Cent quarante scouts toujours prêts à s'engager, dans l'agglomération de Moulins
Dans l’arrondissement de Moulins, cent dix mineurs et une trentaine de jeunes adultes sont membres des scouts unitaires de France, seul mouvement scout présent localement, outre un groupe des Éclaireurs de la nature, dans le Bocage.
Ce samedi, plusieurs dizaines d’entre eux seront en ville pour vendre les calendriers de leur groupe et financer leurs activités. « Nous nous réunissons une fois par mois et l’année se clôture par un camp d’une semaine », explique Albane Roy, cheftaine des « Jeannettes », le groupe des filles âgées de 8 à 11 ans (1). Leur camp, cet été, dans le parc d’un château de Saint-Pourçain-sur-Sioule, coûtait seulement 62 € aux parents.
« Nous, notre camp dure deux semaines », raconte Charles Remond qui s’occupe des « Routiers », les jeunes adultes hommes.« Une partie de mon engagement tient à la recherche de financements pour que les parents aient le moins possible à débourser. On rend service en échange de dons », détaille l’étudiant en management. « On rend aussi service sans contrepartie, notamment dans la restauration du petit patrimoine », précise-t-il.
Vente des calendriers des scouts, samedi 5 octobre, à partir de 14 h 30 à la cathédrale, puis dans les rues de Moulins, jusqu’à 18 h 30 devant l’église du Sacré-Cœur, place d’Allier.
L’engagement, c’est l’un des bénéfices du scoutisme qu’a relevé l’Institut de sondage l’IFOP, lors d’une enquête en mai 2024 (2).87 % des anciens scouts sont bénévoles dans des associations, contre 33 % des Français.Leur taux de participation aux élections est aussi plus élevé : 95 % votent !Plus étonnant, 82 % d’entre eux sont préoccupés ou très préoccupés par le réchauffement de la planète et ses conséquences, contre 77 % pour les Français. « C’est mon cas », concède Charles.
Les changements climatiques, on les voit en forêt quand on part en exploration. Les arbres sont plus fragiles, ils sont attaqués par des champignons, par des insectes. D’un point de vue sécuritaire, on est très sensibilisé au risque de feu de forêt. Je me demande comment ça va se finir si on ne change pas nos comportements.
Ces préoccupations n’engendrent pas d’anxiété, selon l’enquête IFOP qui souligne au contraire « la bonne santé mentale » des anciens scouts.93 % des sondés vont “bien” et 33 % vont “très bien”, contre respectivement 72 % et 10 % pour la population française.
« Ce n’est pas qu’on va mieux, c’est qu’on a appris à être apte à parler », estime Charles. « Par exemple, en camp, on apprend à gérer les difficultés et la fatigue, ça forge des amitiés fortes. » Il faut dire aussi que les Scouts Unitaires de France, du moins à Moulins, sont bienveillants.
Il n’y a plus de bizutage depuis longtemps et c’est plus ouvert d’esprit. On peut ne pas être baptisé, avoir des parents séparés, etc.
L’important, c’est le respect de soi, des autres, le courage, la gentillesse… « Toutes ces valeurs, on les apprend aux enfants, mais sans donner l’information directement, en passant par le jeu », souligne Albane Roy qui se destine au métier d’institutrice (3).« On rencontre toujours de nouvelles personnes quand on est scout, quand on part en exploration. On apprend à s’adresser à des inconnus, à se comprendre, la politesse… Tout ça, ça aide à aller bien », estime aussi la jeune femme.
Autre information étonnante de ce sondage : seulement 43 % des sondés regardent la télévision tous les jours, contre 81 % des adultes en moyenne.Enfin, l’enquête expose les bénéfices du scoutisme pour l’insertion dans la vie adulte et professionnelle.93 % des anciens scouts déclarent que l’expérience scoute est « utile ». Ils estiment avoir développé sens du collectif, sens des responsabilités et capacité à se débrouiller seul. Des qualités qui s’acquièrent en vendant des calendriers dans la rue ?
Stéphanie Ménastephanie.mena@centrefrance.com
(1) Il existe six groupes, selon l’âge : Guides aînées, Guides et Jeannettes chez les filles ; Routiers, Éclaireurs et Louveteaux chez les garçons.(2) Sur un échantillon de 2.355 adultes ayant participé à l’un des trois principaux mouvements (Scouts et Guides de France, Guides et Scouts d’Europe et Scouts Unitaires de France) sur la base des 22.500 contacts issus de ces mouvements.(3) Les jeunes adultes scouts qui encadrent les groupes d’enfants scouts ne sont pas diplômés d’un Bafa, mais d’un CEP (camp-école préparatoire).Le groupe des Jeannettes (8-11 ans) et leurs cheftaines, lors du camp estival 2024. Photo Albane Roy