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Сентябрь
2024

"On ne va pas droit dans le mur, on y est déjà" : le cri d’alarme des Ehpad en Haute-Loire

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« On ne va pas droit dans le mur, on y est déjà. » Mardi, 18 fédérations nationales et régionales du secteur des Ehpad ont participé à la journée de mobilisation « Nos vieux méritent mieux ». En Haute-Loire, de nombreux établissements ont ouvert leurs portes pour faire entendre les voix des résidents, aidants, familles et professionnels. Ils réclament notamment une loi Grand âge, « attendue depuis des lustres », et des moyens pour combler les déficits.

Faire plus avec moins

« Il faut resensibiliser la population à la terrible situation des Ehpad en France. Il ne faut surtout pas confondre avec toutes les histoires liées aux scandales récents comme celui d’Orpea. Il faut répondre en urgence aux déficits, nous avons besoin de fonds sans attendre », explique François Vérot, directeur de l’Ehpad des Cèdres à Beaux.

À la Maison Nazareth au Puy, mardi 24 septembre, ils étaient quatre directeurs et directrices de différents établissements rassemblés pour exposer leurs revendications. « Une grande majorité des établissements est en situation déficitaire extrême. La réalité est intenable, on nous demande de faire toujours plus avec de moins en moins de moyens », continue François Vérot.

Ces professionnels dénoncent un système devenu « hypocrite ». « Le modèle de financement est à bout de souffle. Les moyens sont insuffisants pour maintenir la qualité et la sécurité de l’accompagnement des résidents. Et, pendant ce temps, on ne fait que nous rajouter rapports, normes et contrôles… Trop, c’est trop ! »À la tête de plusieurs Ehpad en Haute-Loire, ils partagent les mêmes revendications.Pour le secteur, l’État doit prendre des « dispositions d’urgence » : « C’est comme une course sans fin à la réglementation. On redoute toujours ce qui pourrait nous tomber sur la tête la semaine d’après… Il y a un sentiment de submersion, il faut mettre tout ça sur pause », ajoute Christine Métégnier, directrice adjointe de l’hôpital Sainte-Marie. À la direction d’Ehpad depuis de nombreuses années, ils réclament plus de moyens et moins d’administratif. Un temps qui pourrait être utilisé pour répondre aux besoins des résidents dans leurs établissements respectifs.

« Il y a un décalage dramatique entre la réalité et ce que l’on nous demande en termes d’objectifs et d’impératifs préremplis en amont. Nous sommes arrivés au bout du système », indique Françoise Janisset, directrice du foyer Bon Accueil à Solignac-su-Loire.

« De l’argent et des soignants »

« Certains salariés passent des journées entières à remplir des tableaux avec des chiffres ou des informations dont on ne sait à quoi elles serviront », continue Daniel Bernard, membre du conseil d’administration de l’Ehpad de Coubon. Sur les bords de la Loire, au Puy-en-Velay, à Beaux, Solignac-sur-Loire et partout ailleurs, les Ehpad ont une même revendication : « De l’argent et des soignants. »Opération "Les vieux méritent mieux" à l'Ehpad de Coubon, mardi 24 septembre. « Notre métier est en train de perdre tout son sens. Les personnels soignants connaissaient les nombreuses contraintes quand ils se sont engagés. Mais, aujourd’hui, ils n’y trouvent plus aucun sens. Les plus expérimentés tiennent le choc, mais les nouveaux lâchent rapidement. Avec des effectifs réduits, les soignants n’ont même plus le temps de prendre cinq minutes pour discuter avec un résident, l’organisation de la journée est réglée au millimètre. Avec toutes ces normes et ces contrôles qui pleuvent, c’est l’humain et la spontanéité qui disparaissent, car le temps manque. Et pour régler ça, il faut des moyens et du personnel », répète Isabelle Keyrle, directrice de la Maison Nazareth au Puy.

Déficitaires en 2023, de nombreux Ehpad sont dans le rouge en Haute-Loire comme ailleurs en France. Certains évoquent même un possible dépôt de bilan d’ici 2025. « Il faut remettre le système de financement à plat et flécher un budget Grand âge. Mais pour cela, l’État doit faire preuve de courage politique et assumer ses responsabilités », termine François Vérot, directeur de l’un des 34 Ehpad que compte le département.

Nathan Marliac