Quand la cueillette des champignons en Corrèze vire parfois à l'accident

Ce mercredi 2 octobre vers 14 heures, un message parvient aux unités mobilisées sur un secteur boisé de Servières-le-Château : la retraitée de 85 ans portée disparue a finalement été retrouvée par un voisin. En plus des effectifs de gendarmerie, dont une équipe cynophile venue de Creuse, une douzaine d’habitants et le maire étaient engagés dans un ratissage pour retrouver l’octogénaire.

La veille, cette Corrézienne était partie en milieu d’après-midi pour chercher des champignons. Une cueillette qui aurait pu très mal tourner, cette habitante pourtant habituée des cueillettes de champignons s’étant retrouvée piégée en pleine nature et contrainte de passer la nuit dehors, sans protection. « Tous les voisins s’y sont mis. Elle a été finalement retrouvée à 1 km environ de chez elle, mais sur un secteur escarpé. Les pompiers y sont allés avec un 4x4 », retrace le maire, qui a participé aux recherches avec l’employé communal.

Un département densément boisé

Une intervention qui a mobilisé de nombreux militaires du groupement de gendarmerie et qui n’est pas, hélas, un épiphénomène en cette période très courue de pousses de champignons. Le 24 septembre, c’est un septuagénaire qui s’est égaré lors d’une sortie champignons sur la commune de Beyssac. Le temps est à la pluie et les proches sont inquiets de ne pas voir revenir leur aïeul. Un équipage de la Section aérienne de la gendarmerie d’Égletons (SAG) est engagé à bord de l’hélicoptère et fort heureusement, le cueilleur est finalement aperçu dans une zone très densément boisée, « sans aucun chemin ni sentier », précise l’unité. Très affaibli, mais fort heureusement en vie, l’homme est hélitreuillé pour être évacué.L’hélicoptère de la SAG est régulièrement engagé pour les recherches.

« L’hélicoptère est un vecteur supplémentaire qui permet de gagner un temps précieux et de couvrir une zone géographique importante. Il facilite aussi les recherches et l’extraction des victimes dans les endroits accidentés comme les gorges, ou difficilement accessibles par moyens terrestres », analyse l’adjudant-chef Gilbert, qui commande la SAG. Un appui précieux dans un département avec, parfois, des étendues de bois très importantes. « La Corrèze est dans le top 10 des départements les plus boisés, avec environ 45 % de la géographie en forêts. Certaines zones sont vastes, et d’autres escarpées, comme les gorges de la Dordogne », constate Jean-Philippe Castagnio, responsable territorial pour l’ONF, qui prévient : « Par définition, quand on cherche, on a le regard rivé au sol et on peut sans s’en rendre compte perdre son chemin. Aujourd’hui, des applications de cartographie existent sur smartphone, dont certaines permettent utilement de créer un point GPS où on se gare et ainsi de le retrouver si on s’égare. »

Adopter les bons réflexes

« La cueillette des champignons, ce n’est pas anodin. Et chaque année, durant les périodes de pousse, nous engageons des opérations de recherches pour des personnes qui ne sont pas rentrées chez elles », constate le lieutenant-colonel Dumas, officier adjoint de commandement au groupement de gendarmerie de la Corrèze. À chaque signalement de disparition, il y a potentiellement une vie en jeu : « Nous devons agir rapidement et des moyens importants sont systématiquement engagés. D’abord, des effectifs des brigades locales, mais aussi des brigades cynophiles de départements voisins ou encore la Section aérienne de la gendarmerie, dont l’appui est également précieux. C’est une course contre la montre, car en période automnale comme maintenant, les températures fléchissent la nuit et les conséquences pour les victimes peuvent être dramatiques, qui plus est si elles sont âgées. »Des applications de cartographie existent sur les smartphones et permettent de s'orienter.

Le 18 juin dernier, une femme de 97 ans et son fils âgé de 69 ans, disparus depuis deux jours, sont finalement retrouvés vivants dans une zone particulièrement accidentée de la commune de Sainte-Marie-Lapanouze, petite commune bordée de forêts du nord-est du département. Grâce à une géolocalisation de leurs moyens de téléphonie, les secours finissaient par les localiser et d’éviter une issue dramatique. « Quand on se retrouve sans eau, potentiellement en hypothermie ou blessé, car on peut aussi se retrouver piégé après un accident, la situation peut vite basculer », constate le lieutenant-colonel Dumas qui, comme le fait la SAG avec ses préconisations, en appelle au bon sens.

Des réflexes qui ne vont pas forcément de soi, les cueilleurs étant souvent du cru, qui ne prévoient ni l’accident, ni de perdre leur chemin. Pourtant, « toutes les semaines j’entends “heureusement que j’ai pu retrouver une piste !” ou “j’ai dû faire un détour d’une heure” », témoigne Fabien Vialloux, spécialisé dans l’achat de cèpes à des particuliers sur le plateau de Millevaches. Pour une sortie en sécurité, autant adopter les bons réflexes.

Julien Bachellerie

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