La récolte de pommes s'annonce bonne dans ce verger de Creuse épargné par les intempéries
Ce lundi après-midi, Marie-Claude et son mari repartent de Bénévent-l’Abbaye le coffre rempli de fruits. À la pesée, la balance affiche presque 60 kilos. La retraitée, qui habite Saint-Dizier-Masbaraud, est une grande consommatrice de pommes : « J’ai toujours aimé ça. J’en mange quatre par jour, tout au long de l’année ! Les golden se conservent bien. Je les mets au garage dans des cagettes. » Marie-Claude a prévu de revenir pour la variété sainte-germaine. « C’est agréable de les cueillir soi-même. On nous laisse libre ici. »
Cueillette en libre-service l'après-midiLes vergers du Grand Murat proposent vingt-trois variétés de pommes. La moitié de la production est vendue grâce à la cueillette en libre-service. Les particuliers peuvent venir tous les après-midi, depuis le 7 septembre.Entre 80 et 100 tonnes devraient être ramassées cet automne. « C’est une bonne année, enfin une année normale, constate Hervé Gorse, qui a repris l’exploitation il y a six ans. L’an dernier, il nous a manqué 50 % de production à cause du gel et d’une variété, la jubilé delbard®, qui n’a pas donné. »
L’agriculteur a pris les devants cette année pour faire face aux intempéries : « J’ai fait brûler du foin pour empêcher le gel les 22 et 23 avril, comme j’avais fait il y a deux ans. » La production a pu être sauvée.
1 € le kiloÀ la cueillette, les prix sont les mêmes que l’an dernier : 1 € le kilo pour les golden et jubilé®, 1,30 € pour les autres variétés. « Le plus économique, c’est quand les gens viennent les chercher au verger. Il n’y a pas de coût de transport, ni de conditionnement », note le propriétaire, qui travaille avec un salarié et des saisonniers.
Sur les 4,5 hectares de plantations, la golden et la jubilé® occupent une large place. Hervé Gorse renouvelle les arbres en plantant d’autres variétés. Il va notamment arracher une partie de la jubilé® qui ne donne qu’une année sur deux. « Je vais aussi planter un peu de poires car il y a de la demande. »
20.000 litres de jus de pomme20 % de la récolte est ramassée par Hervé Gorse et ses employés, puis vendue dans des supermarchés en Creuse et Haute-Vienne. Le reste (environ 30 % de la production) est transformé en jus de pomme, pétillant, cidre doux et apéritif pomme-châtaigne. Un prestataire de Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne) s’occupe de la transformation, « sauf les cubis de 3 litres de jus qui sont faits ici », précise le patron. 20.000 litres de jus de pomme devraient être produits cette année.
DiversificationLes pommes ne sont pas la seule activité d’Hervé Gorse et de son salarié. Le verger représente un tiers de l’exploitation. Ils élèvent 120 vaches limousines (naisseur-engraisseur) sur 200 hectares.
Les clients apprécient les fruits et les boissons de Bénévent-l’Abbaye, même s’ils ne sont pas bio. « Nous utilisons uniquement des produits de contact, qui ne rentrent pas dans la sève de la pomme, assure Hervé Gorse. Il n’y a pas de résidus. » Les produits sont notamment utilisés pour éviter la tavelure, une des principales maladies fongiques du pommier.Hervé Gorse
Il y a toujours beaucoup de monde pour la cueillette. « Les gens viennent de Guéret, Aubusson, Evaux-les-Bains, Montluçon, même du Puy-de-Dôme, constate le chef d’exploitation. Il y a aussi des clients de Saint-Junien. » Les vergers accessibles au public sont de moins en moins nombreux en Creuse. Il y en a notamment à Méasnes et Nouzerolles. Le week-end du 21 septembre, pour l’ouverture de la golden, Hervé Gorse a accueilli plus de 120 personnes le samedi. Les rangs de chanteclerc ont aussi été dévalisés. « C’est une pomme qui plaît. Elle se conserve bien et elle est un peu acidulée. »
Des professionnels se fournissent également aux Vergers du Grand Murat, comme le chocolatier de Vallière qui utilise la variété crimson®.
Pratique. Cueillette en libre-service jusqu’à fin octobre, sept jours sur sept, de 14 heures à 17 h 30, aux Vergers du Grand Murat à Bénévent-l’Abbaye. Tél. 06.87.77.26.85.
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Texte : Catherine PerrotPhotos : Bruno Barlier et Catherine Perrot