Procès des assistants parlementaires : "Pas sûr qu’une condamnation ternisse le blason d’un RN prompt à s’ériger en martyr du système"

La dédiabolisation, ça avance parfois à hue et à dia. Mardi, en recadrant la sortie malavisée d’Antoine Armand concernant la géolocalisation du RN hors de l’arc républicain, Michel Barnier a certes éteint l’incendie à dix jours du vote du budget. Mais il a aussi acté un nouveau cran dans la notabilisation du parti. Le procès du financement du RN, à partir de ce lundi, participe aussi à une forme de normalisation.

Jusqu’alors éclaboussé, dans les prétoires par les écarts de conduite de “brebis galeuses” rapidement excommuniées, le mouvement fait aujourd’hui face, comme jadis le PS (Urba) ou le RPR (emplois fictifs), au soupçon de pratiques généralisées.

Pas sûr, toutefois, qu’une condamnation ternisse le blason d’un RN prompt à s’ériger en martyr du système, message subliminal d’ailleurs distillé par certains de ses cadres.

Pas sûr, non plus, qu’une inéligibilité de Marine Le Pen, avec exécution provisoire, coupe l’herbe sous le pied d’un parti qui pourrait compter sur Jordan Bardella en 2027.

Si la maison brûle, son président, absent de la procédure, regarde ailleurs. Vers une autre affaire médiatique, qui lui inspire la systématisation de la double peine pour les étrangers. Question de priorités, sans doute.

Sébastien Couratin