La campagne démocrate a encore franchi un cap début octobre. Selon plusieurs médias américains et le site Open Secrets, qui suit les dépenses en politique, la campagne de la candidate Kamala Harris a désormais levé près d’un milliard de dollars. Un record historique, 80 jours seulement après sa déclaration officielle de campagne le 6 août dernier et alors que la course aux dons se poursuit en attendant l’élection présidentielle du 5 novembre prochain.

Dans la campagne présidentielle, le calcul des dons se fait sur la base de deux entrées de fonds principales : l’argent reçu par le comité des candidats et l’argent provenant de ressources extérieures. Selon les dernières données disponibles, le comité de campagne de Kamala Harris, a ainsi récolté 678,2 millions de dollars, contre 309,2 millions de dollars pour Donald Trump entre janvier 2023 et le 31 août 2024. Tandis que Harris a également terminé le mois d’août avec plus d’argent extérieur disponible que Trump (235,5 millions de dollars contre 134,6 millions), confirmant son avance en termes de trésorerie.

Cependant, les républicains rattrapent leur retard grâce aux comités d’action politique appelés Super PACs. Il s’agit d’organisations qui peuvent réunir des fonds illimités pour les candidats sans se coordonner directement avec leurs équipes de campagne. Ainsi, selon le site Open Secrets, les dix principaux Super PACs soutenant Trump ont collectivement levé environ 329,4 millions de dollars depuis le début de l’année, contre 256,6 millions levés par les dix principaux Super PACs soutenant Harris.

Pas besoin de "se vanter" des dons

Le rythme effréné de Kamala Harris suggère qu’elle a réussi à maintenir l’enthousiasme des donateurs, petits et grands, alors que la campagne entre dans la dernière ligne droite avant l’élection du 5 novembre, note NBC News. Les responsables de la campagne de la vice-présidente Harris n’ont toutefois pas encore communiqué le montant total qu’elle a récolté en septembre. Dans un article, le New York Times rapporte entre autres qu’elle ne veut pas se "vanter" de ses dons importants et rendre les électeurs complaisants.

En outre, un article du Washington Post suggère que son équipe de campagne est inquiète, considérant ne pas avoir assez pour gagner jusqu’à présent. Selon certains observateurs, l’information selon laquelle Kamala Harris bat des records pourrait nuire à la campagne en réduisant les collectes de fonds dans la dernière ligne droite. Certains cadres de son bureau politique déclarant ainsi au journal de Washington que la campagne continue de faire face à des "vents contraires importants" qui nécessiteront plus d’argent au cours des prochaines semaines. Ils ont indiqué que les sept Etats-clés (aussi appelé Swing States) restent dans la marge d’erreur, ce qui nécessite des plans de dépenses coûteux. Si la campagne de Harris récolte plus, elle dépense également davantage que celle de Trump, environ trois fois plus, selon la commission électorale fédérale.

Les petits contributeurs donnent moins à Trump

Face à Kamala Harris, Donald Trump ne s’en sort pas mieux. L’agence de presse américaine Associated Press (AP) a récemment observé que les contributions provenant de petits donateurs (moins de 200 dollars) à Donald Trump ont chuté depuis sa dernière campagne à la Maison-Blanche en 2020. Un défi financier pour l’ancien président, alors qu’il tente de suivre le rythme de la "machine à collecter de fonds" des démocrates.

Selon le site Open Secrets, Trump a récolté 98 millions de dollars auprès de ces donateurs jusqu’en juin, soit une baisse de 40 % par rapport aux 165 millions de dollars levés auprès de la même frange de population au cours de la même période lors de sa précédente campagne présidentielle. Cette baisse de dons a contraint l’ancien président Donald Trump à s’appuyer davantage sur les donateurs fortunés. Une stratégie qui contredit le message populiste qui l’a propulsé à la Maison-Blanche, analyse Associated Press (AP). Si ces dons sont si importants pour les candidats, c’est parce qu’ils sont en partie utilisés pour les publicités télévisées, les embauches du personnel dans les Etats-clés, ou encore pour faciliter les déplacements et sécuriser des données cruciales pour atteindre les électeurs cibles.

En outre, à moins d’un mois de l’élection, Kamala Harris semble avoir une fébrile avance dans les derniers sondages. Mardi 8 octobre, une enquête Ipsos réalisée pour l’agence britannique Reuters indiquait 46 % des intentions de vote pour Kamala Harris, contre 43 % pour le milliardaire, quand ce dernier affichait six points de retard dans une étude publiée deux semaines plus tôt.