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Сентябрь
2024

5 autrices oubliées enfin réhabilitées : le geste féministe de la collection L’Imaginaire/Gallimard

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Andrée Viollis

Une adolescente de 14 ans refuse d’être “une jeune fille”. Reportrice, grande figure du journalisme et écrivaine, militante féministe et antifasciste, Andrée Viollis (1870-1950) publia son premier roman en 1913 : Criquet tire à boulet rouge sur le rôle restreint, voire liberticide, réservé aux femmes au début du XXe siècle. Un texte avant-gardiste qui explose la mythologie mortifère de la féminité et de la jeune fille à travers ce jeune “criquet” qui se vit plutôt garçon et refuse d’être réduit à un genre. Avec les préfaces de Constance Debré et Clémence Allezard.
Criquet, 264 p., 10,50 €.

Marguerite Radclyffe Hall

Encore trop méconnue en France, Marguerite Radclyffe Hall (1880-1943) incarne pourtant le deuxième grand “scandale homosexuel” du milieu littéraire londonien et de l’Angleterre, plus de 30 ans après le procès d’Oscar Wilde. Son Puits de solitude, publié en 1928, met en scène deux femmes et fait l’apologie de l’amour homosexuel. Un geste fort qui choqua une société bien-pensante et hypocrite, au point de faire interdire le texte et brûler les exemplaires imprimés. Il faut absolument (re)découvrir cette autrice aujourd’hui.

Le Puits de solitude, traduction de l’anglais par Léo Lack, 574 p., 16,50 €.

Mireille Best

Paru en 1980, le premier livre de Mireille Best (1943-2005) est un recueil de nouvelles. Annie Ernaux le lit alors et est frappée par l’invention de cette autrice inconnue de ces “nouvelles-conversations”, écrit-elle dans l’une des deux préfaces (l’autre est signée Suzette Robichon) qui accompagnent la réédition salutaire de ce texte aujourd’hui : “Des nouvelles qui toutes, mettent en scène des femmes, qui parlent ensemble et dont les conversations ne portent pas seulement sur les hommes.” Best met aussi en valeur les mots, ordinaires, dits chaque jour, pour mieux révéler la charge émotionnelle, mensongère, violente ou douce qu’ils portent et qu’on ne décèle pas toujours.

Les Mots de hasard, 272 p., 13 €.

Rachilde

Publié en 1884, Monsieur Vénus fait scandale. On notera d’ailleurs une étrange similitude avec le cas de Radclyffe Hall : il semblerait que lorsqu’une écrivaine choque en écrivant contre la norme patriarcale, l’histoire l’oublie vite. Associée aux mouvements décadent et symboliste, Marguerite Eymery, dite Rachilde (1860-1953), renverse les rôles qu’occupent les genres et tout un système de domination masculine. Son héroïne, Raoule de Vénérande, jeune femme noble, vit au masculin, et fera de son amant, un fleuriste, son soumis. Des parties de ce texte ont été longtemps censurées. L’Imaginaire le publie dans sa version originale, accompagnée de deux préfaces signées Martine Reid et Victoire Tuaillon.

Monsieur Vénus, 192 p., 11 €.

Leonora Carrington 

Marion Leatherby, 99 ans, est une excentrique qui tricote avec des poils de chat. Sourde, elle découvre enfin, grâce au cornet acoustique que lui a offert une amie, que sa famille veut se débarrasser d’elle. Une fois placée en maison de retraite, le monde se dérègle, devient surréaliste ou psychédélique… Une farce noire, un roman d’initiation à l’envers, un drôle de “conte” sur les femmes qui dérangent, par la peintre surréaliste britannico-mexicaine Leonora Carrington (1917-2011), trop longtemps injustement oubliée. Avec la préface d’Annie Le Brun et la préface dessinée de Daria Schmitt.

Le Cornet acoustique, traduction de l’anglais par Henri Parisot, 240 p., 12 €.