Course à pied : pourquoi les inscriptions aux épreuves de running explosent en Auvergne
Égale ou supérieure. Et de rares fois il est vrai, histoire de valider l’exception qui confirme la règle, une participation moins fournie. En Auvergne, en effet, les diverses épreuves de course à pied 2024, en pleine nature, sur le bitume, dans les labours, enregistrent une hausse des engagements dont la courbe se relève parfois avec des airs d’exponentielle. Une accélération lancée depuis la rentrée 2023 et sous forte poussée cette année avant même le probable effet JO pas encore calculé.
Au-delà des simples constatations, de la doxa urbaine sur le nombre croissant de coureurs vus dans les rues dès potron-minet, à la pause de midi et jusqu’aux heures indues de la nuit, ou de la taille épaissie des pelotons observée derrière les arches de départ sur le territoire, l’engouement se mesure. En quantité quand ce n’est pas en vitesse…
Là, pas meilleure illustration que les dossards des Trails du Sancy-Mont-Dore, les 21 et 22 septembre dernier, ceux du 36 km envolés en une poignée d’heures et surtout de l’ensemble des courses, soit 3.052 inscriptions, partis en une semaine. Du jamais vu !
En termes chiffrés, il faudra patienter jusqu’à la fin de l’année civile pour une quantification exacte. Mais, dans le Puy-de-Dôme par exemple, les engagements running au 31 août 2024 flirtaient déjà, à quelques centaines près, avec le total de l’année 2023. Et dans l’attente, de toute façon, les épreuves auvergnates de running témoignent de l’emballement dans un bel ensemble.
À lire dans notre dossier : En Auvergne, l'impact du "terrain de jeu" : une région moteur en France. Courses sur route, le retour : elles résistent face au développement du trail-running. Cross-country, c'est dur mais c'est bon : l'exercice référentiel de la course à pied.
En vrac, dans une liste qui se terminera le 29 décembre prochain avec la corrida de Montluçon, dixit le fameux Biblipède : le Raid des Gabariers, en février dans le Cantal, passé de 261 l’an dernier à 359 enregistrements?; le record du PAL Run en avril, 741 arrivants en 2023, 1.602 en 2024?! En mai, côté site des Eaux de Volvic, la VVX, grimpée elle à 3.205 arrivés (2.785 l’année précédente)?; le mois suivant toujours dans le Puy-de-Dôme, les 13 km thiernois – 768 inscrits en 2023, 1.167 cette année – mais aussi en Haute-Loire, 4.206 traileurs de Saint-Jacques franchissant la ligne ponote pour 3.140 l’an passé. Un mouvement qui soulève autant le bitume comme l’affichent les grandes courses sur route auvergnates, Foulées Vichyssoises et 15 Km du Puy.
Les vacances passent-elles par là?? Qu’importe?! Le boom se fait estival (Monts du Haut-Livradois, Foulées des 2 Roches, Trail des 6 Burons) et les épreuves de rentrée cartonnent. Que le 1er septembre sonne et, ce même jour, le Trail’tout de la Jordanne, à Saint-Simon, gagne 29 engagements (de 140 à 169), les trails de la Langeadoise, 50 (de 185 à 235) et l’Effiatoise, et ses 5 et 10 km mesurés, s’offre un record d’engagements à 326 coureurs soit 20 % de plus que l’année dernière.
Un retour grandissant d’après-Covid qui sera sans doute renforcé par l’impact des JOEt puis, se présentent tous les événements au quota d’inscriptions limité, souvent pour éviter la surfréquentation dans les zones naturelles, qui affichent complet : le Trail de Vulcain (2.750 dossards), la Course des Volcans (1.000), l’Artière Trail (500) ou, dernière en date (28 septembre), La Sancylienne, seule épreuve format course en montagne d’Auvergne, dont le compteur, bloqué pour sa première à 250, a été atteint avant même la communication officielle.
Évidemment, les organisateurs accueillent ce flot de coureurs avec plaisir. Mais s’ils reconnaissent la vague de fond actuelle, ils mettent aussi fréquemment en avant l’implantation, donc les effets de l’enracinement dans le temps, et le soin apporté à leurs organisations. Parfois sous la forme d’une nouveauté : des parcours repensés (de 340 à 419 engagés à l’Ambertrail) ou une course ajoutée (de 788 à 875 partants à La Romagnatoise). D’autres ont simplement « tourné » dans l’autre sens comme à Super-Besse, en juillet, l’Envol de La Perdrix 2024 se perchant à 890 inscrits pour 602 en 2023. D’autres encore, à l’instar de Courir à Ydes, où les engagements ont doublé cette année (de 130 à 257 partants), profitent des effets de la labellisation.
La belle histoire sur le Trail'Tout Jordanne de Saint-Simon dans le Cantal : le doublé des sœurs Auriacombe [classement]
Qu’est-ce qui fait courir tout ce monde ? Les explications classiques même dépassées tiennent toujours la corde. Un sport universel, bienfaisant pour la santé et facile d’accès, plutôt abordable financièrement, tant en équipements qu’en engagements. Les tarifs auvergnats restent raisonnables en effet, particulièrement ceux des courses sur route, les prix grimpant logiquement sur les ultras de quelques grands trails. Des raisons plus en profondeur devancent ce plaisir pas cher. Les organisations qui ont dépassé, parfois doublé, les engagements d’avant-coronavirus, sont la norme.
Ce retour grandissant d’après-Covid va en outre mêler ses foulées au prévisible impact des Jeux olympiques. Et puis il y a le terrain de jeu. Non seulement l’Auvergne propose un incroyable choix, quasi exhaustif, de parcours possibles, dénivelés envisageables, purs paysages, mais elle l’offre à la majorité de ses habitants au pas de sa porte. Un short, un maillot, une paire de running et c’est parti !
Francis Laporte