Fermeture d’écoles, départs à la retraite et cours saturés : la Creuse subit une pénurie de profs de danse
Après 40 ans de bons et loyaux services, Pascale Perlier a pris sa retraite. La professeure de danse classique et modern’jazz a fermé son école guérétoise, laissant un gros vide. « J’ai des élèves qui ont dû arrêter, faute de prof, ça me fait mal au coeur », confie la jeune retraitée. Fanny Avarello, professeure de modern’jazz, street jazz, contemporain et cabaret confirme : elle a dû refuser une dizaine d’élèves cette année. Elle dispense ses cours à l’Espace Fayolle de Guéret, ainsi qu’à Chambon-sur-Voueize, Saint-Sulpice-le-Guérétois, Sainte-Feyre et Gouzon via son association Entre’Chocs. « J’ai déjà trop d’heures et mes cours sont complets, avec des effectifs allant jusqu’à 30 élèves. »
La danse classique sur la selletteOutre Fanny Avarello, les amateurs de danse modern’jazz et contemporaine peuvent aussi compter sur les cours dispensés par Charlène Janota à Saint-Vaury ou Montaigut-le-Blanc ; Luce Cathala et Audrey Senaux à Aubusson ou July Gane à La Souterraine. C’est pour la danse classique que la situation est la plus tendue. Après la fermeture de l’école de Lucile Charbonnier en 2021 et celle de Pascale Perlier cette année, il ne reste plus qu’Hélène Chicaud-Goulouzelle pour assurer l’enseignement de la danse classique à Guéret et July Gane à La Souterraine. Insuffisant pour répondre la demande. Sans compter que ces cours ne sont pas ouverts aux adultes. « Or, pour les danseurs jazz ou contemporain qui envisagent une carrière professionnelle, suivre un cours de classique est indispensable », explique Fanny. Certaines sont donc obligés d’aller jusqu’à Limoges ou Montluçon pour travailler arabesques, pirouettes et sauts de chat.
Gala de danse classique - Photo : La MontagneProchain départ en retraiteAvec l’annonce du départ à la retraite d’Hélène Chicaud-Gouzenelle à la fin de l’année, il y a urgence. Mais les professeures qui partent ont du mal à trouver leur successeur. Pascale Perlier a cherché quelqu’un pour reprendre ses cours et sa salle équipée du boulevard Saint-Pardoux, sans succès. « L’une de mes élèves a suivi la formation et passé le diplôme pour enseigner mais n’a pas souhaité revenir. » Sa salle, avec son parquet, ses barres et ses miroirs, a été vendue à une avocate qui va la transformer.
Même situation quand Lucile Charbonnier a voulu vendre son école en 2021, école qu’elle avait elle-même achetée à son ancienne professeure, une vingtaine d’années plus tôt. Faute de repreneur, la salle est devenue un fleuriste.Pourquoi une telle difficulté à faire venir des professeurs ? Pour Pascale, une école de danse privée dans une petite ville n’est pas attractive. En cause : l’investissement trop lourd par rapport à la rémunération, sans compter l’absence de grandes compagnies. « Avec ma minuscule retraite, je comprends que les jeunes préfèrent travailler comme salarié en Conservatoire », confie Pascale.gala de danse contemporaine des ateliers de l'Espace Fayolle. Photo : La Montagne
La fin d'un modèle d'école de danseLe modèle de la professeure, propriétaire de son école de danse privée a en effet vécu. Aujourd’hui, les enseignants sont soit salariés de la municipalité ou d’associations ; soit indépendants et louent des salles, comme Fanny Avarello. Problème : peu de salles municipales sont équipées pour la danse, notamment classique, qui nécessite parquet, miroirs et barres. « Il faut un effort des collectivités en ce sens », estime Pascale Perlier.
Pour préparer son départ, Hélène Chicaud-Goulouzelle est en contact avec une remplaçante potentielle. « J’espère que ça va marcher car la situation est dramatique », alerte Fanny, qui se dit prête à aider les nouvelles profs qui souhaiteraient s’installer. En attendant, pourquoi ne pas découvrir les autres danses enseignées à Guéret : latines, hip-hop ou rock ?
Danse à l'Espace Fayolle à GuéretAssociation Entre'chocs autour de GuéretDanse à la MJC de La SouterraineCréadanse à Saint-VauryAssociation Libre-Cours à Aubusson