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2024

2.436 victimes, 1,4 million d'euros de préjudice... Le scandale meubles-confort.com devant le tribunal de Clermont-Ferrand

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L’offre était alléchante. Deux canapés en cuir pour 750 € eu lieu de 1.250. Loïc (*), un Puydômois de 52 ans, n’a pas hésité. En mars 2011, il a passé commande sur le site de vente en ligne meubles-confort.com, basé à Gerzat. "Il m’avait été conseillé par mon père, raconte le quinquagénaire. Il y avait acheté un meuble qu’il avait reçu par la suite, sans problème."

Loïc, lui, en dépit d’un règlement encaissé, n’a jamais rien reçu. Et il est loin d’être le seul. Au total, 2.436 clients de meubles-confort.com, dans toute la France, qui avaient acheté du mobilier de jardin et autres éléments de salle de bains à des prix défiant toute concurrence, n’ont jamais été livrés. Une arnaque de grande ampleur dont le préjudice s’élève à près de 1,4 million d’euros.

Dès avril 2011, les plaintes avaient afflué à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes du Puy-de-Dôme. Le parquet de Clermont-Ferrand a fini par ouvrir une information judiciaire, en septembre 2012. Il aura fallu attendre onze ans avant de voir cette instruction enfin bouclée et l’affaire renvoyée devant le tribunal. Le procès aura lieu ce jeudi. Une audience spéciale lui sera consacrée, toute la journée. L’ancien gérant de la société gerzatoise, un ressortissant chinois de 41 ans, doit répondre d’escroquerie. Peu de chance de voir celui-ci se présenter à la barre. Depuis qu’il a quitté précipitamment la France pour la Chine, en mars 2011, le chef d’entreprise n’a plus jamais donné de nouvelles. Il fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt européen et international.

Une tromperie organisée

Sa société, créée en 2008, a été placée en liquidation judiciaire en septembre 2011. Seule la secrétaire, unique employée de la société, a permis d’éclairer les enquêteurs de la police judiciaire sur les ressorts de ce vaste piège commercial. Selon le juge d’instruction en charge du dossier et au vu des éléments recueillis par les policiers, il ne fait aucun doute que les substantiels rabais proposés par le site de l’entreprise (jusqu’à - 70 %) avaient pour but d’attirer le chaland, sans intention de le satisfaire. Pas une seule commande, de la part de l’entreprise, n’aurait été passée auprès de potentiels fournisseurs chinois. Les enquêteurs n’ont pas davantage trouvé de traces de marchandise, en attente dans un port, à destination de la société gerzatoise. Enfin, il semblerait que le gérant et son épouse aient organisé leur fuite plusieurs semaines avant les défauts de livraison.

D’après l’instruction, leur seule intention était de réaliser rapidement un maximum de profit avant de disparaître définitivement. Sans se soucier des centaines de victimes qui avaient déboursé chacune en moyenne 500 euros sur leur site (certaines jusqu’à 2.000, voire 3.000 euros). Beaucoup de ces clients malheureux, dont Loïc, s’étaient rendus jusqu’à Gerzat, au printemps 2011, pour vérifier l’existence physique de l’entreprise et tenter d’obtenir des explications. "On avait regardé par les fenêtres, les bureaux étaient vides", se souvient le quinquagénaire. D’autres, durant les longues années qu’a duré l’instruction, sont restés en contact à travers une page Facebook.

Peu d'espoirs d'être indemnisés

Leurs espoirs d’être un jour remboursés se sont envolés depuis longtemps. "Comme je n’avais pas la garantie des achats en ligne, la banque ne m’a rien reversé", souligne Loïc. Côté justice, en matière d’indemnisations, les attentes risquent aussi d’être déçues. "On peut difficilement saisir le service d’aide au recouvrement des victimes d’infractions", précise Me Sandrine Legay, avocate de onze clients. "Pour cela, il faut des documents et notamment une décision définitive. Or, la décision ne sera définitive que lorsqu’elle aura été signifiée au gérant." Lequel, rappelons-le, s’est envolé…

Combien d’acheteurs trompés seront-ils malgré tout présents, jeudi, au procès ? Qu’attendre de celui-ci après tant d’années ? "Que les victimes soient entendues, que l’escroquerie soit reconnue, poursuit Me Legay. C’est un système qu’il est important de dénoncer pour empêcher d’autres arnaques." Depuis sa mésaventure, Loïc, lui, ne commande plus que sur des sites qu’il connaît. Et reconnus.

(*) Prénom modifié

Olivier Choruszko