Israël dit avoir mené une frappe sur le QG du Hezbollah près de Beyrouth
Peu après la fin du discours de Benjamin Netanyahu, l'armée israélienne a annoncé une "frappe précise" sur le "quartier général" du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth.
Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, visé par cette frappe selon plusieurs télévisions israéliennes, "va bien", a assuré à l'AFP une source proche du mouvement islamiste libanais.
Un photographe de l'AFP a rapporté des scènes de panique, des habitants fuyant la zone, qui abrite de nombreux immeubles d'habitation, dans la précipitation, au son des sirènes d'ambulance.
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a dénoncé une "guerre génocidaire" menée par Israël.
L'ONU a dit sa "vive inquiétude" et Washington, allié inconditionnel d'Israël, affirmé ne pas avoir été mis au courant de cette frappe.
"Tant que le Hezbollah choisit la voie de la guerre, Israël n'a pas d'autre choix", avait peu auparavant affirmé M. Netanyahu, au cinquième jour des meurtrières frappes aériennes menées par son armée contre la formation libanaise, qui a elle tiré à nouveau des roquettes vers le territoire israélien.
Ces opérations se poursuivront "jusqu'à ce que tous nos objectifs soient atteints", a ajouté M. Netanyahu, devant l'Assemblée générale de l'ONU, dans un discours boycotté par plusieurs délégations, douchant les espoirs d'une trêve temporaire de 21 jours proposée mercredi par la France et les Etats-Unis rejoints par de nombreux pays occidentaux et arabes.
"Insensé"
Depuis lundi, les massifs bombardements israéliens visant à affaiblir le Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du mouvement islamiste palestinien Hamas, ont fait plus de 700 morts, en majorité des civils selon le ministère libanais de la Santé.
"Cela n'a pas de sens que des soldats aillent mourir là-dedans. C'est insensé", a réagi Ohad Weber, 36 ans, un habitant de Tel-Aviv, à l'issue du discours du Premier ministre.
A la mi-journée, l'armée israélienne avait déjà fait état de "dizaines de frappes" contre le Hezbollah, dont les roquettes visent presque quotidiennement le nord d'Israël depuis l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre 2023 par le Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Le Hezbollah a juré de continuer ses attaques "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".
Plus de 1.500 personnes ont été tuées au Liban en près d'un an, selon Beyrouth, soit plus que les 1.200 morts en 33 jours de guerre entre Israël et la formation islamiste libanaise en 2006.
L'Unicef s'est alarmée du "rythme effrayant" auquel les enfants sont tués, ainsi que des dommages aux installations civiles comme les stations de pompage.
"Tous des déplacés"
Le Hezbollah a lui revendiqué vendredi des tirs contre Israël sur le secteur de Kyriat Ata, dans la baie d'Haïfa, qui abrite de nombreuses industries, notamment de défense, et sur la ville de Tibériade, à une trentaine de kilomètres au sud de la frontière.
L'armée israélienne a également indiqué avoir intercepté quatre drones tirés depuis le Liban vers la zone frontalière de Rosh Hanikra et riposté à un tir de roquettes vers Haïfa, le grand port du nord d'Israël.
Cinq militaires syriens ont par ailleurs été tués dans une frappe israélienne près de la frontière avec le Liban, selon l'agence officielle Sana.
Les bombardements israéliens ont jeté 118.000 personnes cette semaine sur les routes au Liban, selon l'ONU.
A Baakline, au sud-est de Beyrouth, Hala Zeidane accueille depuis lundi des déplacés du sud du Liban, deux sœurs et le petit garçon de l'une d'elles, âgé de 10 ans. "C'est notre pays et (...) nous pourrions tous devenir des déplacés. Nous devons faire preuve de compassion", explique cette enseignante de 61 ans.
"Guerre dévastatrice"
Israël, qui a déplacé le centre de gravité de la guerre de la bande de Gaza, au sud, vers la frontière avec le Liban, au nord, affirme opérer contre le Hezbollah pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants qui ont fui ses tirs de roquettes.
Selon le gouvernement israélien, 9.360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d'un an.
L'armée israélienne a par ailleurs indiqué avoir intercepté un missile tiré dans la nuit depuis le Yémen. Les rebelles houthis, eux aussi soutenus par l'Iran, ont revendiqué une attaque de missile et de drone en Israël.
A Gaza, "nous nous battrons jusqu'à obtenir une victoire, une victoire totale" si le Hamas ne dépose pas les armes et ne libère pas tous les otages, a aussi martelé M. Netanyahu à la tribune de l'ONU.
Le Hamas a accusé en retour le dirigeant israélien d'"intensifier ses menaces contre les peuples de la région, tout en poursuivant son cycle de crimes pour inclure (le) Liban".
Dans le petit territoire palestinien assiégé, Israël poursuit son offensive, lancée en riposte à l'attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l'armée.
En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son offensive y a fait jusqu'à présent 41.534 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, provoquant un désastre humanitaire.