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Октябрь
2024

Fermée depuis un an, cette église du Puy-en-Velay reste dans l’attente de travaux de sécurisation

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Elle aurait dû fermer pour neuf mois et pour des raisons de sécurité. En réalité, les portes de l’église Saint-Laurent sont closes depuis un an désormais. L’arrêté municipal de fermeture remonte à début octobre 2023. La dernière messe à avoir au lieu dans l’édifice (l’un des plus grands de la ville avec Sainte-Thérèse du Val-Vert), c’était le 8 octobre de l’année dernière. Et rien pour le moment ne permet de fixer une possible date de réouverture. « Le plus tôt possible », se contente de dire le maire, Michel Chapuis. Les travaux de sécurisation de la nef ont pris du retard. Un premier appel d’offres s’est révélé infructueux.L’église Saint-Laurent fondée au XIVe siècle par les frères Dominicains est un édifice classé Monument historique depuis mai 1906. Les désordres observés à l’intérieur ne datent pas d’hier. Les derniers ont été observés en mai 2023 (d’où la décision de fermeture) par le cabinet Étienne Barthélemy et le bureau d’études structure GB Consultant.

« L’architecture même de l’église contraint énormément les structures », rappelle dans un rapport la première adjointe, Caroline Barre. La voûte de la nef repose sur des piles élancées et les voûtes des collatéraux, plus basses, ne permettent pas une bonne transmission des efforts. L’humidité remonte dans les piles. « Les piliers sont remplis de pouzzolane et sous l’effet de l’eau, ils flambent et s’écartent », résume le maire du Puy. Lors d’une campagne de travaux antérieure, des contreforts massifs ont été rapportés de part et d’autre de l’église afin d’éviter qu’elle ne « s’ouvre en deux ».Deux fois au cours de son histoire, en 1417 et en 1525, les voûtes du chœur de l’église se sont effondrées. En 1966, l’inclinaison des piliers était devenue tellement préoccupante (5 mm par an) que des tirants et des corsets de frettage furent mis en place, mais sans réelle efficacité. L’édifice fut donc fermé au public à partir de 1971 afin d’entreprendre une campagne de grands travaux de consolidation.Des témoins avaient été installés et à l’avenir une instrumentation plus sophistiquée.De 1975 à 1978, quatre pinces en béton armé précontraint furent coulées dans les combles afin de contenir les efforts des voûtes sur les piliers. « Des tonnes de béton », insiste Michel Chapuis. Ces travaux réalisés par l’architecte André Donzet sont un cas d’école dans l’histoire de la restauration des monuments historiques. En 1977, suite à un séisme, le premier pilier sud s’est lézardé entièrement et la voûte s’est affaissée. En 1978 un autre pilier en fond de nef a connu les mêmes problèmes et a dû aussi être remplacé.

Consolidation avant analyses

Ces problèmes structurels illustrent donc les contraintes importantes existantes dans l’édifice. Aujourd’hui, des mesures urgentes doivent être mises en place avec ces deux piliers fortement fragilisés et devant être frettés. Les travaux consistent à mettre en place des bastaings en bois verticaux sur toute la hauteur des piliers et à réaliser un cerclage en acier pour sécuriser et étayer les deux piliers de la nef de l’église afin d’éviter la rupture et leur effondrement.Le coût hors taxes prévisionnel de l’opération s’élève à 107.530 euros. Les travaux sont pris en charge à 45 % par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), 25 % par le département, 10 % la Région, 20 % par la Ville soit 43.000 euros, avant récupération du FCTVA (Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée).

Une fois la consolidation réalisée, un deuxième marché sera lancé afin de poser des instruments d’analyse pour surveiller la structure. « C’est seulement une fois ce dispositif en place, qu’on pourra envisager une réouverture », annonce Michel Chapuis.L’arrêté municipal a été réinstallé cet été sur la porte d’entrée de l’église.Ensuite, il restera encore malgré tout beaucoup à faire sur cette église. Une estimation de la Drac faisait état de 7 millions d’euros ! Michel Chapuis concède « un vrai problème de financement », d’autant plus que d’autres interventions attendent dans d’autres édifices religieux comme l’église du Collège dans sa partie mitoyenne avec le collège Lafayette.Pour Laurent Johanny, conseiller municipal d’opposition : « Ces travaux d’urgence sont évidemment nécessaires pour préserver le patrimoine. Ces sommes investies s’ajoutent à des chantiers d’ampleur engagés ces dernières années comme aux Carmes. Dans le contexte financier, il nous paraît important d’avoir accès à un détail de ces sommes pour le mandat en cours. La question de la soutenabilité pour notre commune se pose ». 

Philippe Suc