“Niki”, “The Apprentice”, “Lee Miller”… Voici les sorties de la semaine !
Niki, Céline Sallette
En sa qualité de premier film, Niki n’est certes pas exempt de maladresses : certaines tournures scénaristiques sont parfois trop attendues, comme lorsque Niki casse une assiette par inadvertance et se sent soudainement inspirée par les débris. Mais Céline Sallette réussit malgré tout le pari du biopic, car il nous laisse dans l’âme une certaine empreinte de l’artiste et le désir de s’y intéresser davantage.
Lire la critique de Maud Tenda
The Apprentice, Ali Abbasi
De facture très sophistiquée, le film n’en est pas moins un cuisant échec au regard de la seule véritable chose que l’on attendait de lui – et qui n’est certes pas une mince affaire : répondre à la question “Comment devient-on Trump ?” Inapte, et peut-être peu désireux de sortir le personnage de son unidimensionnalité et de sa bêtise sans fêlures, Abbasi n’a pas d’autre idée que : “En l’ayant toujours été.” C’est peut-être la vérité, mais c’est tout de même un peu léger.
Lire la critique de Théo Ribeton
Lee Miller, Ellen Kuras
Avec un casting impressionnant (Josh O’Connor, Alexander Skarsgård, Marion Cotillard, Noémie Merlant, entre autres), le film réussit l’exploit triple de rendre médiocres de bon·nes acteur·rices, de nous ennuyer avec un sujet aussi riche, et enfin de passer complètement à côté de son thème principal, à savoir la photographie de guerre, jamais vraiment interrogée et reléguée au rang de simple activité.
Lire la critique de Maud Tenda
Le Robot sauvage, Chris Sanders
Si Le Robot sauvage n’est jamais animiste, comme peuvent l’être les films de Miyazaki, son esprit mystique se loge dans sa foi en une peinture numérique aux vibrations neuves, et qui magnifie la nature comme seuls des programmes informatiques peuvent le faire. Les machines ont accouché d’une miraculeuse frondaison.
Lire la critique d’Arnaud Hallet
L’Histoire de Souleymane, Boris Lojkine
Acculant son personnage sous les malheurs, écrasé par toutes les forces antagonistes qui s’acharnent soudain sur son sort, le récit de Boris Lojkine vire à la stratégie narrative. Ici, un thriller trépidant, mené sans temps mort, qui échoue à élaborer un rapport au monde qui en saisirait toute sa complexité.
Lire la critique de Ludovic Béot
Terrifier 3, Damien Leone
Ici, s’ouvre une autre voie totalement incroyante : un gore scabreux, à la fois grisant et insoutenable, qui touche à des tabous y compris dans l’horreur (massacrer des enfants notamment), et nous laisse très singulièrement suspendus à ses profanations corporelles, aux immondices libératrices de son imagination sans aucune limite morale. Car il faut bien l’avouer : Art le Clown est un meurtrier irrésistiblement drôle, presque sympathique (on pense beaucoup au Jim Carrey de The Mask), et l’antagoniste du film, c’est plutôt cette satanée jeune fille qui a la désagréable manie de lui survivre.
Lire la critique de Théo Ribeton
La Noire de…, Ousmane Sembène (ressortie)
Ce long métrage militant, sombre, dénonce sans prendre de gants le comportement des ancien·nes colonisateur·rices. Mais La Noire de… est avant tout un film de cinéma, de mise en scène. Tourné avec peu de moyens et une sobriété de style d’une grande efficacité, c’est son image très contrastée, en noir et blanc, qui frappe d’emblée le·la spectateur·rice. À l’aide d’une voix off (dite par une autre actrice que Mbissine Diop), Sembène nous fait aussi entrer dans la tête de son héroïne, sa lente et inévitable plongée dans la dépression. Remarquable.