ru24.pro
World News
Сентябрь
2024

Saoirse Ronan : “Nous voulions faire entendre des récits et des voix venus d’Écosse”

0

C’est dans un hôtel parisien que l’on retrouve Saoirse Ronan, au bien nommé Pavillon de la Reine, pour celle qui avait incarné la souveraine éponyme dans le Marie Stuart, reine d’Écosse de Josie Rourke en 2018.

D’un sourire géant, la comédienne américano-irlandaise nous raconte retrouver à nouveau l’Écosse pour The Outrun de Nora Fingscheidt, affublée d’une casquette inédite de productrice : “Avec Jack Lowden [son compagnon à la ville et également coproducteur du film], nous voulions faire entendre des récits et des voix venus d’Écosse. Moi qui suis actrice depuis vingt ans, j’ai pensé que je pouvais exploiter cette expérience pour endosser de nouvelles responsabilités en défendant un projet qui me tient à cœur”.

Le tournage s’est ainsi en partie installé sur l’archipel des Orcades, niché au bord de falaises colossales plantées dans une mer houleuse. Elle semble avoir tiré de ces paysages tourmentés une certaine vulnérabilité pour son personnage de jeune femme en pleine reconstruction, qui l’a immédiatement replongée dans son passé : “C’est surtout mon côté rural qui m’a permis de me connecter à ces décors sauvages grandioses. J’ai grandi à la campagne et c’est un haut lieu d’inspiration, je m’y sens bien. En tant qu’enfant unique, c’est là que je me racontais des histoires, dans les champs et les rivières.” 

Saoirse Ronan, actrice précoce

Derrière ses cheveux dorés, son visage lumineux laisse apparaître une espièglerie mêlée d’élégance. On l’imaginerait sans mal incarner la princesse Zelda à l’écran, ou bien une elfe, ce qu’elle a failli jouer dans Le Hobbit : “Je suis très proche de Peter Jackson et de son équipe. Nous venions de terminer The Lovely Bones et tout le monde me disait que j’étais née pour jouer une elfe ! Mais je commençais enfin à avoir des propositions pour des premiers rôles et c’est ce vers quoi je voulais absolument m’orienter pour la suite de ma carrière.”

Une carrière qu’elle entame très tôt, entre télévision et cinéma, notamment avec Reviens-moi de Joe Wright, qui lui vaut une nomination aux Oscars à l’âge de 13 ans. Cette précocité, elle la voit comme une bénédiction : “C’est devenu une seconde nature pour moi de jouer la comédie, j’aime éperdument le désordre organisé des plateaux de tournage. J’ai eu la chance de débuter sans être jamais trop exposée parce que je n’étais pas l’héroïne de mes films. J’étais l’enfant dans des films d’adulte et c’est ce qui m’a protégée. C’était aussi une époque où les réseaux sociaux n’étaient pas aussi développés et ne mettaient pas la même pression qu’aujourd’hui.” 

Greta a su m’apprivoiser

Quand on lui demande si des films récents l’ont particulièrement marquée, elle désigne, comme une évidence, Maestro : “C’est un film qui m’a scotchée, fait avec beaucoup de cœur. Je trouve qu’on y détecte à quel point l’expérience passée de Bradley Cooper en tant que comédien lui a permis de devenir le cinéaste talentueux qu’il est aujourd’hui devenu.”

Passer de l’autre côté de la caméra, c’est un horizon que la comédienne se promet, à l’image de Greta Gerwig qu’elle a vu éclore en tant que réalisatrice avec Ladybird et dont elle se souvient avec émotion : “C’était un moment compliqué de ma vie personnelle et Greta a su m’apprivoiser. Même si elle n’en a probablement pas eu conscience sur le tournage, elle m’a beaucoup aidée dans mon amour propre à cette époque.”

Solidarité féminine

Saoirse Ronan garde une admiration sans faille pour celle qui fut la présidente du jury à Cannes cette année : “Actrice au départ, elle en a conservé une grande proximité avec ses comédiens. C’est quelqu’un de très drôle et qui a toujours placé la barre très haut. En l’observant travailler, je me suis rendu compte qu’il y avait des femmes qui pouvaient être mises à l’honneur, célébrées et reconnues par les spectateurs, la critique, l’industrie. Pour moi qui ai toujours voulu réaliser des films, c’est une grande source d’inspiration. Je pense qu’elle a fait sauter un plafond de verre pour les jeunes femmes qui veulent passer derrière la caméra.” 

C’est ainsi qu’à seulement 30 ans, Saoirse Ronan nourrit déjà avec une grande vitalité ce désir de transmission entre les générations d’actrices : “Je veille à soutenir les jeunes comédiennes, à ne jamais m’imposer comme une rivale. Plus les années passent et plus je ressens cette responsabilité, car j’ai eu la chance d’être régulièrement soutenue par mes aînées, Laura Dern, Meryl Streep, Kate Winslet ou Rachel Weisz, qui sont des femmes brillantes et qui m’ont d’emblée considérée comme leur égale. Cette solidarité féminine est à mes yeux fondamentale.” 

The Outrun, de Nora Fingscheidt avec Saoirse Ronan, Paapa Essiedu, Stephen Dillane. En salle le 2 octobre.