Rabat : l’immigration est le «fonds de commerce populiste» de certains pays européens
Rabat n'a «pas à recevoir de leçons» en matière de lutte contre l'immigration clandestine a fait savoir le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, lors d'une conférence de presse tenue à Rabat le 8 octobre, avec le chef du gouvernement régional espagnol des Canaries, Fernando Clavijo.
Une déclaration qui intervient après que le débat sur la non-exécution chronique des OQTF (obligation de quitter le territoire français) a ressurgi en France après le viol et le meurtre de Philippine, une étudiante de 19 ans, retrouvée à moitié enterrée dans le bois de Boulogne dans l'ouest de Paris.
Le principal suspect est un jeune marocain de 22 ans, condamné pour viol en 2021, en situation irrégulière en France et sous le coup d'une OQTF.
Lors de sa prise de parole ce 8 octobre, le diplomate a estimé que sur la question migratoire la responsabilité était «commune entre les pays d’origine, de passage et de destination». Une question migratoire qui «occupe une grande partie de l’agenda politique intérieur dans certains pays européens, qui l'érigerait même "en fonds de commerce populiste"», selon des propos de Bourita, rapportés par la diplomatie marocaine.
Rabat prêt à reprendre tout clandestin «dont il est attesté qu'il est Marocain»
Le chef de la diplomatie marocaine a, entre autre, assuré que son pays était «prêt à rapatrier tout migrant irrégulier dont il est attesté qu'il est Marocain et est parti depuis le territoire marocain». «Le Royaume est prêt mais est-ce que l'autre partie est capable de le faire?», a-t-il ajouté.
M. Nasser Bourita: La politique migratoire définie par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste est fondée sur la responsabilité partagée, la lutte contre les stéréotypes et la mobilisation contre les réseaux de trafic d’êtres humains
— Maroc Diplomatie ???????? (@MarocDiplomatie) October 9, 2024
???? https://t.co/rkUVu0Uqzrpic.twitter.com/pdx92dAm3d
Selon des sources judiciaires citées par la presse française, les autorités marocaines n'auraient pas répondu aux demandes de la France de délivrer un laissez-passer consulaire. La presse française avait également rapporté que Rabat avait signalé aux autorités françaises qu'elles n'avaient pas transmis leur demande au bon service.
«Si ces migrants ne reviennent pas, c'est en raison d'obstacles de l'autre partie», a assuré Bourita.
Côté français, le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé le 3 octobre sur les ondes de RTL souhaiter l'allongement de la durée maximale de rétention des migrants en situation irrégulière et conditionner la «politique de visas à la délivrance des laissez-passer» consulaires. Dans un entretien au Figaro Magazine publié la veille, le ministre français avait également indiqué qu'en 2023, la France avait délivré au Maroc «238 750 visas», mais n'aurait obtenu «que 725 laissez-passer».