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Сентябрь
2024

Alain Bauer livre son regard sur la violence dans nos sociétés lors du colloque Médecine et psychanalyse à Clermont-Ferrand

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Alain Bauer, professeur de criminologie au Conservatoire national des Arts et métiers donnera une conférence en visio lors du colloque Médecine et psychanalyse dans la cité qui se tiendra à Clermont-Ferrand du 3 au 5 octobre : « Tu ne tueras point, un regard sur le retour de la violence ultime » (*).

Constatez-vous une augmentation de la violence dans notre société ?

"Il n’existe pas d’indicateur de la violence et elle n’est donc pas quantifiable. J’ai pu développer un outil qui couvre une période d’un demi-siècle de manière plus ou moins fiable et qui porte sur les homicides et tentatives, que je considère être à même d’identifier le niveau de violence d’une société. Ces « homicidités » après avoir connu des évolutions contrastées sont en hausse constante depuis une douzaine d’années et ont connu leur plus haut historique en 2023. Donc, sur cette période et pour cet indicateur, on peut constater une dégradation réelle et puissante."

Vous évoquez le retour de la violence ultime : qu’entendez-vous là ?"Il s'agit de la mort ou l’envie de la donner."

Comment expliquez-vous l’évolution de la violence dans nos sociétés modernes par rapport aux décennies précédentes ?

"Depuis qu’il y a des outils de mesure, notamment l’état civil, on peut de mieux en mieux quantifier la mortalité non naturelle. La situation s’est grandement améliorée depuis 1539 et l’illusion d’un paradis rural n’existe que par méconnaissance des réalités historiques. Mais la forte dégradation des dernières années influe sur la mémoire longue de la criminalité."

Quels sont les principaux facteurs qui contribuent à cette violence ?

"La perte de terrain des dispositifs culturels dont l’école, la disparition des médiateurs, la puissance des individualismes consuméristes, la perte de capacité à gérer l’impatience et les frustrations, l’effet démultiplicateur de la téléréalité et la trollisation des réseaux sociaux."

Quels remèdes essentiels, dans quels domaines, préconisez-vous à cette situation ?

"La criminologie est une science clinique qui passe par l’élaboration d’un diagnostic partagé, d’un pronostic discuté et d’options thérapeutiques disputées. Nous n’en sommes pas encore au diagnostic..."

Vous évoquez la participation citoyenne dans la sécurité. Comment envisagez-vous cela ?

"Par la capacité à réfléchir ensemble, à sortir des postures, à retrouver sa place dans toutes les étapes de la construction des politiques publiques de sécurité et de sûreté."

Y a-t-il des exemples de gestion de la violence dans des pays à l’international qui vous inspirent ?

"Il existe de nombreux exemples locaux mais il faut se méfier du copier-coller. En la matière, il y a bien peu de prêt -à-porter et il faut viser le sur-mesure."

Quelle vision de l’avenir de la sécurité dans nos sociétés, dans notre pays avez-vous ? Êtes-vous optimiste ?

"Hélas pas vraiment, mais j’ai toujours eu confiance dans la capacité du terrain à trouver des options possibles et efficaces. "(*) Auteur notamment de Tu ne Tueras Point, Ed. Fayard.

Pratique. S’inscrire au colloque (gratuit pour les étudiants et les personnes au chômage : medecine-psychanalyse-clermont-ferrand.fr.

Michèle Gardettemichele.gardette@centrefrance.com