"C'est mon coup de cœur de la tournée" : comment Baptiste Serin (Toulon) a pris Baptiste Jauneau (ASM) sous son aile

Ils se prénomment tous les deux Baptiste. Le premier figure parmi les demis de mêlée français les plus confirmés. Le second n’est qu’à l’aube d’une carrière que beaucoup annoncent prometteuse. À 30 ans, le Toulonnais Baptiste Serin possède une aura et un vécu que le Clermontois Baptiste Jauneau, 20 ans, est en train d’acquérir, au gré des capitanats compilés sous le maillot de l’ASM.

Lorsque ce dernier a poussé les portes de l’équipe de France pour la première fois en juin dernier, il y avait forcément de la réserve. Voire une certaine timidité. En tant que capitaine de cette tournée argentine, Baptiste Serin a pris les devants pour briser la glace avec son cadet.

« Je suis arrivé avec une petite déchirure au mollet et je ne pouvais pas m’entraîner, décrit le Clermontois. S’il a commencé rapidement par me chambrer, il m’a ensuite montré quelques exercices. Je ne pensais pas qu’il était aussi ouvert. J’ai été agréablement surpris. »

Des skills partagés sur le pied et les passes

Rien de plus normal pour le principal intéressé. « En fait, je me suis retrouvé dans son histoire personnelle. Ma première en équipe de France, je l’ai faite aussi en Argentine. Mais surtout, Baptiste est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Les choses se sont faites assez naturellement. Je voulais lui apporter cette petite présence pour qu’il se sente bien. J’ai surtout voulu le rassurer concernant son leadership. Je lui ai signifié qu’il devait dire les choses quand il avait envie de les dire. Et que ce n’était pas parce que j’étais capitaine qu’il fallait qu’il reste en retrait. J'ai surtout voulu le rassurer. Baptiste n’était pas là par hasard. Cette sélection, il l’a méritée. C’est juste une suite normale dans l’évolution de sa carrière. »

Un tel soutien spontané de la part d’un tel leader fait forcément chaud au cœur. Et cela fait grandir aussi. C’est en quelque sorte une formation accélérée. Au niveau de sa palette technique de demi de mêlée, l’Auvergnat a notamment découvert des tips au contact du Toulonnais. 

« On a passé un peu de temps sur le jeu au pied. J’ai essayé de reproduire son geste sur mon mauvais pied car, lui, il a les deux. Des fois, cela fonctionnait, d’autres fois beaucoup moins… Il m’a également montré des choses qu’il faisait pour tromper l’adversaire sur les temps faibles. J’ai découvert des aspects que je ne possédais pas forcément. Sur la passe, par exemple, j’ai pioché des choses intéressantes pour améliorer la mienne. C’est une super personne et je lui en suis vraiment reconnaissant. »

Des mots forts de la part du Clermontois qui touchent forcément l’homme aux 46 sélections.

"Il peut devenir un très, très grand"

« Cela me fait énormément plaisir de savoir cela. Mais je l’ai fait parce que j’en avais envie. Baptiste, c’est un super petit. C’est quelqu’un qui a soif d’apprendre avec une marge de progression énorme. C’est déjà un très, très bon numéro 9. Il peut devenir un très, très grand numéro 9 dans un style de jeu qui est propre à lui. J’ai réellement appris à connaître un bonhomme. Je me suis revu quelques années en arrière. C’est vraiment l’un de mes coups de cœur de la tournée. Il y a de bonnes relations humaines dans cette équipe de France. Et c’est vraiment cool. »

Dimanche soir, peu avant 23 heures, il y aura forcément un heureux et un déçu. Mais il est certain qu’entre les deux hommes, les paroles et les gestes resteront très chaleureux. Peut-être même que Baptiste Serin retrouvera quelques tips donnés à son jeune adversaire quelques semaines plus tôt. Une belle occasion pour de nouveaux chambrages… 

Arnaud Clergue