En Creuse, on végétalise les villes et villages mais pas n'importe comment
Dans le cadre du Label Ville et village fleuri, le CAUE organisait chaque année une journée de sensibilisation aux communes labellisées ou en voie de l’être.« C’est une journée qui permettait de fédérer à la fois les agents, qui peuvent être assez isolés parfois dans leur commune et les élus, faire en sorte qu’ils se rencontrent sur ce temps informel, qu’ils échangent sur leurs pratiques, leurs difficultés, leurs besoins autour d’un thème lié à la végétalisation de leur commune », explique Marin Baudin, paysagiste conseil du CAUE. @ Floris Bressy
Ce pouvait être la taille des arbres, la plantation de vivaces, l’adaptation des pratiques au changement climatique, la préservation des pollinisateurs, avec, à chaque fois, une montée en compétences des participants.
Mais depuis quelques années, le label séduit un peu moins les communes, sans doute parce que sa philosophie a progressé, notamment par rapport aux enjeux environnementaux et sa mise en œuvre, un peu complexifiée. Il a énormément évolué depuis une dizaine d’années, valorisant davantage une gestion plus respectueuse de l’environnement, des ressources en eau, de la qualité des sols, du patrimoine arboré, de la qualité des végétaux.@Cécile Champagnat
« Ce n’est plus qu’un concours de géraniums en jardinières. Il y a maintenant des critères qui balayent tous ces caractères environnementaux, toutes les actions vis-à-vis de la biodiversité, la manière aussi dont la commune communique auprès de ses habitants pour aussi essayer de transmettre les bonnes pratiques. »
Un label plus ambitieux, qui se veut davantage « un outil qu’une fin en soi ». « Il donne des pistes d’actions, il est intéressant parce qu’il valorise des agents, des élus et des habitants qui se sont investis », explique Marin Baudin.
Relancer une dynamique et partager les bons outilsAprès une journée de sensibilisation en Corrèze au printemps, c’est au tour de la Creuse de réfléchir autour de la végétalisation de ses villes et villages et de rebooster la démarche de la labélisation.@Floris Bressy
« Il y a des communes qui font déjà plein de choses et qui pourraient être labellisées et d’autres qui voudraient l’être et ont besoin d’informations, d’outils », précise Marin Baudin. Cette journée est là pour les aider à emboîter le pas. « L’idée, c’est aussi de créer du lien avec tous les acteurs de l’aménagement et de la conception qui peuvent les accompagner dans leurs démarches. » Et de connaître les outils qui tendent vers des pratiques plus vertueuses.
Émilie Chammard, responsable de l’antenne territoriale Limousin du Conservatoire botanique national du Massif central, présentera ainsi la marque Végétal local. « C’est une marque de l’OFB qui permet de produire et de commercialiser des végétaux dont le patrimoine génétique correspond à une région d’origine », détaille Marin Baudin. Et à la biodiversité associée, notamment les pollinisateurs.@ Bruno Barlier
« Si on veut par exemple avoir des plantations qui soient en faveur des pollinisateurs sauvages, c’est mieux d’avoir des végétaux qui soient véritablement locaux et qui satisfassent leurs besoins. »
Car certaines variétés horticoles, très répandues, ne peuvent pas être butinées par nos pollinisateurs, tout simplement parce que la morphologie des fleurs n’est pas adaptée à la leur. « Je pense au bleuet horticole par exemple qu’on trouve dans des mélanges de prairies fleuries. Il est très beau, il a plusieurs rangées de pétales tandis que le bleuet sauvage lui, n’en a qu’une seule mais en fait les abeilles n’arrivent pas à atteindre le nectar de cette variété parce que leur langue n’est pas assez longue », explique par exemple Marin Baudin. Beau donc, mais inutile pour la biodiversité.
Dans le département, des pépinières sont en train de se structurer pour offrir des végétaux de la marque, aux collectivités comme aux particuliers. C’est l’occasion de les faire connaître aux participants.@ Bruno Barlier
Une intervention sur les pollinisateurs sauvages est également prévue avec Anaëlle Tavernier, référente pollinisateurs, abeilles sauvages au CPIE des pays creusois, pour mieux comprendre les enjeux qui sont liés à leur préservation.« L’objectif de cette journée, c’est de faire le lien entre toutes ces choses, de présenter une approche globale de la démarche et des outils pour faire en sorte que la labellisation des villages fleuris devienne un guide vers de meilleures pratiques. »
Où & quand ? Jeudi 3 octobre de 9 heures à 16 heures à Guéret : la matinée sera consacrée à des interventions en salle sur différents thèmes, à Tremplin nature et l’après-midi à la découverte d’aménagements réalisés sur la ville de Guéret Inscriptions auprès de Creuse tourisme à aline.gorsse@tourisme-creuse.com.