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Сентябрь
2024

Cette ferme du Puy-de-Dôme propose du pain fait avec son blé paysan, mais aussi légumes et produits laitiers

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Elles s’appellent Alice, Romane, Jo, Boubou, Amande, Nono, Célien et Lucie. Elles avaient choisi des carrières d’institutrice, d’ingénieure agronome, d’avocate, de logisticienne. Finalement, elles ont changé de cap pour mettre "toute notre life" dans un projet mûrement réfléchi : celui de monter une ferme collective, qui fêtera bientôt ses un an.

C’est au lieu-dit Vironne, à Cunlhat, que s’est installée La ferme de la Petite Mouliche dès le mois de mars 2021. "On souhaitait s’installer dans le Livradois-Forez car on savait que c’est un endroit dynamique, retrace Lucie. On a eu de la chance : la troisième ferme visitée nous convenait. C’était celle de Didier et Orlane."

Les brebis sont des Lacaune et des Thones et Marthod.

La transmission entre les anciens éleveurs de vaches laitières et les jeunes agricultrices se passe à merveille. "Ils nous ont beaucoup aidées, nous ont appris à faire les foins, le fumier… Ils voulaient quitter Vironne car ils trouvaient que c’était de moins en moins vivant. Finalement, ils sont restés ! Et ils nous aident encore : tous les deux jours, Didier est en train de réparer un truc à la ferme", sourit Lucie.

Un dossier qui fait peur

De l’aveu même de la jeune femme, l’aide est bienvenue pour ces huit jeunes agricultrices formées au métier, mais "pas du milieu". Au moment de monter les financements nécessaires au projet, leur dossier "fait peur".

Beaucoup ne voulaient pas nous accompagner car ils n’y croyaient pas. Les assurances nous prenaient pour des hurluberlus.

Avant de poursuivre, plus grave, "et il y a aussi le sujet d’être une femme dans l’agriculture".

Finalement, l’association de gestion et de comptabilité Cerfrance Horizon 63 accepte d’accompagner les huit néorurales. Pour acheter la ferme et faire les travaux nécessaires au démarrage de leurs activités, elles empruntent à la banque, investissent avec leurs fonds propres, reçoivent la dotation jeunes agriculteurs (DJA), touchent des subventions du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) et lancent une campagne de financement participatif.

Inauguration festive

Samedi 21 septembre, la Petite Mouliche ouvrait ses portes toute la journée pour célébrer ses presque un an d’activité, avec au programme "des visites, des crêpes, des produits de la ferme et même des spectacles vivants". Les nombreux visiteurs (famille, amis, collègues mais aussi voisins ou simples curieux) ont pu à cette occasion découvrir les multiples activités de cette ferme un peu spéciale.

Plus d'une centaine de personnes ont participé à l'inauguration.

Dans l’équipe, trois métiers coexistent, se complètent. Alice, Jo et Boubou sont maraîchères. Ensemble, elles s’occupent de cinq serres de 240 m2 chacune, ainsi que de jardins de plein champ sur une surface cultivée de 2.500 m2. Tomates, poivrons, courgettes, concombres, aubergines, fenouil, betteraves, choux, radis, salades, courges, blettes ou encore navets, la liste est longue des variétés cultivées. 

Il y a une forte demande de légumes d’hiver que nous sommes les seules à produire dans le coin. C’est un peu notre créneau, d’où la construction des serres.

Les premiers légumes ont été récoltés à l’été 2024 et sont depuis en vente au marché et à la ferme notamment.

Légumes, pain, yaourts et fromages

Nono, Célien et Lucie sont quant à elles éleveuses des 14 chèvres, 27 brebis, deux béliers, quatre petits agneaux et 17 agnelles qui peuplent la ferme. Lors d’un chantier participatif, lundi 7 octobre prochain, sera construit le nouveau quai de traite qui simplifiera la récolte du lait, ensuite transformé en yaourts et fromages.

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Enfin, Amande et Romane font du pain… mais pas que ! Ensemble, les deux paysannes sèment et cultivent leurs propres céréales, qu’elles transforment en farine grâce à un moulin sur meules de pierre financé en grande partie par des dons. La première fournée, élaborée et cuite dans une yourte aménagée, a été produite vendredi 20 septembre.

Vente directe. "Nous avons à cœur de vendre notre production en local et en circuit court. Nous sommes sensibles à l’accessibilité de nos produits, et avons mis en place un système de prix solidaires", expliquent les huit paysannes.Chaque lundi, elles ouvrent les portes de leur ferme pour vendre yaourts, légumes et pain de 17 heures à 19 heures. Pour plus d’informations sur les marchés et différents points de vente, rendez-vous sur Facebook et Instagram.

Le tout, sans perdre de vue les valeurs du collectif : "Pratiquer une agriculture paysanne et agroécologique, c’est-à-dire travailler la terre pour produire dans des conditions durables, écologiques et rémunératrices. Nos pratiques agricoles s’inscrivent dans une démarche de respect de la biodiversité et de lien au vivant, en complémentarité avec les dynamiques locales du territoire".

Au bout d’un an d’existence, le bilan est très prometteur même si les paysannes restent sur leurs gardes. "Je suis très anxieuse, et je garde à l’esprit que tout peut basculer du jour au lendemain, explique Lucie. Mais c’est quand même rassurant de voir autant de monde motivé par notre projet." Les huit jeunes femmes gardent la tête sur les épaules, les pieds dans la terre et la tête dans les étoiles.

Louise Llavori

Entretenir la vie en collectif

"Nous avons mis en place une gouvernance partagée. Il n’existe aucune hiérarchie et les prises de décision se font toujours en commun. Nous sommes très féministes, donc nous veillons à ne pas reproduire un système de tâches genrées, comme c’est parfois le cas dans l’agriculture.

Toutes les deux semaines, nous mettons en place des ateliers de régulation des tensions humaines, où chacune peut s’exprimer. Nous faisons parfois appel à une médiatrice de Fermes Partagées : c’est énorme de se faire accompagner, cela débloque les situations où nous n’arrivons plus à communiquer.

Il nous tient également à cœur d’avoir du temps libre, car ce projet est un marathon. Nous avons cinq semaines de vacances, et ne travaillons qu’un week-end sur quatre."