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Октябрь
2024

À Vichy, ce n’est plus un conseil municipal, c’est un TGV

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Record battu. Trente-cinq minutes de conseil municipal, lundi 3 septembre, appel des élus compris. Comme à son habitude, le maire LR de la cité thermale a mené la session tambour battant, avec la même antienne, pour chacun des 46 points à l’ordre du jour : « Des questions?? Des abstentions?? Des oppositions?? Unanimité, merci. »

Les conseillers municipaux connaissent la méthode : Frédéric Aguilera souhaite voir les sujets débattus et tranchés en commission, pas en conseil. Une méthode, et son effet : aucun élu de la majorité, ou presque, ne prend la parole en session.

Reste l’opposition. Elle fait ce qu’elle peut, réduite à sa portion la plus congrue. Et à tenter de suivre cet ordre du jour défilant aussi vite qu’un générique de film.

« Ça va trop vite, il faut que je vous interrompe »

Sa collègue Magali Dubreuil et lui auront interpellé le maire à cinq reprises, lundi. En provoquant le débat une fois, via une question sur le projet de nouveau quartier, Vichy Lac.

Où en est Vichy Lac ?

« Pouvez-vous nous indiquer où en est le projet?? Et il nous a été dit en commission que les familles avaient beaucoup de mal à se loger à des prix abordables à Vichy, est-ce qu’avec ce projet nous pouvons avoir la garantie que les familles puissent revenir et ainsi enrayer la baisse régulière des effectifs scolaires et la fermeture de classes dans notre ville?? »

« Les contrats sont signés, nous sommes en période de préparation des phases opérationnelles, cela devrait durer une grosse année », a répondu Frédéric Aguilera. Puis, sur le fond : « Ce n’est pas tant une problématique de ne pas pouvoir se loger. Nous avons une spécificité, à Vichy, c’est d’attirer les préretraités et les retraités, dans la configuration actuelle. Alors on gagne des habitants, et c’est une très bonne chose. Mais avec les politiques d’urbanisation actuelles, on peut espérer qu’à terme, on puisse récupérer des familles. »

Il poursuit : « Ce n’est pas vraiment une problématique de montant de loyers, mais davantage de typologie, d’autant plus que nous disposons de beaucoup d’appartements. Mais si, globalement, il n’y a pas de sursaut démographique, ça va de toute façon poser un souci. C’est notre difficulté : il faut qu’on remonte la pente au moment où la démographie globale baisse. Ce n’est pas un pari facile à gagner dans les 10 ou 15 prochaines années. »

Une histoire de taxe foncière

Autre échange, à propos du principe de l’instauration d’une taxe sur les friches commerciales. « Le principe de cette taxe est bon, a salué Magali Dubreuil. […] Nous voterons donc favorablement cette décision. […] En outre, comme nous parlons des taxes, nous en profitons pour demander une nouvelle fois une hausse de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, qui est bien en dessous de la moyenne des villes de même strate que Vichy et une baisse du taux de taxe foncière qui est bien au-dessus de la moyenne des villes de même strate que Vichy. Il est logique que les personnes qui habitent à l’année à Vichy ne soient pas celles qui payent le plus. C’est aussi ça la justice fiscale. »

« Je ne doute pas une seconde que vous en reparlerez en mars, lors du vote du budget. Je vais préparer ma réponse. Vous savez, à mon âge… »

Jean-Pierre Sigaud, élu d’extrême droite, a choisi ce moment pour prendre la parole : « Moi, j’ai horreur des impôts, donc je suis contre. »

Voilà. Des discussions polies, donc, quand discussions il y a. Polissées, même. Pas de heurts, pas de coups bas, pas d’attaques personnelles. Et c’est tant mieux, la politique en sort grandie. Mais le débat, lui, reste réduit, en tout cas en conseil municipal, au strict minimum. Un moment d’exercice de la démocratie locale, ouvert au public, mais au cours duquel ce dernier n’en tirera finalement pas grand-chose, à moins d’aller compulser les documents a posteriori.

Le maire va vite, très vite (trop peut-être??) et l’opposition reste très (trop peut-être??) courtoise. Il ne faudrait pas perdre de vue que, déjà, les élections municipales 2026 poignent à l’horizon. Et les résultats des récents scrutins enseignent notamment que le débat n’est jamais superfétatoire, quand il s’agit de la santé de la démocratie.

Matthieu Perrinaud