Pourquoi l'activité du centre d'hospitalisation de Chanat-la-Mouteyre va être transférée à la clinique de Durtol
Des milliers de personnes sont passées entre leurs murs : la clinique médicale cardio-pneumologie de Durtol et le centre d’hospitalisation de Chanat-la-Mouteyre figurent parmi les établissements de santé historiques du Puy-de-Dôme. Les deux sites, qui furent des sanatoriums à leurs créations (lire par ailleurs), vont lier leurs destins dans les prochaines années. Explications.
Durtol, Chanat : de quoi parle-t-on ?La clinique de Durtol, avec ses 120 lits pour 110 salariés, est un établissement de soins de suite et de réadaptation (SSR, désormais appelés SMR pour soins médicaux et de réadaptation) spécialisé en cardiologie et pneumologie. À près de huit kilomètres de là, au nord-ouest, le centre d’hospitalisation de Chanat-la-Mouteyre, 78 lits pour 90 salariés, est également un centre de soins de suite polyvalent, orienté sur la gériatrie. Tous deux sont gérés par des associations à but non lucratif. « Nos activités sont à la fois complémentaires et différentes », expose Hervé Lac, directeur de la clinique de Durtol.
Pourquoi ce transfert d’activité ?Le dossier n’est pas nouveau : « Dans les années 2010/2012, avec la création des Agences régionales de santé, on passe à une logique d’organisation des territoires et le terme de taille critique apparaît parmi les acteurs de la rééducation en France », raconte Pascal Bertocchi, directeur d’Alteris, association propriétaire du site de Chanat-la-Mouteyre.
La réflexion reste, localement, sans suite, mais elle est relancée ces dernières années, lorsqu’Alteris, avant tout spécialisée dans la protection de l’enfance, est confrontée à de nouvelles réglementations et de nouveaux besoins liés entre autres au passage de SSR à SMR. « On a l’obligation de créer un accueil de jour, ce qui est compliqué à Chanat sans transport en commun, détaille Pascal Bertocchi », qui ajoute :
Les investissements sont aussi colossaux pour mettre le bâtiment aux normes de confort et de sécurité au travail. L’enjeu de la taille critique, que l’on situe à 200 lits, se pose aussi pour l’organisation des astreintes de médecins, les achats de fournitures, etc.
Tout un ensemble de facteurs, sans oublier des difficultés de recrutement marquées à Chanat, expliquent donc le rapprochement entre les deux établissements.
Comment ce rapprochement va-t-il se traduire ?Dans les faits, il a déjà commencé : la clinique de Durtol dispose d’un mandat de gestion du site de Chanat-la-Mouteyre depuis le 1er janvier. Ce mandat doit se transformer en reprise de l’agrément d’exploitation le 1er janvier 2025. « C’est important d’y aller par étapes pour ne pas changer d’employeur et de lieu du jour au lendemain », précise Pascal Bertocchi.
Car le projet doit conduire au transfert de toute l’activité et du personnel de Chanat sur le site de la clinique de Durtol. Pour cela, « on va construire une aile supplémentaire de 80 lits », annonce Hervé Lac. Cet investissement de 11 millions, pour construire un bâtiment de 2.000 m² (la clinique s’étend aujourd’hui sur 6.000 m²), doit permettre à l’établissement durtolois de devenir « un haut centre en soins médicaux de réadaptation » (cardiologie, pneumologie, polyvalent), souhaite son directeur. L’ouverture de cette aile est espérée en 2027.
Quel avenir pour le site de Chanat-la-Mouteyre ?Le site doit accueillir dans les prochains mois un « village d’enfants », un dispositif d’accueil d’enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE), mais cela se matérialisera par la construction de six maisons. Quid du bâtiment de trois étages, pour 3.000 m², qui abrite aujourd’hui le centre de soins ? « La réflexion est en cours, explique Pascal Bertocchi. C’est un projet à très long terme, ça va prendre du temps. »
L’établissement de Chanat-la-Mouteyre a lui été créé en 1925 par l’entreprise Michelin : il s’agissait alors également d’un sanatorium, « avant de devenir un centre post cures dans les années 70 puis un centre de soins de suite et de réadaptation dans les années 80/90 », expose Pascal Bertocchi.
Arthur Cesbron