Avant le nouvel appel d’offres, les Halles ponotes sont-elles rentables ?
La société les Halles Ponotes, concessionnaire du service public délégué, se doit de produire chaque année un rapport d’information comportant notamment les comptes retraçant la totalité des opérations de l’année écoulée. Les premiers chiffres d’exploitation ont été dévoilés en conseil municipal vendredi.Rappelons que la ville a confié la gestion du marché couvert à cette société représentée par Guillaume Fourcade et son associé, le brasseur Frédéric Bayer, pour une durée de 10 ans.
« On doit assurer une continuité », explique Jean-François Exbrayat
La mise à disposition des installations est intervenue le 18 janvier 2023. À charge pour le concessionnaire dans le cadre de la mise en place d’une offre commerciale, reposant « sur la diversité et la qualité des produits locaux » de gérer directement l’ensemble des espaces commerciaux et de contractualiser directement avec les commerçants sélectionnés, auprès desquels il perçoit une redevance.L’autorité concédante, autrement dit, la collectivité, a confié au titulaire l’exploitation du restaurant et du bar. Ce même concessionnaire exploite les Halles « à ses risques et périls » selon la formule consacrée. Il perçoit, en contrepartie de ses obligations et des charges qui lui incombent, les redevances des commerçants, les recettes provenant de la commercialisation des espaces publicitaires, et bien entendu les recettes du restaurant et du bar qu’il tient de la convention.La redevance annuelle versée à la collectivité se décompose en deux parties : une partie fixe de 18.000 € H.T. par an sur toute la durée de la convention, excepté la première année pour laquelle cette partie fixe est ramenée à 9 000 €. Une partie variable représentant un pourcentage du chiffre d’affaires hors taxe, étalé sur cinq tranches de 0 % à 12 %.Marché couvertDu fait du retard des travaux, l’exploitation de la Halle n’a réellement débuté qu’en février 2023. Les éléments financiers retracés au compte d’exploitation 2023 font apparaître un chiffre d’affaires de 1.345.853 € (pour un prévisionnel de 770.335 €) tandis que les charges d’exploitation s’élèvent à 1.371.859 €.Ce chiffre d’affaires se décompose entre : le bar (701.130 €), le restaurant (176.195 €), deux autres cellules exploitées 147.135 € + 149.423 soit 296.558 €, d’autres recettes perçues auprès des commerçants : 171.373 €.Les commerçants seraient a priori satisfaits de la fréquentation, du niveau d’activité. Seule la boulangerie (stand 11) n’a pas trouvé son modèle économique. Trois mois après l’ouverture, en mai 2023, l’exploitant s’est retiré. Le stand a été aussitôt repris par un professionnel de la petite restauration basée sur la cuisine italienne. Fin juillet de cette année, après une année d’exploitation, l’activité a été placée en liquidation judiciaire. Ainsi une cellule commerciale sera bientôt disponible.Le délégataire emploie 26 personnes : 20 en CDI principalement en qualité d’employés de bar, de plongeurs et commis de cuisine, 1 chef de cuisine et 1 adjoint. Une salariée, responsable de la halle assure la partie administrative. Deux CDD renforcent respectivement le bar et la cuisine. Quatre apprentis dont un en communication sont également salariés de la société Les Halles ponotes.
Une exploitation déficitairePour une première année exploitation, la situation financière est certes déficitaire - 18.000 € - mais pas catastrophique. Il n’en va pas de même de la situation juridique qui a été rappelée en conseil municipal sans la présence du maire, Michel Chapuis, directement concerné par une enquête du tribunal administratif et qui a dû quitter la salle. Du fait de supposées irrégularités dans le choix de l’attribution du marché, le contrat liant la collectivité et le délégataire a été annulé (le 3 juin 2024), suite au recours administratif du candidat non retenu. Cette décision judiciaire prendra effet le 1er avril 2025 avec maintien jusqu’à cette date de l’activité et du service, le temps pour la commune d’organiser une nouvelle consultation.Marché couvertAutrement dit, les Halles restent donc ouvertes tandis que la ville prépare d’ores et déjà une nouvelle convention dont le principe a été soumis au vote des élus lors du conseil municipal vendredi. La consultation prévue par le code de la commande publique sera donc lancée puisqu’approuvée, sauf par les élus de l’opposition.
Le choix d’une nouvelle concession pour 7 ansLa concession a été fixée pour une durée de 7 années à compter du 1er février 2025 ou à une date postérieure si les contraintes procédurales le justifient. Le futur concessionnaire devra continuer l’exploitation des installations existantes à savoir le bar et le restaurant. Il devra maintenir a minima pendant trois ans, les commerçants installés, aux mêmes conditions.Au conseiller municipal d’opposition Laurent Johanny qui s’interroge sur le choix de maintenir les commerçants en place, l’adjoint Jean-François répond : « Ceux qui ont investi ont besoin de visibilité et trois ans semblent nécessaires ». L’opposition de gauche, dès le départ, s’était opposée au principe de concession lui préférant une régie directe. Du reste, la minorité municipale aurait bien vu en ce lieu une mise en valeur des produits locaux, un débouché pour le maraîchage. Si Jean William Semeraro dit pour sa part comprendre le souci de « ménager » l’emploi existant, il émet des réserves : « Dans le cadre d’un nouvel appel d’offres, il me semble délicat d’imposer à des candidats de reprendre in extenso la même organisation avec des sous-traitants contractants du délégataire ».
La ville a fait appel de la décision du tribunal administratif. Or, si la justice ne venait qu’à lui donner raison, « pourquoi lancer un nouvel appel d’offres ? », s’interroge Jean-William Semeraro. Réponse de Jean-François Exbrayat : « On a un outil qui fonctionne, une véritable boucle marchande, on a un bâtiment qui ne coûte pas d’argent, qu’on a restauré. Par ailleurs, j’aurais de mal à dire aux 11 exploitants, vous devez partir. On doit assurer une continuité ». Après le choix d’un nouveau délégataire qui prendra ses fonctions et si la cour administrative d’appel annulait bien plus tard la décision qu’adviendrait-il de la structure ? Roland Longeon l’admet : « Il y aurait alors forcément des conséquences ».
Une action en faveur du consommer localÀ partir du 1er novembre, la ville relance l’opération « Coup de pouce pouvoir d’achat », en injectant 20.000 € dans le commerce local. La municipalité veut privilégier le consommer local, dynamiser les quelque 350 cellules commerciales actives. Dans le passé une telle initiative a été plutôt bien accueillie, même si une partie de l’opposition municipale, regrette qu’aucun critère de revenus n’ait été instauré. Cette opération en collaboration avec l’office de commerce et de l’artisanat permet d’acquérir jusqu’à 4 bons d’achat « Euro Ponot » de 10 € à utiliser dans les boutiques hors tabac, presse, hôtel, restauration, café et jeux d’argent. Pour les obtenir, les consommateurs devront se présenter à l’Office de commerce, rue Saint-Pierre munis de sa/ses preuves d’achats. Les tickets de caisse sont cumulables. Entre 50 et 100 € d’achat effectué cela donne droit à 10 € de bons. Au-delà de 100 €, ce sont 20 € de bons.
Philippe Suc