément -18 % dans les services, la santé, les associations, l’hôtellerie restauration, les banques, assurances. La baisse est également forte dans le secteur de la construction, de -7,4 %. Par contre, l’industrie, l’agriculture et le commerce présentent des chiffres positifs ».Anne Plisson, directrice départementale de France Travail Allier. Photo Corentin Garault
Pourquoi le département de l’Allier est-il plus touché que d’autres ?
C’est probablement lié au tissu des toutes petites entreprises, plus fragiles. Et puis il y a parfois un effet retard dans des départements ruraux, qu’on a du mal à évaluer. On a des cultures d’entreprises qui font qu’on est un peu plus économe, plus prudent. Mais la très grande diversité des secteurs d’activité de l’Allier, diversifiée dans le tertiaire, la construction, la production industrielle, avec le luxe, la chimie, l’agroalimentaire, la métallurgie, lui permet de moins subir quand il y a de grosses crises que des départements plus monolithiques.
Le projet de mine de lithium, enjeu en matière d'emploisParmi les plus de 28.000 demandes d’entrées enregistrées par France Travail, 18 % concernent des fins de contrat, 22 % des reprises d’activité, 7 % des fins de missions d’intérim, 7 % des démissions, 6 % des premières entrées, 1 % des licenciements économiques, 5 % d’autres licenciements.Dans ce contexte, le projet de mine de lithium porté par Imerys est « un gros enjeu ».
Et les équipes de France Travail ont déjà commencé à travailler sur ce projet : « Il y a encore un long processus avant la réalisation du projet, mais on se prépare au cas où, les besoins de compétence s’affinent, les métiers recherchés ne sont pas tous présents sur le territoire, hormis la maintenance, ce qui induira de mobiliser la formation. Un gros boulot comparable à celui qui avait été mené dans l’Allier pour le chantier de la RCEA. Dès qu’on dépasse la centaine de personnes à recruter [plus de 500 emplois directs sont annoncés], cela nécessite une importante préparation en amont. Il faut faire du sourcing, large, on ne peut pas se permettre de louper une candidature ».
Ariane Bouhours