Deux ans après le meurtre sauvage d'un quadragénaire, une reconstitution très discrète à Riom
Une impasse bordée de pavillons aux façades sages et aux jardins proprets.Difficile d’imaginer que dans cette artère tranquille de Riom, la rue des Saules, se déroule la reconstitution de l’une des affaires criminelles les plus marquantes de ces dernières années. Pas de cordon policier, pas de bâche déployée pour dissuader les curieux. D’ailleurs, pas de curieux.
Mieux comprendre la scène du meurtre sauvageSeule une voiture du commissariat de Clermont-Ferrand, au fond de cette voie silencieuse, empêche l’accès à une petite allée. Tout se joue derrière un haut portail en aluminium, entre les murs d’une villa de plain-pied, en retrait par rapport aux autres maisons et quasi invisible depuis la rue et derrière la végétation.
Une maison dans laquelle la juge en charge de l’instruction, les avocats et les enquêteurs ont tenté, ce vendredi, durant près de cinq heures, de refaire et de mieux comprendre la scène du meurtre sauvage de Stéphane Ragon. Le 29 juillet 2022, le corps sans vie de ce commercial de 47 ans est retrouvé à son domicile, la villa en question.
Ce quadragénaire apprécié et sans histoires a reçu des coups d’une violence inouïe, portés avec un objet contondant. Son crâne a été fracassé. Il gît dans une mare de sang. Sa maison a été entièrement retournée. Mais la thèse du cambriolage ayant mal tourné ne tient pas longtemps.
Trois suspectsLes soupçons des enquêteurs s’orientent très vite vers l’ex-compagne du Riomois, son amant ainsi que la fille de la première, alors âgée de 14 ans. Tous trois sont interpellés et mis en examen pour assassinat. Le second, Didier C., âgé de 41 ans, aurait reconnu avoir tué Stéphane Ragon dans le cadre d’une expédition punitive, avec sa maîtresse. Ce que celle-ci, Sophie F., 42 ans, nie depuis le début.
Peu d’éléments ont filtré, ce vendredi, de cette reconstitution qui intervient après deux ans d’instruction et qui porte sur la nuit du 28 au 29 juillet, au cours de laquelle la victime aurait été surprise dans son sommeil et mortellement agressée. Didier C. et Sophie F, écroués depuis octobre 2022, ont été extraits de leurs cellules pour y participer.
Une étape capitaleMe Gilles-Jean Portejoie, avocat de la suspecte, évoque une reconstitution "intense, méticuleuse", au cours de laquelle sa cliente est restée en retrait. "Elle n’a pas voulu faire les gestes qu’elle n’a pas commis", indique Me Portejoie."Il n’y a pas la moindre trace de ma cliente, pas la moindre explication raisonnable de sa présence dans la maison. Les accusations portées par des co-mis en examen sont toujours très fragiles."
Cette reconstitution constitue une étape capitale avant la clôture de ce dossier complexe et par certains côtés hors-norme. Contactées, Me Maud Vian, avocate de Didier C. et Me Sandrine Legay, représentant la partie civile, toutes deux présentes dans la villa ce vendredi, n’ont pas souhaité faire de déclarations.
Olivier Choruszko