Une dizaine de magasins ont fermé rue d'Allier, à Moulins, depuis janvier 2023
Amer symbole. Le jour de l’ouverture de la grande roue sur la place d’Allier, samedi 4 octobre, le magasin Bayard fermait ses portes, au 31, rue d’Allier, six mois après son ouverture.
Qu’il paraît loin le temps où le succès des initiatives de la ville et des commerçants était filmé par les médias nationaux. Dernier exemple en date, en septembre 2020, la chaîne M6 avait réalisé un reportage pour son émission Capital, présentée par Julien Courbet, avec notamment un zoom sur le rôle du manager de centre-ville. Les journalistes avaient même filmé le conseil municipal, alors que des aides à l’installation de commerces étaient votées.
Le contexte économique a fini par rattraper le centre-ville de Moulins. La marque Bayard, qui était déjà en redressement quand elle a multiplié les ouvertures de boutique -dont celle de Moulins- pour tenter de redresser ses comptes, a fini par être placée en liquidation judiciaire.Rue d’Allier, Claire’s avait fermé pour les mêmes raisons, samedi 22 juin. Ce n’est donc pas la tour Eiffel, la Dame de fer ou plus prosaïquement le butonnage, qui est en cause. Du moins, pas totalement.
Claire's en liquidation : encore un commerce qui ferme rue d'Allier, à Moulins
Au 40 rue d’Allier, le Dress Code a fermé ses portes le 31 juillet, à cause d’une « grosse baisse de fréquentation à partir de novembre 2023 », déclarait Stéphanie Dumont (notre édition du 25 septembre).« Je pensais tenir une année, mais non… Les commerces qui ont dû déménager ont eu des aides, pas ceux qui sont restés à côté de ces grosses poutres qui barrent le passage. »À cause des immeubles menaçants de s’effondrer, Etam a dû fermer en janvier 2023, puis Okaïdi et Game Cash en novembre 2023. Le premier n’a pas rouvert, les deux autres ont déménagé place Anne-de-France.Par la suite, le magasin Mado et les Autres a fermé en janvier 2024 et Garnier Thiebaut, en mars 2024. Ils ont profité du non-renouvellement de leurs baux pour baisser le rideau.
En septembre, juste après la braderie, le magasin Nuances 03 a déménagé rue de Pont, en fusionnant avec le magasin Indigo.Preuve de l’inquiétude des Moulinois, le chocolatier Jeff de Bruges et le magasin Yves Rocher, situés aussi rue d’Allier, ont été le sujet de rumeurs de fermeture. Il n’en est rien. Il s’agissait de changement de gestion.
Crainte collectiveDans ce contexte-là, difficile pour le manager de centre-ville de faire venir des enseignes à Moulins… D’autant plus que ce poste créé en 2017 dans le but de revitaliser l’offre commerciale connaît un appel d’air. Après la période faste sous Cyril Martin, Laura Brugniaud et Charlotte Cano se sont succédé dans un contexte rendu plus compliqué.
La Maison Pralus de retour à MoulinsDans le même temps, les bonnes nouvelles sont toujours possibles. Rue Datas, les deux magasins voisins Léonidas et Le Dressing ont liquidé en septembre. Leur emplacement est racheté par la Maison Pralus. Léonidas cherche un nouveau local et la patronne du Dressing a pris sa retraite.
« Il y a une belle attractivité à Moulins, le centre-ville est magnifique. Il faut s’accrocher pour des jours meilleurs. Cela dit, les difficultés sont bien identifiées. Nous avons fait savoir qu’il était inadmissible de ne pas avoir d’informations régulières concernant les travaux », relaie le président des commerçants, Antony Zucchiatti, gérant de Jules, magasin également situé rue d’Allier.
Les commerçants attendent impatiemment le compte-rendu de l’expert « qui nous permettra de nous projeter ». Il devrait être rendu avant les fêtes de fin d’année (relire notre édition du 14 septembre en cliquant ici).Le calendrier et la nature des travaux dépendront de la mairie, de l’agglomération, des assurances, mais aussi des multiples propriétaires concernés. « Ça va prendre plusieurs mois, on n’ose dire plusieurs années », reconnaît le patron de Jules. « Mais si on a un calendrier et des informations régulièrement, on pourra s’organiser. »
Stéphanie Ména