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Октябрь
2024

Les trois carjackeurs qui sévissaient entre Allier et Creuse écopent de peines de prison ferme

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« Ce n’est pas idéal pour la clarté » de l’affaire. Après quarante-cinq minutes d’audience et quatre versions différentes d’une même histoire, la procureure ose enfin dire ce que tout le monde pense tout bas. Entendus jeudi 10 octobre par le tribunal judiciaire de Guéret, notamment pour des faits de carjacking en réunion et en état de récidive, les trois prévenus détenus, tous âgés d’une vingtaine d’années, ont l’air de ne pas avoir vécu la même aventure.

Un récit digne d’un « mauvais film »

Cette aventure aux allures de « mauvais film », d’après le ministère public, c’est celle de trois jeunes hommes qui, le 3 juillet dernier à Villebret, dans l’Allier, forcent une dame de 82 ans à sortir de sa voiture. Elle tombe sur le sol, se blesse à l’oreille et parlera plus tard aux enquêteurs d’une « impression de mort imminente ». Les protagonistes prennent la fuite dans son véhicule. S’ensuit une course-poursuite avec les gendarmes qui ne prendra fin que le lendemain, à Évaux-les-Bains, en Creuse. « Le 4 juillet, les gendarmes cueillent les prévenus au domicile de la sœur de l’un d’eux », rappelle la présidente du tribunal avant de donner la parole aux trois chauffards, Salim Nahhal, Stéphane Honoré et Oussama Zouaghi, dans cet ordre.

Dans un élan d’héroïsme, le premier prévenu détenu à être entendu dédouane ses partenaires. « Il faut être un homme et assumer ses actes. Ce véhicule, je l’ai volé seul. C’était mon idée. » Tellement héroïque qu’il en vient même à assumer un fait pour lequel il n’est pas poursuivi. Celui d’avoir brûlé un véhicule. « Je ne sais pas pourquoi il dit ça. C’était moi », dit un deuxième prévenu. « Vous pensez qu’on était deux dans la voiture mais j’étais seul », lance-t-il agacé à la présidente du tribunal avant de se voir rétorquer : « C’est une audience originale ». Sourires dans la salle.

Reconnus coupables pour le vol de cinq véhicules

Le troisième, moins enclin à l’héroïsme, livre une version des faits plus fidèle à celle des gendarmes. « On voulait tous les trois une voiture plus puissante. » Plus puissante que leur véhicule précédent, déjà volé sous contrainte par Stéphane Honoré et Oussama Zouaghi. Ces deux amis de longue date, multirécidivistes, ont d’ailleurs été auditionnés pour le vol de quatre autres véhicules entre le 21 juin 2024 et le 3 juillet 2024.

Dans la salle, l’une de leur victime est appelée à la barre. La voix tremblante, elle évoque un souvenir traumatisant qui « n’est pas rien psychologiquement ». Elle s’était arrêtée sur la route pour venir en aide à Oussama qui « se plaignait d’avoir mal à la poitrine ». Un stratagème, selon elle, pour lui voler sa voiture. « Quand il y aura un accident, je ne m’arrêterai plus », conclut-elle à regret. Dans le box, les prévenus se confondent en excuses.

S’il est difficile de démêler le fin mot de cette « expédition calamiteuse », comme la surnomme l’avocat de Salim Nahhal, la procureure dénonce de son côté « des faits presque inédits dans ce département. Il faudra du temps à la société que je représente pour leur refaire confiance ». Tous trois jugés coupables des faits qui leur sont reprochés, Oussama Zouaghi et Stéphane Honoré écopent de quatre ans de prison ferme assortis d’un sursis de deux ans et d’une obligation de soin, de travail et d’indemnisation des victimes. Il leur est également interdit de passer le permis de conduire pendant six mois. Salim Nahhal est quant à lui condamné à 18 mois de prison assortis d’un sursis de six mois auxquels s’ajoutent les mêmes obligations que ses compagnons.

Camille Moreau