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Октябрь
2024

"Ça a duré 10 secondes. C’était de la panique" : une nounou condamnée pour avoir secoué un bébé en Corrèze

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C'est une crainte que de nombreux parents ont en tête, au moment de confier leur enfant en bas âge : la peur du bébé secoué. Jeudi 3 octobre, le tribunal correctionnel de Brive (Corrèze) a étudié le dossier d’une assistante maternelle, vivant à Beyssenac, qui devait répondre de blessures aggravées sur un garçon âgé d’un an. Des faits remontant à octobre 2022.

L'enfant dans un état grave au CHU

Ce jour-là, les pompiers avaient été appelés vers 12 h 30 par la nounou mise en cause, qui exerçait depuis un mois. Le bébé, qui présentait des blessures gravissimes, avait été transféré à Limoges. À son arrivée au CHU, l’enfant, à la limite de la détresse vitale, avait été placé dans le coma. Un scanner avait fait apparaître un hématome sous-dural ainsi que des saignements au niveau de la rétine. Le chirurgien constatait durant son intervention un arrachement veineux. Plus tard, l’expertise médicale mettra même au jour un second hématome plus ancien et une ITT de 60 jours sera prescrite. « Aujourd’hui, l’enfant a de lourdes séquelles, un retard psychomoteur. Le dernier rapport médical de décembre 2023, fait état de difficultés à saisir un objet et à interagir. Ce n’est pas un enfant comme les autres », a annoncé Me Philippe Caetano, avocat de la partie civile, à l’audience.

Dans ce contexte, les soupçons s’étaient alors portés vers l’assistante maternelle, 39 ans. À l’audience, elle est revenue sur les circonstances. « Nous étions à table, il ne voulait pas manger sa purée. Il donnait des coups de pied dans la tablette de sa chaise haute. Je l’ai attrapé par les bras pour le mettre sur l’évier. En y repensant, mon geste était un peu brusque », a raconté la prévenue, avant de décrire une seconde scène, dans la continuité de la première. « Pour le calmer, j’ai voulu lui mettre de l’eau avec un gant, mais je l’ai mouillé. Je l’ai mis par terre pour saisir une serviette. Je lui essuyais énergiquement la tête. Ça a duré 10 secondes. C’était de la panique », a-t-elle assuré.

Deux scènes de violences

Entre ses deux scènes, se trouve sûrement la cause de liaisons graves commises contre l’enfant. Mais jamais la prévenue ne parlera d’une volonté de faire mal à l’enfant, même si dans l’enregistrement de son appel aux secours, on l’entend dire au médecin urgentiste « s’être sévèrement fâchée ».

« Mais quand vous avez sa tête entre vos mains et que vous l’essuyez, a insisté Émilie Lasbats, substitute du procureur, vous dites que vous ne la voyez pas à cause de la serviette, mais durant ces dix secondes, vous la sentez. Est-ce que sa tête a été balancée ? ». Réponse de l’intéressée : « Peut-être ». Il faudra se contenter de ces aveux feutrés.

Une version des faits a minima

« Quand elle essuie la tête, c’est un geste volontaire sur le plan juridique. Mais dans son esprit, elle n’a pas voulu volontairement lui faire du mal. D’ailleurs, elle appelle immédiatement les pompiers quand il fait un malaise », a tenu à souligner Me Faure Roche pour la défense. Constatant le décalage entre le rapport médical et les détails donnés par la nounou, le tribunal est entré en voie de condamnation. Gladys Lavialle a été condamnée à trois ans de prison dont un an ferme aménageable sous la forme de détention à domicile.

Une interdiction définitive d’exercer une activité en contact avec les enfants a été prononcée.

Elle devra aussi s’acquitter d’une provision à hauteur de 15.000 euros. « Pour mesurer l’ampleur des séquelles, il faudra attendre la majorité de l’enfant et la fin de son développement », a déploré l’avocat Me Caetano.

Pierre Vignaud