Une huile de luxe inventée par un ancien professeur de sport à Guéret
Il faut un kilo de cèpes frais pour fabriquer une petite bouteille de 250 ml d’huile parfumée (vendue 20 euros). Le précieux nectar permet de sublimer des œufs brouillés, un écrasé de pommes de terre, un velouté de potimarron ou un magret de canard. « C’est une explosion de saveurs pour pas cher, résume Charles Dupuis. C’est un peu onéreux à l’achat, mais ça dure longtemps. » Un ménage consomme environ une bouteille par an.
Cet épicurien s’est lancé dans la fabrication d’huile aux cèpes un peu par hasard il y a deux ans. « Un jour, j’avais ramassé beaucoup de champignons. Le soir, j’en ai eu ras le bol de tout préparer, j’en ai laissé dans la casserole, raconte-t-il. Le lendemain, j’ai goûté l’huile de cuisson. J’ai trouvé qu’au niveau du goût, il y avait quelque chose à faire. »
Professeur de sport au lycée Jean-FavardProfesseur de sport au lycée Jean-Favard à Guéret, Charles Dupuis a d’abord testé son activité en auto-entrepreneur en 2022. À l’époque, il enseigne la journée et fait ses huiles le soir et le week-end. Cette année, il a pris une disponibilité pour s’occuper à 100 % de son entreprise.
Sa société, baptisée Ô’cèpes, a été officiellement créée en décembre 2023. Il fabrique son huile parfumée dans un laboratoire installé dans le quartier de la Rodde à Guéret.Les champignons viennent de sa propre récolte, effectuée essentiellement en Creuse, mais aussi un peu en Haute-Vienne et en Haute-Corrèze. « Je me déplace en fonction des poussées, indique-t-il. Je demande toujours l’autorisation au propriétaire de la parcelle. » Originaire de Saint-Junien (Haute-Vienne), Charles Dupuis est passionné de champions « depuis tout gamin ».
Avec de l’huile de pépins de raisinIl utilise de l’huile de pépins de raisin pour fabriquer ses produits. « J’ai fait des essais avec du colza et de tournesol. Ce qui marche le mieux, c’est l’huile de pépins de raisin. » Il se fournit actuellement à Coutras, en Gironde, et va bientôt collaborer avec un nouveau fournisseur d’huile installé à Angoulême. « Je travaille un maximum avec des producteurs locaux. » Les bouteilles en verre viennent par exemple de Brive et les étiquettes sont fabriquées à Feytiat, près de Limoges.
Après un minutieux nettoyage, les cèpes sont séchés de manière « à ne pas dénaturer les nutriments ». Il y a deux phases de cuisson et de macération avec l’huile de pépins de raisin. Le liquide est ensuite séparé des champignons afin d’être mis en bouteille.
Aussi des chipsCharles Dupuis fabrique également des chips avec les cèpes qui ont servi à parfumer l’huile. Ainsi, rien ne se perd. L’entrepreneur a déposé des brevets pour l’huile et les chips de cèpes.
Il travaille pour le moment seul et fait tout lui-même. Même si c’est fatigant, il ne regrette pas son changement de vie. « Je m’épanouis », glisse-t-il avec un large sourire.
Son huile de luxe séduit les gourmets amateurs de produits d’exception. Elle a aussi conquis les chefs cuisiniers. « C’est un formidable exhausteur de saveurs », selon Charles Dupuis. Des restaurateurs l’utilisent à Limoges, Royan et La Rochelle. Le Guérétois a même réussi à bluffer des chefs étoilés, comme Christopher Coutanceau de La Rochelle. « Il recommande mon huile sur des coquilles saint-jacques ou des huîtres. »
Trophées des entreprises de la CreuseLa société Ô’cèpes est nommée dans la catégorie « Innovation » des Trophées des entreprises de la Creuse 2024, qui auront lieu le 12 novembre à Guéret. Les inscriptions pour participer à la soirée seront ouvertes à partir du 12 octobre.
Texte : Catherine PerrotPhotos : Bruno Barlier