C'est quoi cet investissement public de 110 millions d'euros en Corrèze pour valoriser les ordures ménagères ?
De quoi parle-t-on ?
Ce sera sans doute le plus gros investissement public en Corrèze dans les prochaines années. En charge de la collecte et du traitement des ordures ménagères (après le tri), le syndicat intercommunal Syttom met 110 millions d’euros sur la table pour construire et remplacer l’usine de valorisation de Saint-Pantaléon-de-Larche.
Vendredi 27 septembre 2024, son président, Frédéric Soulier, par ailleurs maire de Brive, a signé un contrat avec Véolia, qui va lancer et gérer cette future unité, pendant vingt-cinq ans.
"C’était l’offre la plus compétitive, a estimé Frédéric Soulier, pour conforter notre autonomie énergétique". "Le choix n’a pas été facile, a indiqué Charles Ferré, maire d’Égletons, et responsable du Syttom. Ce qui nous a guidés, c’est simplement le prix payé par les administrés."
Directeur général Recyclage et Valorisation des déchets de Veolia, Marc-Olivier Houel assure qu’il s’agit d’un " projet visionnaire", qui permettra de valoriser "au maximum" les déchets collectés par le Syttom.
Cette future usine ne va pas pour autant tout résoudre. Le Syttom va devoir continuer à développer le tri à la source (emballages, papier, déchets de cuisine) afin de réduire de 41 %, d’ici à 2026, la quantité d’ordures ménagères à brûler (216 kg/habitant aujourd’hui).
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Pourquoi remplacer l'usine actuelle ?Parce qu'elle a été mise en service en 1972. Depuis cette date, l’unité de valorisation a brûlé des tonnes de déchets en fournissant de la chaleur, notamment à l’usine Blédina (pots pour bébé).
Elle a subi des transformations pour répondre aux normes environnementales (rejet d’eau et atmosphériques). Sa capacité est de 65.000 tonnes par an, venues de 357 communes (Corrèze, Dordogne, Lot).
Quel est le calendrier ?Signé entre le Syttom et le groupe privé Véolia, le contrat pour la future usine de valorisation énergétique de Saint-Pantaléon-de-Larche s’inscrit dans le cadre d’une délégation de service public (DSP).
Elle démarrera le 1er janvier 2025. La nouvelle unité sera construite entre fin 2026 et fin 2028. La déconstruction de l’actuelle se fera en 2029. Sur son emprise, 3.000 mètres carrés d’espaces verts seront ensuite aménagés.
Quelle est la durée du nouveau contrat ?La DSP va s’étaler sur vingt-cinq ans, et non sur vingt ans, une exception validée par les services de l’État.
Le Syttom va supporter la totalité de l’investissement, estimé à 110 millions d’euros. À travers la Banque des territoires, la Caisse des dépôts a lancé un nouveau montage juridico-financier, un modèle qui est désormais proposé ailleurs.
Y a-t-il d'autres usines de ce genre en Corrèze ?Le Syttom, syndicat intercommunal dédié à la gestion des déchets ménagers en Corrèze (collecte, traitement et valorisation), gère une autre unité de valorisation près d’Égletons. Celle-ci produit de l’électricité, alimente le réseau chaleur local et chauffe huit hectares de serres à tomates.
Quelles seront les performances de la nouvelle usine de Saint-Pantaléon ?Haute de 45 mètres de haut et surmontée d’un "ruban de Mobius", en bois de châtaignier, symbolisant le recyclage, elle ne passera pas inaperçue.
Une photo de synthèse de la future usine de Saint-Pantaléon-de-Larche (visuel fourni par Véolia)
À l’intérieur, l’exploitant promet "de redéfinir les standards de performance énergétique". 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, 79.200 tonnes d’orduresménagères (celles qui restent après les collectes de tri) seront brûlées, chaque année, dans une seule ligne d’incinération, au lieu de trois actuellement.
Seront alors produites de la chaleur et de l’électricité décarbonées : 41 GWh par an d’énergie électrique, soit la consommation d’éclairage annuelle de 2.950 foyers ; 31 GWh de chaleur par an pour le réseau urbain, l’équivalant de la consommation annuelle de 6.500 foyers ; enfin, 50.000 tonnes de vapeur par an pour l’usine Blédina.
Quelle sera la nature des rejets et des déchets ultimes ?Christophe Bayle, directeur du pôle Limousin Véolia, assure qu’il n’y aura aucun rejet d'eau dans le réseau assainissement. " Quant aux fumées, nous serons capables d’aller vers les seuils bas".
Après la combustion, deux types de résidus seront pris en charge. "D’abord, du mâchefer, dont nous pourrons recycler les parties ferreuses et non ferreuses. Le reste peut être utilisé en sous-couche pour les routes".
Véolia assure que 2 % de la masse totale des déchets brûlés finira en centre de stockage, des scories considérées comme dangereuses, mais qui seront "encapsulées", grâce à l’utilisation de chaux produite à Terrasson, à quelques kilomètres de Saint-Pantaléon-de-Larche.
Éric Porte