La nouvelle ministre de la Santé annonce une aide de 21 millions d'euros pour cet hôpital de Creuse

« Elle est très gentille cette dame. J’ai oublié son nom mais elle est gentille. » Jean, ce résident de l’Ehpad d’Aubusson « connu pour rouspéter », vient d’échanger avec… la ministre de la Santé et de l’Accès aux soins. Ce lundi, pour sa première visite officielle depuis qu’elle a été nommée dans le gouvernement Barnier, Geneviève Darrieussecq avait en effet choisi la Creuse. Un département où elle est déjà venue par le passé, elle l’a rappelé, en tant que ministre mais avec d’autres portefeuilles.

Ce lundi, elle est venue avec une enveloppe. Rarement les ministres, quand ils se déplacent jusque sur notre territoire, viennent les mains vides. Mais, dans ce centre hospitalier du Mont où un chantier majeur s’annonce à l’horizon 2026, la ministre a en effet annoncé un engagement « rare » de l’État : une aide de 100 % pour la restructuration de l’hôpital. Soit un soutien financier de 21,2 millions, assorti d’un accompagnement au fonctionnement à hauteur de 900.000 € par an jusqu’à la fin du chantier prévue en 2030.

"Il est effectivement rare que l’État intervienne à 100 %, donc, oui, c’est un engagement très important. Nous avons bien conscience que nous devons être en soutien des départements très ruraux. On est très attentif à leurs difficultés, d’où ce soutien spécifique."

Geneviève Darrieussecq l’a rappelé : elle connaît « bien les enjeux des territoires ruraux ». Et l’ancienne médecin n’ignore rien non plus des difficultés de l’accès aux soins, ici comme ailleurs. « Ce matin, à Ajain, nous avons vu qu’il n’y avait pas de fatalité. Il faut se retrousser les manches et encourager toutes les initiatives locales, a-t-elle poursuivi. Nous sommes en difficulté parce que nous manquons de médecins mais j’ai vu que sur ce territoire, on avait des infirmiers, plus que la moyenne nationale. Et nous avons aussi besoin d’hôpitaux. L’hôpital d’Aubusson est un outil absolument nécessaire, indispensable dans ce secteur de la Creuse. On doit lever les freins pour que les choses se fassent. Et je salue la pugnacité de votre directeur qui, je l’ai compris, est bien apprécié. »

On s’en souvient : au printemps dernier, le directeur qui avait envisagé de quitter son poste s’était finalement laissé convaincre de rester devant le soutien très largement affiché du personnel et des élus. Personne ici n’a oublié non plus sa pugnacité, oui, à mener à bien un projet qui traîne depuis… si longtemps que nul, aujourd’hui, n’est en mesure de dire quand on a parlé pour la première fois d’une nécessaire restructuration du centre hospitalier.

Un vaste chantier qui débutera en 2026

Ce lundi d’ailleurs, qu’elles émanent des résidents ou du personnel que la ministre a rencontrés avant d’annoncer l’enveloppe de 21 millions d’euros, les doléances n’étaient pas feintes. Jean, lui, a bien insisté sur ses difficultés à évoluer ici : « Il y a des choses qui pourraient améliorer le quotidien de chacun, surtout quand on est en fauteuil, dans le futur Ehpad : il faudrait des volets électriques qui se commandent du lit. Et puis, plus de prises de courant au sol aussi… ». « Tout cela est bien prévu dans le projet architectural », l’a rassuré le directeur, Yoann Campocasso. Car, non, la restructuration de l’hôpital ne portera pas que sur la partie sanitaire. En effet, ce chantier conséquent de 47 millions d’euros au total, débutera en 2026, pour deux ans, par la construction d’un nouvel Ehpad sur un terrain jouxtant l’actuel site du Mont.

Quel est ce chantier à 47 millions d'euros qui va enfin être lancé dans le sud de la Creuse ?

Actuel site qui sera ensuite entièrement rénové entre 2028 et 2030 et accueillera, lui, toute l’activité sanitaire. Au final, le centre hospitalier du Mont réunira donc les trois sites actuels : Saint-Jean, La Croix-Blanche et le Mont. De quoi gagner en confort et en sécurité pour les patients, les résidents mais aussi pour le personnel. Et en attractivité pour tout le territoire.

"Ce projet est un tournant décisif. Il y aura donc un Ehpad neuf et un bâtiment historique modernisé pour toutes les activités sanitaires essentielles. C’est aussi un message d’espoir pour l’avenir du sud creusois et l’aboutissement de la synergie de nombreux acteurs."

Enfin, concernant le financement de la partie médico-sociale, le directeur de l’ARS, Benoît Elleboode a confirmé une aide « d'au moins cinq millions d’euros. Pour l’Ehpad, contrairement à l’hôpital, il y a des capacités d’autofinancement et les aides évolueront dans le temps. Ce qui est important aujourd’hui, c’est que le projet soit lancé ».

Quant au Chabanou (cet Ehpad de La Courtine qui dépend du centre hospitalier d’Aubusson et qui, de par son déficit chronique, a un temps menacé le projet de restructuration), le directeur de l’Agence régionale de santé a rapporté qu’il allait « falloir trouver une solution rapidement. Mais c’est en cours ». 

Séverine Perrier