Implantation d'un quai de chargement de lithium dans l'Allier : les riverains toujours dans le flou
La quiétude règne toujours, là-haut, au pied de la forêt des Colettes. Pour toujours ? Depuis quelques mois, nombre d’habitants en doutent, en tout cas. Car c’est bien ce secteur que privilégie le groupe Imerys (*) pour y implanter un quai de chargement de minérai, à une quinzaine de kilomètres de sa future mine d’extraction de lithium d’Echassières.
Encore « du flou »Mais où, exactement ? Longtemps, les environs du lieu-dit Chalignat, au nord de Saint-Bonnet-de-Rochefort, ont tenu la corde. Suscitant la colère des habitants de ce paisible hameau. Mais, dans le compte-rendu du débat public, Imerys ouvre une autre voie, même si aucune décision n’est arrêtée. Cette option verrait l’usine de chargement être implantée un peu plus loin, sur la commune de Vicq, toujours en lisière de l’A71. Une nouvelle qui a de quoi rassurer les habitants de Saint-Bonnet ?
"Le but est qu’il y ait le moins de nuisances possible pour tout le monde"
« On a toujours dit qu’on ne voulait pas de ce quai sur la commune, relève le maire de Saint-Bonnet, Henri Giraud. Mais l’idée, ce n’est pas non plus de dire qu’il faut aller le construire chez les voisins. Le but est qu’il y ait le moins de nuisances possible pour tout le monde, surtout qu’ici à Saint-Bonnet, on a le Naturopôle, et un label Station Verte. »
Une volonté de moindres nuisances partagée du côté de la mairie de Vicq, où la situation est jugée encore trop « floue » pour pouvoir s’exprimer sur le sujet.Un flou qui prévaut aussi pour les habitants de cette commune voisine de Saint-Bonnet. Un village où « les gens parlent » du projet Imerys, constate Renée, habitante de longue date, consciente que si un quai de chargement venait s’installer par là, « on le verrait, c’est sûr ». Mais pas de quoi, pour elle, ne plus en dormir la nuit. D’autant qu’une forme de fatalisme semble germer. « C’est comme pour la création de l’autoroute. Au début, ça interrogeait. Et puis bon, elle s‘est faite. »
D’autres pistes ? "Pour trouver, il faut chercher !"Plus bas, Didier, exploitant agricole, pourrait lui voir le fameux quai s’installer au bout de ses terres. Et même dessus : Imerys pourrait s’en approprier 15 hectares pour implanter son quai. Mais pour l’heure, l’agriculteur reste serein. À condition de s’y retrouver financièrement, et que l’éventuel site de chargement soit construit proprement. Des attentes que l’intéressé a pu exprimer directement à Imerys. « En tout cas, je ne veux pas de la guerre. Et après tout, si on n’a besoin de batteries, c’est mieux de les fabriquer en France, non ? ».
Imerys souhaite trouver un site situé en lisière de la forêt des Colettes, et non loin d'une voie ferroviaire, pour implanter un quai de chargement de mica.
Les fabriquer en France, mais sans doute autrement, songent sans doute les collectifs mobilisés contre l’implantation d’un quai de chargement dans le secteur. Là, des riverains, notamment à Saint-Bonnet, sont mobilisés de longue date pour que le potentiel quai de chargement, dont il se dit qu’il pourrait atteindre 20 mètres de hauteur, ne soit pas implanté par ici. En tout cas, à Saint-Bonnet comme à Vicq, « il faut trouver un endroit où il n’y ait pas de nuisances sonores et visuelles pour les habitations », tonne Aurélie, membre active du collectif des riverains de Saint-Bonnet. « D’autres solutions existent pour implanter ce quai ailleurs ! Mais pour trouver, il faut chercher ». Et la riveraine d’évoquer aussi la piste d’un conduit souterrain qui conduirait directement le minérai d’Echassières à la future usine de conversion de Saint-Victor, vers Montluçon…
Ainsi, le collectif espère qu’Imerys pourra « exploiter d’autres pistes », un souhait partagé par l’association Préservons la forêt des Colettes, qui, par la voix de Jacques Morisot, craint que « dans tous les cas, il y ait des nuisances, notamment environnementales ». Et c’est pourquoi un recours en justice a été entamé, à la mi-septembre, pour que soit annulé un décret qualifiant le projet d’Imérys « d’Intérêt national majeur ».
(*) Contacté, le groupe Imerys indique « poursuivre des études » sur une éventuelle implantation du quai à Vicq.
Pierre Geraudie
Photos François-Xavier Gutton