Affaire des prisonniers allemands de Meymac : pourquoi de nouvelles recherches vont avoir lieu
C'est une opération de la dernière chance, qui se profile à l'horizon, dans l'affaire des 47 prisonniers allemands exécutés dans un bois sur les hauteurs de Meymac, en Corrèze. Un nouveau sondage du sol au géoradar, un appareil capable de détecter les anomalies du sous-sol, sera menédans le courant du mois d'octobre, dans une zone qui n'avait pas été jusque-là concernée par les recherches. Le Préfet de la Corrèze, Etienne Desplanques, l'a annoncé ce vendredi 27 septembre, ajoutant "sous toute réserve du 7 au 10 octobre".
Une visite discrète durant l'étéDurant l'été, les recherches ont eu lieu dans la plus grande discrétion dans le bois d'Encaux. Le préfet de la Corrèze, Etienne Desplanques, ainsi que plusieurs témoins de l'exhumation de 1968, sont revenus sur le site pour sonder leur souvenir.
À l'issue de cette visite, une zone d'environ 100 mètres sur 100 mètres, a été délimitée dans le bois, à cheval sur deux parcelles. Les deux témoins ne désignent pas, en effet, tout à fait la même zone dans le bois. Un agriculteur, qui avait assisté enfant aux premières fouilles, désigne un périmètre situé dans le prolongement de la zone de recherche du mois d'août 2023, durant lesquelles des douilles et des pièces de monnaies avaient été découvertes. Dans cette zone, qui semblerait épargnée par l'exploitation forestière intense, le sol n'avait pu être sondé en raison de l'épaisseur du sous-bois.
L'enjeu : déterminer l'emplacement de la fosse ouverte en 1968Le deuxième témoin, ancien militaire du 126e RI, qui avait pu observer les fosses ouvertes lors d'une permission, désigne une seconde zone, sur une seconde parcelle. Mais les zones respectives que les deux témoins désignent ne sont pas éloignées l'une de l'autre.
L'enjeu pour les équipes de recherche est de réussir à déterminer l'emplacement précis de la première fosse, celle de 1968, pour espérer trouver la seconde, en se basant sur les dires d'Edmond Réveil, le résistant qui a parlé publiquement de cette affaire en 2023. Ce dernier avait expliqué que la deuxième fosse n'était pas éloignée de la première.
L'appui de cartes récentes et anciennesPour aider les témoins dans leur tâche, les services de l'État se sont appuyés sur les résultats du Lidar. Durant l'hiver dernier, ce drone capable de "scanner" le sol du bois en faisant abstraction de la végétation, n'avait pas permis de localiser la fosse, mais avait mis au jour un ancien chemin dans le bois, celui qui potentiellement avait été emprunté par les prisonniers allemands avant d'être exécutés. L'exploitation de ces données a été recoupée avec une photo aérienne de la zone datant de la fin des années 1940.
Photographie aérienne du secteur d'Encaux, à Meymac, datant de 1948.
Affaire des fusillés allemands de Meymac : les souvenirs concordants de deux témoins clés
Combien reste-t-il de corps ?Selon le rapport du VDK datant de septembre 1968, onze corps ont été découverts lors de la première fouille, avant qu'elles ne soient interrompues. Sur les onze corps, sept avaient été identifiés grâce à leur médaille miliaire. Il s'agissait de six soldats appartenant au 8e bataillon du 95e régiment de sécurité, et un feldgendarm. Parmi eux, Johannes Niewels, dont la petite fille Birgit Mertens a pu comprendre, quatre-vingts ans après les faits, les circonstances de la mort de son grand-père en se rendant à Meymac.
Tous avaient été faits prisonniers lors de la bataille de Tulle les 7 et 8 juin. Selon les dires d'Edmond Réveil, 46 prisonniers allemands et une femme dite "proche de la Gestapo", auraient été exécutés. En restant dans le même ordre de grandeurs, d'autres sources avancent d'autres chiffres. Environ 35 corps seraient encore présents dans le sol de Meymac.
Pierre Vignaud