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Сентябрь
2024

Après les inquiétudes sociales, retour de flammes politiques autour de l'abattoir de Limoges

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C’était un des points chauds politiques des dernières législatives. Mais visiblement, à l’abattoir de Limoges, les braises couvaient toujours sous la cendre d’un mouvement social, éteint dans la précipitation de l’approche des législatives. Après le cri d’alerte des syndicats salariés, en début de semaine, ce sont les trois députés NFP, qui ont réclamé, ce mercredi, dans un communiqué, la tenue d’une « conférence sociale pour envisager l’avenir de l’abattoir », explique l’insoumise Manon Meunier.

« Sur la terre d’élevage qu’est le Limousin, nous ne pouvons envisager la perte du plus grand abattoir public de France », écrivent les trois parlementaires dans un courrier adressé à Guillaume Guérin. « Nous n’acceptons pas cette partie de poker menteur, ajoute la Confédération paysanne, dans un autre communiqué. Nos fermes doivent être protégées et ne peuvent être une variable d’ajustement dans les politiques publiques sans ambition. Les fermes d’élevage du Limousin ont besoin de leur abattoir public. »

« Les promesses n’ont pas été tenues »

Les trois parlementaires et le syndicat agricole disent peu ou prou la même chose que les salariés. « Les promesses de Guillaume Guérin n’ont pas été tenues », insiste la députée. « Je vais faire une entrée en matière un peu brute, rétorque le président de Limoges métropole : si la députée et ses amis ne passaient pas son temps à défendre le véganisme, l’abattoir s’en porterait sans doute mieux. »

« On ne peut pas tout mettre sur la baisse de la consommation, rectifie Manon Meunier. D’autres abattoirs ne sont pas frappés de la même façon. C’est bien qu’il y a un problème. » « L’abattoir de Limoges subit aujourd’hui les conséquences d’une gestion à court-terme et d’un déficit d’investissement, pourtant déjà mis en lumière dans un rapport de la Chambre régionale des comptes, il y a cinq ans », écrivent les députés.

Pour expliquer la situation actuelle, l’élu LR, spécialiste de la ruralité dans son camp, se retranche derrière « une baisse de la consommation de viande », qui impacte le nombre de bêtes et le tonnage amené à l’abattoir. « On atteint un seuil critique de 16.000 tonnes », explique-t-il.

Cela occasionne un trou de 1,4 M€, que Limoges Métropole voulait combler par deux taxes sur l’abattage de trois centimes le kilo chacune. « Selon nos informations, explique la députée, la hausse de janvier a été actée, mais pas le reste n’a pas été appliquée. »

« La facture sera recouvrée »

En réponse, Guillaume Guérin fait acte de « transparence ». Sur la première hausse de trois centimes, « au 31 juillet, toutes les factures ont été honorées, assure-t-il. On a également maintenu la deuxième hausse de 3,5 centimes, qui a été payée à 100 % par deux des trois clients. Le troisième nous doit 83.500 €. La facture est au recouvrement au Trésor public depuis cinq jours et elle sera recouvrée. »

Mais cette situation pose la question du rapport commercial, dans cet oligopsone que constitue le marché de la viande, où le faible nombre de clients leur permet de peser fortement sur les prix pratiqués. « La facilité, ce serait de dire "on augmente les prix", prévient Guillaume Guérin. Un de nos clients a commencé à engager des travaux dans deux de ses abattoirs. Ça laisse planer la possibilité qu’ils partent ou baisse son tonnage. Et si on perd 6.000 tonnes de plus, c’est pas 61 personnes qu’on garde, mais 28. »

« Sous mon mandat, personne ne sera viré »

Actuellement, Guillaume Guérin cherche de nouveaux apporteurs et se veut rassurant auprès des salariés. « Sous mon mandat, personne ne sera viré et mis au chômage, sans solution de requalification. Il y a des départs à la retraite, des ruptures conventionnelles, on réfléchit à réinternaliser certaines fonctions. Il y a actuellement 71 gars et ils seront 62 à la fin de l’année. »

« Les salariés sont inquiets et entendent beaucoup de choses contradictoires, rapporte Manon Meunier. Ils ont le droit de savoir et que ça ne se passe pas un huis clos. » Ce mercredi soir, une mobilisation dans le cadre du Conseil communautaire de ce jeudi, était envisagée. « Je suis prêt à discuter avec tout le monde, conclut Guillaume Guérin, mais il faut aussi savoir de quoi on parle. »

 

Sébastien Dubois