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Сентябрь
2024

Élu avec seulement deux voix, le président de cette communauté de communes de Creuse compte déjà démissionner

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« Ubuesque », « quelle tristesse »… Ces mots ont résonné ce mercredi 25 septembre dans la salle des fêtes d’Auzances, où s’était réuni, en fin d'après-midi, le conseil communautaire de Marche et Combraille en Aquitaine, pour élire son nouvel exécutif. La préfète de la Creuse, Anne Frackowiak-Jacobs, a souhaité qu’un scrutin se tienne dans un délai rapide, après que David Grange, maire de Sannat, a été désigné président par intérim, le 20 août dernier.

Un exécutif élu malgré lui

Un nouveau vote a donc eu lieu mercredi. Mais il n’a pas pu estomper le brouillard que traverse l’intercommunalité de l’est de la Creuse depuis que ses huit vice-présidents, puis son président, Gérard Guyonnet, ont démissionné, cet été.

Ce 25 septembre, David Grange a été réélu. Mais bien malgré lui, ce dernier n’ayant pas présenté sa candidature. L’ancien vice-président à l’assainissement a cependant reçu deux voix lors du troisième tour de l’élection. Soit une majorité très relative, mais suffisante pour qu’il soit désigné président, un seul autre suffrage s’étant prononcé pour Philippe Monteil, maire du Chauchet, sur les 55 déposés dans l’urne. Les autres étant des bulletins blancs.

Des réunions pour préparer l'émergence d'une nouvelle présidence 

David Grange qui, s’il ne s’estime pas « légitime » pour présider, ne souhaite pas pour autant se dérober. Il annonce qu’il va démissionner. Mais, souhaite qu’entre-temps, puissent se tenir « des réunions de travail pour discuter de certaines compétences et des orientations que nous souhaitons leur donner. Et qu’au bout de ces réunions puisse se dégager collectivement un exécutif. Nous ne sommes plus sous le coup de devoir faire des élections rapidement. Nous pouvons nous donner trois semaines, un mois, un mois et demi pour cela. »

Fraîchement élu, David Grange a indiqué qu'il démissionnerait.

Non sans mal, l’assemblée a par ailleurs élu deux vice-présidents, selon le même processus laborieux que celui ayant permis de désigner le président. Soit une élection à trois tours, sans candidat, qui s’est achevée à 19 h 45.

La présidente du Conseil départemental, Valérie Simonet, également représentante la commune de Bussière-Nouvelle au sein de la com-com, ainsi qu’Alain Grass, premier adjoint au maire de Saint-Silvain-Bellegarde, ont été élus à l’issue du troisième tour. Et ce, en remportant respectivement 13 et 5 voix. Tous deux ont indiqué vouloir démissionner rapidement de leurs charges de vice-présidents. Valérie Simonet commente :

Dès que la préfète reçoit une démission, elle a un mois pour l’accepter ou non. Ce délai nous laisse le temps de mettre en place les réunions de travail souhaitées par les élus.

Les conseillers communautaires ont voté six fois dans la soirée. Des communes et des agents “oubliés”

Mais ces élus qui ont été dans l’incapacité de s’entendre pour le vote d’un budget en avril (ce qui a conduit à la vague de démissions qui a suivi), pourront-ils promptement désigner un exécutif stable avant les prochaines élections intercommunales de 2026 ?

La question reste posée. D’autant que, comme l’a rappelé mercredi le maire du Chauchet, Philippe Monteil, les problèmes ne datent pas d’hier au sein de la com-com, née de la fusion forcée de trois intercommunalités (Auzances-Bellegarde/Chénérailles/Haut Pays Marchois) en 2017 :

Nous avions trois com-com qui marchaient à peu près correctement. À Chénérailles, on avait une bonne entente, de l’argent, une administratrice, trois techniciens. Notre débroussaillage était fait, ainsi que l’entretien des chemins ou des fossés. Puis l’État a voulu nous marier. Et l’on est depuis oublié. On sert simplement à voter les budgets. 

D’autres se sentent également “oubliés” dans ce contexte : le personnel de l’intercommunalité. Comme en témoigne l’une des agents de Marche et Combraille. « Il est difficile de faire autre chose que la gestion quotidienne, sans budget et sans exécutif. Ce qui génère une perte de sens et d’objectifs dans notre travail », confie-t-elle. Et certains collègues sont en souffrance ».

Texte et photos : François Delotte